Mort de Robert Badinter, qui qualifiait le bagne de Guyane de crime contre l'humanité

Robert Badinter est mort, dans la nuit du 8 au 9 février 2024, à l’âge de 95 ans.
Père de l'abolition de la peine de mort, Robert Badinter est mort dans la nuit du 8 au 9 février 2024, à 95 ans. Dans une interview de 2017, l'ancien garde des Sceaux revenait pour la 1ère sur le bagne en Guyane sous Vichy, qu’il qualifiait de crime contre l’humanité.

Robert Badinter est mort dans la nuit du 8 au 9 février 2024. L’ancien garde des Sceaux, qui avait fait abolir la peine de mort, avait 95 ans. 

Ardent défenseur des droits de l’homme, il avait dénoncé dans une tribune publiée par Le Monde en novembre 2017 la condition des bagnards de Guyane, en particulier sous Vichy. "On connaît l’inhumanité du régime des bagnes français d’Outre-mer. En revanche, on sait peu que, dans cette tragique histoire, la période du gouvernement de Vichy est la plus sinistre : entre 1940 et 1943, les relégués ont subi, en Guyane, une véritable hécatombe", écrivait-il.

Dénonçant "un crime contre l’humanité", évoquant "ces hommes qui ne tiennent plus debout, qui ne peuvent plus se mettre au soleil, qui se traînent à genoux, qui rampent sur le sol parce qu’ils n’ont plus la force de se lever", il était revenu pour la 1ère sur cette histoire.

Retrouvez son interview, par Laurence Théatin : 

©la1ere

"Pires hontes de notre histoire"

"C’est un épisode méconnu, la façon dont a traité les relégués en Guyane et le massacre que l’on a fait de ces hommes au moment de Vichy", précisait Robert Badinter. 

Toute ma vie, j’ai voulu faire comprendre que c’était des hommes que l’on avait condamnés.

Robert Badinter

Rappelant que le taux de mortalité du bagne guyanais avoisinait les 50% entre en 1942 et 1943, contre "2,3, ou 4%" avant-guerre, l’ancien garde des Sceaux voyait dans cette période "l'une des pires hontes de notre histoire pénitentiaire".