Abattages de requins dans les aires protégées : l'arrêté accordé à la mairie de Nouméa suspendu par la justice

Campagne d'abattage de squales à Nouméa.
L'arrêté qui autorisait la mairie de Nouméa à pêcher des requins dans les aires de gestion durable de l’îlot Maître, de l’îlot Canard et de la pointe du Kuendu est suspendu. Décision prise par le juge administratif, ce jeudi. Il condamne également la province Sud à verser 150 000 francs à Ensemble pour la planète, à l'origine de la requête.

Une femme de 49 ans gravement blessée, le 29 janvier. Un touriste australien de 59 ans tué, le 19 février. Ces deux attaques survenues près de la plage du château Royal, à Nouméa, ont marqué les esprits. Aussitôt après, la mairie a décidé d'ouvrir des campagnes d'abattage de bouledogue et de tigre, deux espèces de requin qui ne sont plus protégées par la province Sud. Suscitant le débat. 

En avril, la mairie de Nouméa annonçait neuf campagnes jusqu'à la fin de l'année. Des campagnes dont le périmètre a pu être élargi grâce à un arrêté de la province Sud autorisant la pêche dans les aires de gestion durable des ressources de l’îlot Maître, de l’îlot Canard et de la pointe du Kuendu. 

La condition d'urgence est remplie, eu égard aux conséquences irréversibles des campagnes de prélèvement sur l’environnement et sur la population des dites espèces de requins.

Décision du tribunal administratif

Cet arrêté, l'association Ensemble pour la planète en a demandé la suspension fin août au tribunal administratif. La décision est tombée ce jeudi 14 septembre, en faveur de l'association de protection de l'environnement. 

La sécurité publique avancée par la province Sud

Dans ses arguments, la province Sud avance "la nécessité, eu égard à la sécurité publique, de réduire le nombre des requins, en l’absence de solution scientifique certaine". Elle estimait également que la condition d’urgence n’était pas remplie pour saisir le juge des référés. Et que l'arrêté ne portait pas  atteinte à un intérêt public ou à ceux de l’association.  

Pour le tribunal administratif, il y a bien urgence, "eu égard aux conséquences irréversibles des campagnes de prélévement sur l’environnement et sur la population des dites espèces de requins". 

Absence d'études

Dans sa requête, EPLP soulignait de son côté l'absence d'études scientifiques précises pour quantifier les populations de requins tigres et bouledogues. Ainsi que l'absence d'étude d’impact des prélèvements, "en violation du code de l’environnement". Donc une décision "entâchée d’une erreur d’appréciation".

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L'association mettait également en avant le caractère "non discriminant" de ces campagnes de pêche. Des requins gris à haute nageoire, citron, nourrice et même marteau ont ainsi été attrapés puis relâchés sans que l'on connaisse leurs chances de survie. Entre mai, juin et juillet, le ville de Nouméa a recensé 98 "pêches accessoires" pour 42 tigres et bouledogues officiellement tués.

"Il existe un doute sérieux sur la légalité de l’arrêté pris par la présidente de la province Sud."

Décision du tribunal administratif

Pour le juge des référés, ces deux arguments "sont de nature à faire naître un doute sérieux sur la légalité de l’arrêté de la présidente de la province Sud". Ils ont contribué à la décision de suspendre l'arrêté. La province Sud est également condamnée à verser 150 000 francs à EPLP, qui demandait 300 000 francs. 

Quid désormais de la prochaine campagne d'abattage, programmée à partir du 18 septembre.