Le haut-commissariat insiste sur l'ampleur, et l'agilité, du soutien financier apporté à une Nouvelle-Calédonie meurtrie par les violences et les phénomènes qui en ont découlé. Un bilan a été dressé lors d'une conférence de presse donnée ce mercredi, à Nouméa, et suivie par la diffusion d'un dossier détaillé. Le montant des aides est estimé à cinquante milliards de francs CFP pour la période allant jusqu'à fin octobre. "Hors soutien à l’industrie du nickel et hors dépenses opérationnelles", comme les forces de l'ordre déployées en renfort.
Voyez les différents messages distillés à cette occasion. Une synthèse d'Yvan Avril et Christian Favennec :
Une aide qui connaîtra de "nouveaux prolongements"
"Cette aide s'est échelonnée en plusieurs phases", détaille Stanislas Alfonsi, le secrétaire général du haussariat. "La première était une phase d'urgence. L’État prend le parti de prolonger les aides apportées au territoire et cette prorogation trouvera de nouveaux renouvellements", indique-t-il. "Nous sommes arrivés dans une phase où il y a une consolidation des services publics, une consolidation de la situation du territoire. Il est convalescent, il est encore en difficulté. Il faut continuer à l'aider. Et puis, il faut réfléchir à l'après."
L'après passera par un soutien qui ne se démentira pas. Cette solidarité ne sera pas apportée à fonds perdus, bien entendu. Nous voulons nous saisir de cette circonstance pour en faire une opportunité d'accompagner le territoire sur le chemin des réformes dont il a besoin.
Stanislas Alfonsi, secrétaire général du haut-commissariat
Autre élément d'interview par Yvan Avril et Christian Favennec :
L'annonce de 5,8 milliards avancés à la Nouvelle-Calédonie
Dans le détail, Paris a fait savoir début septembre qu'il verserait dans le mois 5,8 milliards de francs CFP à la Nouvelle-Calédonie. Sous forme d'avances remboursables, et "si les conditions fixées par l’État sont respectées". On en revient aux réformes qui sont demandées, pour "améliorer le modèle économique et social calédonien" mais aussi "résorber des déséquilibres économiques et financiers" qui datent d'avant les émeutes.
Ces aides seront destinées à :
- nourrir le Ruamm, le Régime unifié d'assurance maladie et maternité (pour cinq milliards) ;
- financer Énercal afin d'échapper à sa cessation de paiements "et donc éviter des coupures de courant" (pour 600 millions) ;
- payer des prestations chômage de droit commun (pour 200 millions).
Niveau accompagnement des services publics, il est aussi question, d'ici la fin de l'année, d'"un soutien direct aux investissements des provinces, conditionné à des réformes de gestion".
7,3 milliards évoqués pour deux mois de chômage partiel
On continue la valse des sommes énormes. L'État envisage, toujours si ses conditions "sont respectées", dit le dossier de presse, de cofinancer le dispositif de chômage partiel lié aux émeutes pour les mois de septembre et d'octobre. Il le ferait à travers :
- des subventions à hauteur d'environ 2,75 milliards de francs CFP ;
- et des avances remboursables à hauteur d'environ 4,5 milliards.
Soit un total de 7,3 milliards, annoncé là aussi début septembre.
Déjà plus de 12 milliards pour le chômage partiel
Pour alimenter le chômage partiel jusqu'en août, à parité avec le gouvernement local, l’État avait déjà versé :
- une subvention de 6,1 milliards début juillet ;
- et une avance remboursable d'un même montant, fin juillet.
Une subvention spécifique a aussi été apportée pour cofinancer le dispositif de soutien de la province Sud : 500 millions de francs au titre du mois de mai, au profit de 795 bénéficiaires.
12 autres milliards avancés pour la trésorerie de la Nouvelle-Calédonie
Il y a aussi eu cette avance remboursable de douze milliards, octroyée au gouvernement calédonien pour faire face à ce que l’État appelle "une impasse de trésorerie majeure". L'enveloppe était destinée :
- au chômage partiel ;
- à alléger le poids pesant sur les provinces et les communes ;
- à réduire la dette de la Nouvelle-Calédonie envers la société Enercal ;
- à soutenir la Caisse locale de retraites.
6 milliards prêtés par la Banque des territoires
Fin juillet, la Banque des territoires, établissement public, a par ailleurs accordé au gouvernement Mapou un prêt de six milliards de francs. Le but : financer les premières reconstructions et réparations des biens de la collectivité.
Au moins 3,4 milliards via le fonds de solidarité
Concernant ce qui se voulait une réponse aux besoins immédiats des entreprises, zoom sur le fonds de solidarité. Au 13 septembre, 11 299 dossiers ont été validés et payés, selon les services de l’État. Soit 82 % des demandes déposées pour ce dispositif, qui s'adressait aux "très petites entreprises" ou aux "petites et moyennes entreprises" ayant subi une forte perte de chiffre d’affaires. Cela représente environ 3,43 milliards de francs CFP. Paris a annoncé que ce FSE sera prolongé pour les pertes enregistrées en août, avec un seuil de déclenchement abaissé à une perte de 30 % du chiffre d’affaires.
121 millions d'aide "au cas par cas"
C'est le nom donné à un dispositif instauré pour des entreprises en situation de fragilité, dont les coûts fixes sont supérieurs au plafond pris en charge par le fonds de solidarité. Au 4 septembre, 117 dossiers ont été réceptionnés, dont 56 ont reçu un avis favorable, dit l’État. Il annonce que 121,3 millions de francs CFP vont être attribués dans ce cadre. Le support prend la forme d'une aide supplémentaire dont les entreprises concernées peuvent bénéficier sous forme de prêt ou de subvention.
200 millions pour les navettes et les barges du Mont-Dore
Autre exemple, depuis plus de quatre mois : le Sud de la Grande terre doit être desservi par la mer, à travers des navettes pour les passagers et des barges pour les marchandises. La seule route, trop dangereuse sur le tronçon de Saint-Louis, est fermée par la gendarmerie. L’État a annoncé qu'il remboursera les dépenses occasionnées à la province Sud et la mairie du Mont-Dore (il évoque 200 millions de francs) et qu'il "accompagnera le déploiement de moyens supplémentaires".