Crise en Nouvelle-Calédonie : le Pays brûle toujours avec les lieux de culte comme nouvelles cibles

La maison du prêtre a été détruite par un incendie dans la nuit du 19 au 20 juillet 2024 à Thio-Mission.
Les émeutes sont loin d'être terminées en Nouvelle-Calédonie. Depuis le 13 mai dernier, le Pays s'effondre à mesure que les jours passent. Santé, BTP et audiovisuel en crise, urgence alimentaire et économique en perspective... Les car-jackings sont fréquents et les incendies quotidiens. Après les magasins, les pharmacies ou encore les cabinets médicaux, les lieux de culte sont devenues les nouvelles cibles.

La maison d'un prêtre a totalement brûlé, dans la nuit du 19 au 20 juillet, à Thio-Mission. Ces derniers jours, les édifices religieux de l’archipel sont la principale cible d'incendies volontaires.

« Aucun mécontentement ni aucune colère ne sauraient les justifier »

Deux premiers avaient été recensés dans la nuit du 7 au 8 juillet à la maison des Petites filles de Marie et au presbytère de la paroisse Saint-Louis. Cette nuit-là, deux religieuses présentes dans les locaux de la paroisse avaient dû être exfiltrées en urgence par les gendarmes après avoir été menacées par des émeutiers.

Le 16 juillet, c’est l’église historique de Saint-Louis (là où avait déjà brûlé le presbytère une semaine plus tôt) qui disparaissait dans les flammes. Il s’agit d’un édifice emblématique du patrimoine calédonien dans la commune de Mont-Dore, près de Nouméa, rapportait La 1ère.

Dans la nuit du 18 au 19 juillet, l’église Notre-Dame de l’Assomption, au village de Vao sur l’île des Pins, partait en fumée. Elle datait de 1860.

Le président du gouvernement calédonien, l’indépendantiste Louis Mapou, a condamné ces incendies criminels vendredi 19 juillet. « De tels actes, entachés d’irresponsabilité, mettent à mal les principes de fraternité et de partage qui constituent le socle de valeurs sur lequel s’est construite la société calédonienne (...). Aucun mécontentement ni aucune colère ne sauraient les justifier », a-t-il affirmé dans un communiqué.

La répétition de ces actes de vandalisme a poussé Gérald Darmanin à réagir ce samedi 20 juillet. « Par la destruction d’églises et de symboles religieux, la Nouvelle-Calédonie connaît une violence nihiliste assumée que tout le monde doit condamner avec clarté », a écrit le ministre de l’Intérieur sur X, apportant son « soutien aux Calédoniens et aux forces de l’ordre ».

Vers une catastrophe sociale, économique et sanitaire sans précédent

Mais l'instabilité politique et sociale demeure en Nouvelle-Calédonie. Les dirigeants et les salariés du BTP retiennent leur souffle. La santé aussi, avec cet exemple au dispensaire de Thio, privé de médecin et de sage-femme. Dans le milieu de l’audiovisuel, environ 160 personnes sont pour la grande majorité à l’arrêt.

« On devrait toucher le fond, avec une urgence alimentaire - c’est-à-dire que les gens ne mangent pas à leur faim -, une urgence sanitaire - ils ne sont pas soignés comme ils le devraient - et une urgence économique, qui fait qu’on ne peut pas relancer l'économie sans injection de liquidités, de manière très intensive », s'inquiète Joël Kasarhérou, docteur en physique, à la tête d’une entreprise et du mouvement Construire autrement, interrogé par nos confrères de NC La 1ère.

Aux dernières nouvelles, le couvre-feu sera légèrement assoupli à partir du lundi 22 juillet : les Calédoniens pourront circuler jusqu'à 21 heures au lieu de 20 heures. Et prendre la route plus tôt le matin dès 5 heures au lieu de 6 heures. La vente d'alcool reste interdite dans les commerces. Les usagers du Raï et de Tanéo sont toujours privés de bus en Brousse et dans l'agglomération de Nouméa depuis deux mois. La crise cause d'innombrables retards et perturbations dans tout le Pays. 

Vous pouvez suivre toutes les informations sur le site de Nouvelle Calédonie La 1ère.