Entre 2020 et 2021, la production agricole calédonienne destinée à la commercialisation a baissé de 6,4 %. C’est l’un des chiffres du rapport annuel 2022 que vient de publier l’Institut d’émission d’Outre-mer. Pas une surprise, compte tenu des fortes pluies liées au retour de La Niña, début 2021.
Si la Nouvelle-Calédonie reste dépendante à 80% des importations en matière d'alimentation, bonne nouvelle, tout de même : en dix ans, les productions végétale et animale ont globalement augmenté, améliorant la capacité du territoire à faire face à ses besoins.
Le document confirme pourtant une baisse inquiétante du nombre d’exploitations. Moins 20 % en dix ans. La surface agricole utilisée s’est quant à elle réduite d’un quart, 27 % pour le seul élevage. Le recul est “particulièrement prononcé dans les zones d’implantation des nouvelles usines métallurgiques”. Mais aussi aux îles Loyauté.
L’exode rural est également marqué aux îles Loyauté, avec la disparition d’un quart des exploitations en dix ans.
“Alors que la population agricole vieillit, les biens à la vente sont relativement rares et l’accès au foncier est devenu un frein majeur à la production agricole”, souligne l’IEOM. Écho aux propos tenus par Emmanuel Macron lors de sa venue, fin juillet. Il a notamment promis une réforme de l’Agence de développement rural et d’aménagement foncier pour y faire face.
La récolte de pommes de terre en chute de 89 % entre 2021 et 2022
Le président de la République avait visité une exploitation d’ananas, dont la production est en hausse, note l’IEOM. Celle des pastèques, bananes, oranges et melons, en revanche, a dégringolé. Comme celle des pommes de terre, “filière devenue autosuffisante en quelques années”, avec une production qui a été multipliée par quatre entre 2015 et 2021. Mais la récolte 2022 a été catastrophique (300 tonnes contre 2 264 en 2021) à cause de la météo.
Autres produits pour lesquels la Nouvelle-Calédonie est autosuffisante : les crevettes et le thon frais. Le principal débouché de la pêche hauturière en général est aussi le marché local, qui absorbe 76,6 % de la production. “Les ventes à l’exportation, jugées globalement moins rentables, permettent de valoriser les excédents", précise l’IEOM, qui a noté une augmentation du rendement de la filière en 2022, les bateaux ayant ramené plus de poissons en passant moins de jours en mer.
Inquiétudes autour du BTP
Tous les secteurs d’activité sont scrutés, dans le rapport d’activité de l’IEOM. Et concernant le BTP, la crise structurelle se confirme. Elle se fait sentir depuis 2011, “année du pic de l’emploi (9 259 salariés privés) qui correspond à l’achèvement de la construction des deux usines métallurgiques et d’une phase de construction importante de logements”. Depuis, le nombre de salariés s'est réduit de 34 %. Il a légèrement augmenté entre 2021 et 2022. Mais le secteur a été le plus touché par les défaillances d’entreprises. Une fois de plus.
Le lancement de nouveaux projets (Lucy, destiné à améliorer le traitement des résidus de l’usine de Prony, notamment) et la légère reprise économique n’ont clairement pas suffi à relancer la dynamique.