Entre 2019 et 2023, les violences intra-familiales en Nouvelle-Calédonie ont progressé de 91,1% pour atteindre 3.012 faits enregistrés et un taux de 8,4 faits pour 1.000 habitants, contre 3,1 en France métropolitaine. En 2022, le taux était de 7,1 faits pour 1.000 habitants.
"C'est très préoccupant par rapport au volume des procédures ainsi que par rapport à la gravité des formes de violence", a déploré le procureur de la République de Nouméa, Yves Dupas, lors d'une conférence de presse.
"Un cas récurrent dans nos procédures, ce sont des coups de pied donnés à une compagne enceinte avec des chaussures de sécurité au niveau de l'abdomen", a illustré Yves Dupas.
Louis Le Franc, le haut-commissaire de la République, a souligné que cette évolution, qui se retrouve aussi au niveau des violences sexuelles (+20 % entre 2019 et 2023), s'explique en partie par la "libération de la parole", le travail de terrain des associations combiné à celui des forces de l'ordre.
Un taux d'incarcération élevé
La gravité des violences, ainsi que le nombre de multirécidivistes en matière d'atteintes aux biens et de violences, expliquent un taux d'incarcération particulièrement élevé en Nouvelle-Calédonie, selon M. Dupas. Il est de 265 détenus pour 100.000 habitants, soit le double de celui de l'Hexagone. Yves Dupas a précisé que des leviers doivent être actionnés pour lutter contre la délinquance, notamment la prise en charge des mineurs suivis par la justice, qualifiée de "particulièrement pauvre".
La lutte contre les addictions doit aussi être développée, a-t-il ajouté, alors que l'alcool est un "paramètre transversal" qui concerne plus de 80% des gardés à vue, toutes formes de délinquances confondues. "Le territoire n'a pas développé de plan suffisamment puissant pour faire reculer ces addictions à l'alcool", a-t-il dit. Les atteintes aux biens reculent en revanche de près de 19%, le taux pour 1.000 habitants pour ce type de faits étant désormais proche de celui de la France métropolitaine.