Mort de George Floyd : des milliers de personnes à Paris contre le racisme et les violences policières

Parmi les manifestants présents, de nombreux ultramarins venus dénoncer le racisme.
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées au pied du tribunal de Paris ce mardi 2 juin, à l'appel du collectif Vérité pour Adama. Tous venaient manifester contre le racisme et les violences policières, à la suite de la mort de George Floyd aux États-Unis lors d'une interpellation.
L'interdiction de la préfecture n'aura pas fait reculer la motivation des manifestants. Serrées dans le calme au pied du tribunal de justice de Paris dans le 17e arrondissement, 20.000 personnes (selon la préfecture de police) ont répondu à l'appel du collectif "Vérité pour Adama", ce mardi 2 juin. Un collectif formé par les proches d'Adama Traoré, un jeune homme mort en 2016 à Beaumont-sur-Oise lors d'une interpellation par la police.

La mort de George Floyd aux États-Unis le 25 mai dernier a réveillé les blessures des Noirs américains encore meurtris de celles de Trayvon Martin, Michael Brown, ou encore Eric Garner. Tous noirs, tous victimes d'une brutalité policière qui est largement dénoncée. Des blessures qui trouvent un écho dans d'autres sociétés, comme en France, où est régulièrement pointé du doigt par de nombreuses associations et personnalités un racisme systémique. 
 
"Black Lives Matter" ("la vie des Noirs compte") pouvait-on lire sur les pancartes, les banderolles mais aussi les masques anti-Covid des participants à la manifestation.
Des participants à la manifestation du mardi 2 juin à Paris pour dénoncer le racisme.
 

"Je ne me sens pas en sécurité"

"En tant que noire, j'en ai vraiment marre", explique ainsi Erica, Antillaise venue manifester ce mardi. "Je ne me sens pas en sécurité avec la police, même s'il ne faut pas faire de généralité". Devant les images de l'arrestation de George Floyd, la jeune femme de 34 ans confie avoir "pleuré". "Ça m'a vraiment fait mal au coeur. Je n'avais jamais vu des images aussi choquantes de ma vie."

En tant que noire, j'ai affaire au racisme malheureusement. Que ce soit au niveau du travail, dans les magasins. Quand je vais dans des quartiers huppés, malheureusement, ça m'est déjà arrivé. Tu vois bien que tu es différente. 

 
Erica, antillaise de 34 ans, venue participer au rassemblement à Paris contre le racisme et les violences policières.
 

Témoignage Erica

 

Sept contrôles en une semaine

Kédar, lui aussi Martiniquais et Guadeloupéen, a ressenti le même sentiment de trop-plein devant les images de l'arrestation de George Floyd : "J'étais plus qu'en colère, j'étais excédé de voir encore des images de policiers en train de brutaliser des gens de ma communauté", explique-t-il tandis que la foule scande "pas de justice, pas de paix". 

Le jeune homme de 23 ans à l'allure sage, t-shirt gris et masque confectionné à la main sur le visage, raconte avoir déjà connu "des violences policières". "J'ai déjà été contrôlé sept fois dans une même semaine par les policiers", témoigne-t-il. Un souvenir amer qui s'ajoute à son sentiment d'être "un citoyen de seconde zone", en particulier en tant qu'ultramarin. 
 

Témoignage Kédar

 
Guillaume, 25 ans (à gauche) et Kédar, 23 ans (à droite), présents le mardi 2 juin à la manifestation devant le tribunal de Paris.
 

Mobilisation de la jeunesse

Aux côtés de Kédar, Guillaume partage ce constat et manifeste "son soutien". Mais tous les deux se disent "très optimistes" face à cette mobilisation de plus en plus massive. "Beaucoup de jeunes se réveillent, notre génération est plus éveillée et se laisse moins faire", relève ainsi Kédar. "On prend cette lueur d'espoir, on la saisit et on s'y accroche", ajoute Guillaume.
Incidents en marge de la manifestation contre les violences policières
Jets de projectiles, tirs de gaz lacrymogènes, incendies, manifestants sur le périphérique.... Des incidents ont éclaté mardi soir en marge de ce vaste rassemblement à Paris pour dénoncer les violences policières. "Quelques incidents en marge de la manifestation interdite pour lesquels les forces de l'ordre sont en train d'intervenir", a twitté peu après 21H00 la préfecture de police qui avait interdit ce rassemblement à l'appel du collectif Adama, auquel ont participé des milliers de personnes autour du palais de justice avant d'être éparpillées.
    
Le rassemblement, qui avait débuté à 19H00 sur le parvis du tribunal dans le nord-est de Paris, a été perturbé par des jets de projectiles et la police a fait usage de gaz lacrymogène. Les manifestants se sont ensuite dispersés dans les rues alentours et sur le boulevard périphérique. Sur l'artère surplombée par les volutes de fumée, des centaines d'entre eux ont bloqué les voitures, les laissant passer au compte-gouttes.   Des affrontements sporadiques ont éclaté sur le périphérique, où des policiers ont reçu des jets de pierre et répliqué en tirant avec les LBD. (AFP)