Le membre du groupe Union nationale pour l'indépendance (Uni) est revenu avec Nadine Goapana sur les sujets qui font l'actualité politique, à deux semaines de la troisième consultation référendaire sur la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie.
La volonté d'une indépendance "en partenariat avec la France"
Interrogé sur la relation à redéfinir avec le gouvernement central, au lendemain de la consultation du 12 décembre, Jean Creugnet estime que "le document du Oui et du Non traite d'une indépendance en rupture avec la France alors que le groupe Uni, depuis 2018, a déjà déposé un document auprès de l'Etat, qui précise ses propositions pour élaborer une indépendance en partenariat avec la France".
"Ce document, et nous l'avons déjà dit, est à charge contre le Oui et ne développe pas la possibilité qui a été exprimée par les experts français Mélin-Soucramanien et Courtial d'établir, en cas de Oui, une indépendance en partenariat", poursuit-il.
Le maintien d'un corps électoral provincial restreint
Revenant sur l'ouverture du corps électoral provincial, mentionné dans le document de l'Etat sur les conséquences du Oui et du Non, le troisième vice-président du Congrès rappelle l'opposition de son groupe à cette mesure. "Pour nous, Uni, le socle minimum, c'est de rester sur le corps électoral tel qu'il est défini dans l'Accord de Nouméa".
Non-participation à la campagne officielle
Jean Creugnet confirme que l'appel des partis indépendantistes à la non-participation ne fera pas l'objet de clips, dans le cadre de la campagne officielle du référendum qui a débuté lundi 29 novembre. "Les trois groupes habilités à faire campagne ont indiqué au haut-commissaire qu'ils ne déposeraient pas les documents de propagande que sont les circulaires et les professions de foi. Nous avons clairement indiqué que nous ne participerions pas à cette campagne", détaille-t-il.
Et d'ajouter : "Nous avons également décidé de ne pas répondre à la proposition du CSA de faire des clips pour expliquer notre non-participation. Nous avons donc décidé de ne pas participer à la campagne officielle audiovisuelle et nous ne participerons pas non plus aux débats qui pourraient être organisés sur votre antenne".
La stratégie de non-participation
La non-participation, cela veut dire que l'on demande aux gens, tout simplement, de ne pas aller voter. Nous recherchons un taux d'abstention maximum.
"Nous avons pour cela organisé des réunions de travail avec nos différents responsables des différentes structures des partis politiques. Ce sera à eux que nous confierons la responsabilité de s'organiser pour pouvoir expliquer, sur le terrain, donner les consignes pour le jour du vote, mais également les consignes pour que la consultation se passe dans les meilleures conditions", explique Jean Creugnet.
Le bon déroulement du scrutin
L'élu de l'Uni se montre rassurant quant à la bonne tenue du vote, le 12 décembre. "Nous n'avons pas l'intention de mettre en œuvre des actions qui viendraient bloquer ceux qui veulent aller voter. Nous sommes pour la démocratie et il faut qu'elle s'exprime. Nous voulons néanmoins que les gens, ce jour-là n'aillent pas voter si la consultation est maintenue", intervient Jean Creugnet. "Nous avons demandé aux maires indépendantistes de continuer à assurer leur responsabilité et à faire en sorte que les bureaux de vote soient bien ouverts le jour du scrutin, s'il est maintenu", précise-t-il.
L'espoir d'un report du référendum
Alors qu'une soixantaine de scientifiques ont demandé le report du référendum, via une tribune parue dans Le Monde, jeudi 25 novembre, dix députés européens ont fait de même, par courrier au président de la République. Jean Creugnet développe la position indépendantiste : "Le gouvernement Macron a toujours la possibilité de reporter cette consultation. Nous pensons que l'ensemble des différents soutiens, qui, depuis quelques semaines, vont dans notre sens consistent à dire que si la date est maintenue, le contrat moral de confiance va être rompu et que cela n'est pas de nature à assurer une bonne discussion sereine et un avenir économique et politique stable pour la Nouvelle-Calédonie".
Cette analyse a notamment été livrée à Sébastien Lerconu, ministre des Outre-mer, lors de sa récente visite. "La situation ainsi créée ne permettra pas à la Nouvelle-Calédonie d'avoir un développement économique stable et n'amènera pas non plus les conditions nécessaires à ce que les politiques puissent discuter, en sérénité, pour aborder l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie", insiste le membre de l'Uni. "Nous allons devoir faire l'analyse des différents jugements qui seront rendus sur les différents recours que nous allons mettre en place si la consultation est maintenue".
Les propositions d'aménagements du scrutin
"Dès fin septembre, il nous est rapidement apparu que cela n'allait pas être possible de faire campagne dans de telles conditions et c'est pourquoi nous avons demandé le report de la consultation. Nous avons expliqué nos arguments au ministre, lorsqu'il est venu", révèle Jean Creugnet. "Nous lui avons proposé, dans ce laps de temps, de réfléchir à une nouvelle organisation dont nous pourrons organiser le jour du vote, des élargissements d'horaires, de nouvelles modalités sur les procurations", développe le troisième vice-président du Congrès.
Pourquoi ne pas voter sur deux jours, pour prendre en compte que la Covid est là ?
Le calendrier politique
"Nous faisons bien la différence entre le travail institutionnel qui doit être réalisé dans les provinces, les communes, au gouvernement et au Congrès, si la date n'est pas reportée, et ce qu'il pourrait advenir ensuite, en terme de calendrier", nuance Jean Creugnet.
"Je crois qu'il est important que les citoyens fassent attention à ce qui est en train de se passer. Là, la question porte sur l'accession du pays à sa pleine souveraineté. Nous entendons que la population est divisée. Il y en a qui en profitent, qui disent que c'est le moment d'aller voter pour dire que vous n'êtes pas d'accord avec les décisions qui sont prises par les responsables indépendantistes. A ceux-là nous voulons dire 'non'", complète le membre de l'Uni. "Ce n'est pas le moment, ce n'est pas la question qui est posée. Remettre en cause les responsables politiques en place aujourd'hui, cela se fera au moment des provinciales de 2024. Il ne faut pas se tromper de question", contextualise l'élu.
"Nous sommes engagés dans le calendrier qui a été fixé par le président Mapou et qui va nous conduire jusqu'en juin 2024, pour pouvoir mettre en place les différentes réformes et pour donner le temps à la discussion de se faire au niveau des groupes politiques", conclut Jean Creugnet.
Revoir l'entretien de Jean Creugnet avec Nadine Goapana :