Identité, communautarisme, perspectives d'avenir, unité loyaliste : ce qu'on peut retenir de l'entretien du député Nicolas Metzdorf

Nicolas Metzdorf député de la seconde circonscription calédonienne.
Trois mois après les élections qui l'ont vu devenir député de la seconde circonscription, quelques jours après le passage en Nouvelle-Calédonie du ministre délégué aux Outre-mer, et au terme d'une semaine animée sur le plan politique, Nicolas Metzdorf était l'invité du dimanche sur NC la 1ère. Avec un discours plutôt optimiste.

Il s'est montré confiant, dans le studio du journal télévisé. Sur la participation des politiques locaux à des discussions parisiennes, sur l'entente au sein du camp loyaliste, sur la fin du corps électoral gelé aux provinciales... Voici ce qu'on peut retenir de l'entretien avec Nicolas Metzdorf, ce dimanche.

Le festival Caledonia, une démarche saluée

En ce week-end marqué par le 24-Septembre, la Fête de la citoyenneté et le festival Caledonia, le député de la seconde circonscription a salué l’événement organisé pour la première fois, au centre Tjibaou. "Je tiens vraiment à féliciter Louis Mapou pour cette initiative ainsi que Mickaël Forrest", a-t-il déclaré en estimant : " C’est justement la lutte contre le communautarisme dans lequel on s’est enfermés ces dernières années."

Que le  président indépendantiste, kanak a fortiori, parle de Caledonia, de mettre en avant une culture calédonienne, une identité commune... Je crois que le chemin parcouru est énorme. 

Nicolas Metzdorf, député de la seconde circonscription

"On est tous des Calédoniens"

Le leader de Générations NC y voit un symbole. "Ça nous rappelle que, quelles que soient nos dissensions politiques, qu’on soit de droite ou de gauche, qu’on soit indépendantiste ou pas, on est tous des Calédoniens. Le mot Calédoniens doit être ce mot qui rassemble tout le monde. Ce n’est pas la dilution des cultures, ce n’est pas la dilution des communautés." Et de pointer à nouveau ce que l'élu taxe de "communautarisme", en prenant pour exemple le vif échange de communiqués, la semaine dernière, entre le Parti travailliste et l'Eveil océanien.

"Voilà où ça mène quand on se renferme sur soi, quand on se renferme sur son ethnie. On crée de l’incompréhension, on crée de la haine." L'ex-maire de La Foa se dit toutefois convaincu que la fameuse communauté de destin existe. "Bien sûr ! J’étais à la foire de Koumac. Ce n’est pas une foire de Blancs, de Kanak, d’Indonésiens, d’Asiatiques, de Wallisiens ou de Futuniens. (…) Toutes les communautés se côtoyaient, avec les courses de stock, le rodéo (…) La Calédonie de tous les jours est différente des discours que l’on entend des politiciens."

"Toujours dans une logique de se retrouver à Paris"

Politiciens qui représenteront la population dans les négociations attendues sur l'avenir institutionnel. L’espoir d’une discussion au comité des partenaires a-t-elle du plomb dans l’aile ? "Non, je crois qu’on est toujours dans une logique de se retrouver à Paris dans un avenir assez proche", assure-t-il. La question, c’est : comment, sous quel format, pour discuter de quoi techniquement et précisément ?" 

Chez les loyalistes ? "Tout va bien "

Concernant le camp non indépendantiste auquel il appartient, le discours se veut rassurant : "Du côté loyaliste, tout va bien, puisque l’unité est là. Bien sûr, chacun tient ses conférences de presse et apporte sa vision, ses nuances et ses propositions. Mais les relations sont bonnes entre le groupe, on va dire, majoritaire Les Loyalistes, le Rassemblement de Thierry Santa et Virginie Ruffenach, Calédonie ensemble avec Philippe Dunoyer, avec qui je travaille très bien à l’Assemblée nationale…"

Fin août pourtant, le soutien des conseillers Rassemblement au budget supplémentaire de la Nouvelle-Calédonie était présenté comme une soumission aux indépendantistes... "Il faut bien différencier les sujets", rétorque l'élu du groupe Loyalistes au Congrès. "Lorsque le Rassemblement vote le budget avec les indépendantistes, on se doit, je pense, de le dénoncer. Mais sur l’avenir institutionnel, c’est vraiment l’avenir dans la France pour tous les Calédoniens et là, on doit mettre de côté nos différences locales pour se projeter au niveau national. Oui, on discute avec le Rassemblement, bien sûr." 

Du côté loyaliste, on est prêts, sur nos fondamentaux : le dégel du corps électoral, le tous pareils, le vivre ensemble, le fait d’avoir une Calédonie qui a un avenir définitif, qu’on ne reconnaisse plus de référendum automatique (…) On est prêts à aller à Paris dès que l’Etat lancera l’invitation. 

Nicolas Metzdorf

"Le futur statut doit être définitif"

"Il faut solder l’Accord [de Nouméa] et il ne faut pas reconduire un accord de même type, défend le député. On ne doit pas recommencer à prévoir des référendums d’ici vingt ou trente ans de manière automatique. On doit être unanimes, quels que soient les mouvements politiques, sur le fait que le futur statut doit être définitif. On trouve les équilibres entre nous et la Calédonie a besoin de respirer, (…) de passer à autre chose." Il soulève aussi une question "que nous, les loyalistes, nous posons" : 'Que veut la France de la Nouvelle-Calédonie ?' La Calédonie a choisi d’être Française. Donc il faut que l’Etat sorte de son rôle d’arbitre entre nous et reprenne une politique nationale d’envergure, avec le changement climatique, avec peut-être une base militaire pour gérer la géopolitique dans la région…"

On a besoin de sortir des quarante ans qu’on vient de vivre. (…) On ne peut pas continuer à poser régulièrement la question de comment on s’organise institutionnellement.

Nicolas Metzdorf

Quelles seraient ses concessions pour une Calédonie en paix, questionne un internaute ? "Je crois que les loyalistes ont fait énormément de concessions (…) Nous, on va à la table des discussions non pas forcément pour faire des concessions mais pour convaincre que nous devons passer à autre chose au sein de la République française." Et si ça ne marche pas ? "Ça va marcher ! »

"Qu'on arrête d'être une exception"

Comment comprend-il les récents propos du sénateur Pierre Frogier, appelant à "donner du sens à cette exception calédonienne" ? "Je crois que ce que veut dire M. Frogier, c’est qu’il faut qu’on arrive à se sortir [de] l’ornière dans laquelle on se met régulièrement, en se confrontant les uns aux autres. Après, ce que je souhaite, c’est qu’on arrête d’être une exception. Ce serait bien qu’on retrouve un peu de normalité dans notre pays."

"Le corps électoral doit être ouvert"

Et que feront les loyalistes, interroge un autre internaute, si l’Etat ne transige pas en leur faveur concernant la modification du corps électoral pour les provinciales de 2024 ? "L’Etat n’a pas à transiger en notre faveur, le corps électoral doit être ouvert, tranche Nicolas Metzdorf. Ce n’est même pas une question, c’est la Cour européenne des droits de l’Homme qui l’a confirmé. Les provinciales 2024, pour les loyalistes, elles se tiendront quoi qu’il arrive avec un corps électoral ouvert."

On était dans une forme de démocratie bafouée, où on écartait du droit de vote des Calédoniens qui s’étaient investis avec leur famille. On doit revoir ça. C’est un engagement des non indépendantistes fort. C’est aussi, je pense, la position de l’Etat.

Nicolas Metzdorf

Réflexion sur le service militaire

Après un séjour sur le Caillou, l'invité du JT rentre à Paris. Notamment "pour deux choses : demander à l’Etat de fixer clairement le calendrier, les dates et les formats des réunions sur l’avenir institutionnel. C’est important qu’[il] prenne la main et convoque les différentes composantes de la vie politique calédonienne. Et puis je vais travailler également sur le service militaire obligatoire, poursuit-il. Je dois voir (…) la secrétaire d’Etat [chargée du] service national universel, avec qui nous avons beaucoup échangé, qui souhaite venir d’ici la fin de l’année parce qu’elle a eu l’approbation du président pour travailler sur quelque chose en Nouvelle-Calédonie."

Son entretien complet avec Thérèse Waïa : 

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