Mois kréyol, théâtre et musique : les sorties de la semaine (05/10/20)

Du théâtre, le festival du mois kréyol, le concert de Saïna Manotte et l'album d'Edmony Krater : voici les actualités de la semaine

Théâtre

L’impossible procès. De Guy Lafages, adaptation et mise en scène de Luc Saint-Eloy. Avec Pierre Santini, Harry Baltus, Boris Balestre Eric Delor, Théo Dunoyer, Ruddy Sylaire... (théâtre de l’Epée de bois, La Cartoucherie, Paris, du 5 au 28 octobre, du lundi au mercredi, 20h30 et le dimanche à 17h). Les 26 et les 27 mai 1967, en Guadeloupe, une manifestation d’ouvriers est réprimée dans le sang. Des membres du G.O.N.G (Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe) à la tête de la révolte sont traduits en justice. Dépaysé à Paris, le procès se déroulera du lundi 19 février au vendredi 1er mars 1968 devant la Cour de sûreté de l’État. Des 18 prévenus, un seul d’entre eux, déclaré en fuite, sera jugé par contumace. Pourquoi ?

Festivals

Festival Le mois Kréyol #4. Organisé par la Compagnie Difé Kako (du 2 octobre au 28 novembre 2020). Festival itinérant pluridisciplinaire des langues et cultures créoles; à Strasbourg, Bordeaux, Paris et île de France. L’écologie et les luttes sociales comme le mouvement Black Lives Matter sont les axes forts de cette édition, qui consacrera aussi les 25 ans de la Compagnie Difé Kako (en spectacle dès le 2 octobre à l’Espace Boris Vian aux Ulis). Invité d’honneur la Guyane.
A noter d’ores et déjà dans vos agendas, les concerts de l’orchestre Dokonon (dimanche 11 oct. à la maison des jeunes de la Courneuve), de Florence Naprix avec "Dans la peau de Mano" (vendredi 16 oct. à la maison des arts de Créteil), de Tony Chasseur (samedi 17 oct. à la maison des arts De Créteil), de Celt’n Ka (vendredi 23 oct. au théâtre 13 à Paris). Pour la danse, le théâtre, les conférences, se référer au programme complet sur le site.

Musique

Concerts
Saïna Manotte (le 2 octobre, au New Morning, Paris) « C’est beaucoup de joie et un beau challenge, malgré le Covid. » Pour sa première vraie salle parisienne, Saïna Manotte est contente de se confronter pour de vrai à son public. Adepte des réseaux sociaux, on a pu la suivre, à l’envi, pendant le confinement, où elle postait régulièrement des vidéos et assurait des FaceBook Live. Mais vendredi, le contact sera physique.
Avec au programme, son dernier opus Ki moun mo sa (Qui je suis), en forme de profession  de foi. « L’album est à 70% en créole car je veux valoriser ma culture. J’ai fait le choix de rester ce que je suis, malgré la mondialisation » explique la Guyanaise.
Si Saïna revendique un univers musical métissé, la Caraïbe domine avec le tambour, les touches de zouk et de musique afro-latine. Et pour servir sa voix satinée (façonnée par 10 années de pratique de chant lyrique), la jeune femme pourra compter sur sept musiciens. Détentrice d’un master en musicologie, elle aurait pu se destiner à l’enseignement. Mais l’amour de la musique live a été le plus fort. Pour notre plus grand plaisir.
Albums
J’ai traversé la mer d’Edmony Krater (chez Heavenly Sweetness). Edmony Krater appartient à cette génération de la première heure qui, au milieu des années 80, défendait déjà le gwo-ka, ici dans l’Hexagone. Son dernier album "J’ai traversé la mer" sorti en août dernier, se situe dans cette même veine, mais servi par une approche contemporaine de cette musique guadeloupéenne de résistance. D’ailleurs pour l’accompagner, Edmony Krater a sollicité deux générations de tambouyés : l’ainé Roger Raspail et le cadet Sonny Troupé. Si l’on rajoute Jonathan Jurion aux claviers et Julian Babou (le seul qui ne soit pas guadeloupéen, il est réunionnais) à la basse, on mesure l’ambition du projet de Krater : entretenir la flamme de sa culture et de sa langue puisqu’il chante en créole (ça tombe bien en ce début du mois kréyol). Après un silence de plusieurs décennies, en 2015, le Guadeloupéen refait parler de lui. Un collectionneur ressort, sous le label Heavenly Sweetness Ti Jan pou Vélo, un album enregistré en 1988 ! En 2018, il sort An Ka Sonjé avant ce neuf titres qui convoque donc toujours l’esprit du gwo-ka.