Le Président de la République se rendra en Nouvelle-Calédonie la semaine prochaine. Cette visite sera marquée par de nombreux anniversaires d'événements historiques majeurs sur le Caillou.
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Le voyage d'Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, à six mois du référendum sur l'indépendance, coïncide avec l'anniversaire d'événements majeurs de l'histoire contemporaine de l'île et pourrait permettre de délier symboliquement le contentieux entre la France et le peuple kanak.
Mémoire et symboles : tels semblent être les marqueurs du déplacement du président de la République sur ce territoire dont la France espère réussir la décolonisation pacifique, grâce à un accompagnement en marche depuis 30 ans.
Lors de son séjour, il évoquera les jalons de l'original processus qui, après une quasi guerre civile entre loyalistes et indépendantistes dans les années 1980 (plus de 70 morts), a permis un retour à la paix, dont les observateurs craignent une fragilisation à l'occasion du référendum.
Cette tragédie a eu l'effet d'un électrochoc parmi les acteurs calédoniens, qui décidèrent d'enterrer la hache de guerre. Et le 26 juin 1988, sous l'égide de Michel Rocard, alors Premier ministre, les deux "frères ennemis" Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur signaient les accords de Matignon.
A Ouvéa, cette paix avait été ressentie comme une trahison après le "massacre de la grotte". Le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou et son lieutenant Yeiwéné Yeiwéné y étaient assassinés par un séparatiste radical.
Malgré ce drame, la concorde n'a pas vacillé et a même franchi une seconde étape le 5 mai 1998 avec la signature de l'accord de Nouméa entre l'Etat, le chef du gouvernement (Lionel Jospin), la droite loyaliste et les indépendantistes du FLNKS.
Constitutionnalisé, approuvé à plus de 72 % par les Calédoniens lors d'un référendum en novembre 1998, ce texte, juridiquement transgressif, a créé une citoyenneté calédonienne, restreint le corps électoral, instauré une souveraineté partagée entre la France et la Nouvelle-Calédonie et autorisé les élus locaux à voter des lois de pays, qui ne peuvent être contestées que devant le Conseil constitutionnel.
Au Centre culturel Tjibaou, dernier des grands travaux de François Mitterrand inauguré le 4 mai 1998, il remettra en effet au gouvernement calédonien l'acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie, le 24 septembre 1853, signé par le contre-amiral Fébvrier-Despointes au nom de Napoléon III.
"Juridiquement, cette prise de possession est complètement tombée en désuétude et la présence de la France a une base constitutionnelle. Mais, symboliquement, cela a un sens. Les relations avec la France devront être refondées sur un accord", explique un fin connaisseur du dossier.
Le préambule de l'accord de Nouméa contient en effet plusieurs phrases qui donnent une assise à ce geste."Il convient de restituer au peuple kanak son identité confisquée, ce qui équivaut pour lui à une reconnaissance de sa souveraineté, préalable à la fondation d'une nouvelle souveraineté, partagée dans un destin commun", peut-on lire.
Le préambule affirme également que "les traités passés au cours de l'année 1854 et les années suivantes avec les autorités coutumières ne constituent pas des accords équilibrés mais, de fait, des actes unilatéraux".
Samedi, M. Macron prononcera par ailleurs un grand discours sur le passé et l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa dans le quartier de Nouville, haut lieu du bagne jusqu'en 1913. Selon des sources locales, il devrait rendre hommage aux bagnards et aux pionniers, que l'on nomme sur le Caillou "les victimes de l'histoire" et qui ont jadis, dans des conditions souvent éprouvantes, contribué à la construction du territoire.
Mémoire et symboles : tels semblent être les marqueurs du déplacement du président de la République sur ce territoire dont la France espère réussir la décolonisation pacifique, grâce à un accompagnement en marche depuis 30 ans.
Lors de son séjour, il évoquera les jalons de l'original processus qui, après une quasi guerre civile entre loyalistes et indépendantistes dans les années 1980 (plus de 70 morts), a permis un retour à la paix, dont les observateurs craignent une fragilisation à l'occasion du référendum.
Dates historiques en mai
Les premiers jours de mai sont un concentré de dates historiques. En dépit de l'opposition des habitants de Gossanah, M. Macron se rendra à Ouvéa où se joua entre le 22 avril et le 5 mai 1988, l'épisode le plus sanglant des violences (au total six militaires et 19 Kanaks tués).Cette tragédie a eu l'effet d'un électrochoc parmi les acteurs calédoniens, qui décidèrent d'enterrer la hache de guerre. Et le 26 juin 1988, sous l'égide de Michel Rocard, alors Premier ministre, les deux "frères ennemis" Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur signaient les accords de Matignon.
A Ouvéa, cette paix avait été ressentie comme une trahison après le "massacre de la grotte". Le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou et son lieutenant Yeiwéné Yeiwéné y étaient assassinés par un séparatiste radical.
Malgré ce drame, la concorde n'a pas vacillé et a même franchi une seconde étape le 5 mai 1998 avec la signature de l'accord de Nouméa entre l'Etat, le chef du gouvernement (Lionel Jospin), la droite loyaliste et les indépendantistes du FLNKS.
Constitutionnalisé, approuvé à plus de 72 % par les Calédoniens lors d'un référendum en novembre 1998, ce texte, juridiquement transgressif, a créé une citoyenneté calédonienne, restreint le corps électoral, instauré une souveraineté partagée entre la France et la Nouvelle-Calédonie et autorisé les élus locaux à voter des lois de pays, qui ne peuvent être contestées que devant le Conseil constitutionnel.
Remise de l'acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie
C'est dans l'emblématique préambule de l'accord de Nouméa que l'on trouve la source de l'acte symbolique, censé rompre le lien univoque entre la France et la Nouvelle-Calédonie, qu'effectuera M. Macron lors de son séjour.Au Centre culturel Tjibaou, dernier des grands travaux de François Mitterrand inauguré le 4 mai 1998, il remettra en effet au gouvernement calédonien l'acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie, le 24 septembre 1853, signé par le contre-amiral Fébvrier-Despointes au nom de Napoléon III.
"Juridiquement, cette prise de possession est complètement tombée en désuétude et la présence de la France a une base constitutionnelle. Mais, symboliquement, cela a un sens. Les relations avec la France devront être refondées sur un accord", explique un fin connaisseur du dossier.
Le préambule de l'accord de Nouméa contient en effet plusieurs phrases qui donnent une assise à ce geste."Il convient de restituer au peuple kanak son identité confisquée, ce qui équivaut pour lui à une reconnaissance de sa souveraineté, préalable à la fondation d'une nouvelle souveraineté, partagée dans un destin commun", peut-on lire.
Le préambule affirme également que "les traités passés au cours de l'année 1854 et les années suivantes avec les autorités coutumières ne constituent pas des accords équilibrés mais, de fait, des actes unilatéraux".
"Nouveau départ"
Le porte-parole du FLNKS a récemment réclamé que "l'Etat marque symboliquement et concrètement son désengagement de ce passé colonial encombrant", tandis que le Sénat coutumier kanak a souhaité "un nouveau départ".Samedi, M. Macron prononcera par ailleurs un grand discours sur le passé et l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, à Nouméa dans le quartier de Nouville, haut lieu du bagne jusqu'en 1913. Selon des sources locales, il devrait rendre hommage aux bagnards et aux pionniers, que l'on nomme sur le Caillou "les victimes de l'histoire" et qui ont jadis, dans des conditions souvent éprouvantes, contribué à la construction du territoire.