Philippe Dunoyer : "On est pour l’ouverture du corps électoral à tous les Calédoniens d’adoption"

Philippe Dunoyer, invité du JT du 26 février 2023 ©nouvellecaledonie
Le député de la première circonscription était l’invité du JT de NCla1ère du dimanche 26 février. Il est revenu sur les discussions bilatérales et trilatérales sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, mais aussi sur la réforme du Ruamm et la gestion du risque requin.

Alors que Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer entame en fin de semaine une nouvelle visite en Nouvelle-Calédonie, Philippe Dunoyer faisait le point ce dimanche soir sur les attentes de Calédonie ensemble envers l’État, mais aussi les autres partenaires des discussions. Philippe Dunoyer a également évoqué la mobilisation prévue ce mardi contre la réforme du Ruamm et la crise requin qui secoue la Nouvelle-Calédonie. 

Le congrès du FLNKS

Pour Philippe Dunoyer, le congrès du FLNKS qui s’est tenu ce week-end à Nouméa " marque une étape importante sur le chemin de la reprise du dialogue". 
Après avoir laissé du temps au temps, " on attendait un acte de responsabilité, c’est à dire la désignation d’une délégation habilitée à engager le mouvement, c’est fait, et puis l’acceptation de s’asseoir à la table des discussions avec l’État, c’est fait aussi" explique Philippe Dunoyer.
Reste à acter les thématiques et le calendrier des discussions bilatérales. "C’est important car ces bilatérales ne sont qu’un préalable à l’ouverture des discussions avec les parties". 

Vigilance sur les bilatérales

Calédonie Ensemble compte demander à Gérald Darmanin qui sera en fin de semaine en Calédonie de faire "ce qui est possible avec les indépendantistes pour que ce séjour marque définitivement l’étape de reprise du dialogue. C’est très important, ça fait 18 mois qu’il n’y a aucun dialogue entre nous, ni à trois, ni à deux".
Le parti entend bien veiller à ce que les bilatérales ne "préemptent [pas] le résultat des discussions tripartites que nous devons avoir. Nous ne sommes pas des greffiers, on n’a pas vocation à entériner un accord qui serait passé entre les indépendantistes et l’État, on a vocation à exprimer notre sensibilité, à formuler nos propositions, et on entend bien les déposer à la table des discussions". 

Un corps électoral provincial plus ouvert

Philippe Dunoyer a évoqué la question du corps électoral provincial, " l’un des principaux sujets, très délicat, sur lequel il va falloir qu’on travaille". 
D’où la position de Calédonie Ensemble de participer, contrairement aux groupes les Loyalistes et l’Avenir en confiance, à la révision des listes électorales. 
"En Calédonie, y compris le FLNKS, tout le monde sait que le corps électoral ne peut pas rester gelé. C’est juridiquement impossible et politiquement impensable". 
Calédonie Ensemble qui se positionne pour un corps électoral glissant avec l’ouverture à tous les Calédoniens d’adoption, "des gens qui ont fait de cette terre la leur, qui ont le droit donc de participer à la vie démocratique, des gens qui ont leur résidence principale, qui ont investi, qui ont peut-être trouvé leur conjoint en Calédonie, dont les enfants sont peut-être nés en Calédonie, qui participent à la vie de la société civile… On a beaucoup de critères potentiels. Mais quoi qu’il arrive, le gel du corps électoral décidé en 2007 ne peut plus être maintenu, c’est pas possible".

Un projet bientôt dévoilé

Philippe Dunoyer reconnaît que si le camp non-indépendantiste s’accorde sur le principal, chacun a ses sensibilités et des approches différentes en fonction des sujets. Ainsi, Calédonie Ensemble présentera prochainement son projet pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie "aux Calédoniens, à la presse, à l’État, aux formations non-indépendantistes mais aussi aux formations indépendantistes. Parce que si on veut aboutir à un consensus, il faut le construire avec ceux qui ne partagent pas notre sensibilité".

La réforme du Ruamm

Concernant la réforme du Ruamm contre laquelle une grande mobilisation est prévue ce mardi, Philippe Dunoyer la juge inepte et injuste
"Je suis abasourdi par cette proposition parce qu’est une somme d’injustices et de dangers pour un résultat qui ne sera pas au rendez-vous". Et de rappeler que ce sont les plus petits salaires qui seront touchés et les travailleurs indépendants avec des cotisations qui vont doubler, tripler, voire quadrupler pour certains. Sans compter une probable répercussion sur les prix. 
Calédonie Ensemble a donc des propositions. 
" C’est au gouvernement et au Congrès de reprendre la main. Notre proposition : on met de côté ces textes qui ne peuvent pas passer, qui sont dangereux pour l’économie et pour les petits salaires. Il faut que nous constituions une commission tripartite composée de tous les groupes politiques, au Congrès, au gouvernement, avec les partenaires sociaux et des experts, et que l’on crée une mission d’appui technique adossée à cette commission, avec l’apport de l’IGAS (inspection générale de l’action sociale), parce que je rappelle que l’IGAS en Métropole est venue en 2018 et que toutes ses recommandations ont été validées à l’unanimité. Il disait : pour réformer votre régime, il faut maîtriser vos dépenses, réformer la gouvernance du système de santé, centraliser l’information et modifier vos recettes".

La crise requin 

L’actualité de ces dernières semaines a aussi été marquée par de nouvelles attaques de requins, dont une mortelle. Selon Philippe Dunoyer, il faut que toutes les collectivités mettent leurs moyens ensemble pour gérer le risque requin qui "a atteint une ampleur totalement inédite".
" On a à mon avis trois objectifs à atteindre : mieux connaître le risque requin qui manifestement a évolué en Calédonie, développer des moyens de protection, d’intervention, beaucoup plus importants que ceux qu’aujourd’hui nous mettons à disposition des Calédoniens, et puis informer, prévenir les Calédoniens qui ont un rapport à la mer qui est en train de changer". 

Retrouvez l'intégralité de l'entretien de Philippe Dunoyer dans la vidéo en tête d'article. 

L’invité de la matinale

Invité de la matinale radio, ce lundi 27 février, Philippe Michel, regrette les positions radicales des Loyalistes et de l’Avenir en confiance qui ne "favorisent pas le consensus". Le secrétaire général de Calédonie ensemble estime par ailleurs que les élections provinciales ne pourront pas avoir lieu avec un corps électoral totalement ouvert. Ce corps électoral doit redevenir "glissant".

Retrouvez l'intégralité de l'entretien de Philippe Michel ci-dessous : 

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