Tous les acteurs de la santé ont été réunis dans une même salle du Centre hospitalier territorial (CHT), à Dumbéa. C’est dire l’urgence de la situation en Nouvelle-Calédonie, face à la pénurie de soignants. S’il manque des spécialistes au Médipôle, plusieurs postes de généralistes ne sont pas comblés non plus, dans le privé, avec des répercussions sur l’hôpital public. Le 29 juin, le gouvernement a annoncé la création d'une cellule de crise. Cette dernière s'est réunie pour la première fois, mardi 5 juillet.
"Si, jusqu'à maintenant, l'hôpital public a continué à fonctionner correctement grâce à l'aide des libéraux. La difficulté, c'est que quand les médecins libéraux sont eux-mêmes très ric-rac, qu'il n'y a pas assez de médecins libéraux dans des spécialités, ils ne peuvent plus venir à l'hôpital", explique Bruno Calandreau, président de l’ordre des médecins de Nouvelle-Calédonie. "C'est ce qu'il se passe, par exemple, pour les gastro-entérologues et les cardiologues, qui ont leur limite."
Pas de cardiologue durant la nuit au CHT
Les cardiologues, des pneumologues et des gastro-entérologues manquent et cette pénurie a des conséquences directes pour les malades calédoniens. "La nuit, actuellement, entre 22h30 et 7h30, il n'y a pas de cardiologue disponible sur le CHT. Cela a un impact sur les prises de décisions médicales, évidemment", détaille Mathieu Série, vice-président de la commission médicale d’établissement du Médipôle.
L'autre chose, c'est que le déficit de médecins sur le territoire entraîne une augmentation du nombre des appels au Samu. Il faut dire à la population de n'appeler qu'en cas d'urgence
Mathieu Série, vice-président de la commission médicale d’établissement du Médipôle
Téléconsultations et réserve sanitaire
Même situation dans le Nord, ou plusieurs dispensaires se retrouvent sans médecins. Les patients se dirigent donc vers les hôpitaux, eux-mêmes en sous-effectif. "Nous faisons le maximum, de manière à contenir et à avoir une réponse adaptée à l'ensemble de la population, en fonction des moyens dont nous disposons", commente Marc Weté, directeur adjoint du Centre hospitalier du Nord.
L'idée, c'est d'avoir une action coordonnée en fonction des ressources dont nous disposons, qui ne sont pas extensibles
Marc Weté, directeur adjoint du Centre hospitalier du Nord
Plusieurs pistes de solutions ont été abordées, dont les téléconsultations ou encore le recours à la réserve sanitaire nationale. "A quel niveau, avec les moyens qui nous restent, la population peut-elle être soignée ? Si cela s'avère très insuffisant, nous avons entendu parler de la réserve sanitaire. Je pense que oui, nous pourrions y faire appel", reconnaît Yannick Slamet, membre du gouvernement en charge de la santé. "Mais avant, il faut que nous puissions, au niveau local, nous organiser".
La situation devrait légèrement s’améliorer avec une arrivée de médecins, après les grandes vacances scolaires métropolitaines, dans deux mois.
Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Brigitte Whaap et Christian Favennec :