"On peut dire que je suis artiste de cirque maintenant" revendique fièrement Matiss Nourly depuis sa loge à la Villette à Paris, quelques minutes avant la dernière représentation du spectacle de fin d’études de sa promotion au CNAC, Balestra de Marie Molliens. "On a la chance de pouvoir faire cette première intermittence. Et ensuite, il va falloir voler de nos propres ailes."
De la Réunion à Châlons
Originaire des hauteurs de Saint-Paul à la Réunion, Matiss Nourly a tracé lui-même son chemin jusqu’aux chapiteaux de tout l’Hexagone. Ainé d’une famille très ouverte d’esprit, mais non circassienne, ses parents l’inscrivent très jeune à la danse. "Malheureusement, je n’ai pas rencontré le succès idéal parce que je n'avais pas le niveau pour continuer le cycle 2 et 3, raconte-t-il. Donc avec beaucoup de chance, je suis tombé sur le cirque."
À 15 ans, juste avant son entrée au lycée, il quitte son ile natale pour poursuivre sa passion dans l’Hexagone : "J’ai fait des études normales dans un milieu pas très normal" s’amuse le jeune homme. Lycée option cirque, école préparatoire aux concours nationaux puis école supérieure avec le CNAC : à 22 ans, Matiss Nourly a eu un parcours de rêve – que son petit frère semble suivre, il est actuellement dans le même lycée option cirque à Châlons-en-Champagne.
Tout feu tout flamme
Sa spécialité : la corde tendue ou corde raide. "Ce n'est pas énormément connu dans le monde du cirque, explique Matiss. On ne connait plus le fil de fer qui est un câble, et la différence c’est que moi, je travaille sur une corde en chanvre qui a une élasticité plus dynamique et qui me permet donc de faire des choses un peu plus acrobatiques."
Et par acrobatique, le jeune circassien entend aussi en feu, dans le cadre du spectacle du moment : "Oui, la corde est enflammée. Alors comment ça marche ? interroge le jeune Réunionnais rieur. Je ne vais pas dévoiler tous les secrets." C’est à la Réunion que Matiss Nourly s’est familiarisé avec la pyrotechnie : "J’aime essayer de faire croire aux gens que les choses sont impossibles alors qu'elles le sont. Et moi ça me rappelle énormément de choses que j’ai vu étant petit comme les marches sur le feu malbar." Même à des milliers de kilomètres de son île, sur laquelle il retourne se ressourcer deux fois par an, la Réunion est accompagne partout le jeune artiste : "J’essaye d’apporter toujours des petites touches et même si ça ne se voit pas à l’œil du spectateur, c’est quelque chose qui me nourrit tous les jours."
Des arts au pluriel
Danse, théâtre et désormais musique. Avoir le plus de cordes à son arc possible parait être un défi pour le jeune homme. Dernièrement, il s'est lancé dans l'apprentissage de la trompette. "Avec la passion et des projets comme ça, on permet de faire grandir nos connaissances, confie le Réunionnais. C’est aussi ça les arts du cirque, si c’est au pluriel, ce n'est pas pour rien ! Certes, il y a l’acrobatie et notre discipline, mais il y a aussi la danse, le théâtre, et bien sûr la musique. Traditionnellement, le cirque est toujours accompagné de musique… live !"
À présent diplômé, Matiss Nourly doit poursuivre ses projets de son côté. Il ne manque pas d'idées : film sur le cirque à la Réunion, écriture de sa première pièce ou encore études de mise en scène. "C’est sûr qu’ils se réaliseront, après dans quel ordre… le temps nous le dira.", termine Matiss Nourly.