Les chefs autochtones des neuf pays qui partagent l'Amazonie, soit le Brésil, la Colombie, le Pérou, la Bolivie, l'Équateur, du Venezuela, le Guyana, la Guyane française et le Suriname, ont uni leurs forces pour défendre la nature qui les entoure en créant le "G9". Le "G9 de l'Amazonie autochtone" lancé samedi dans la ville colombienne de Cali, à l'occasion de la 16e conférence des Nations unies sur la biodiversité qui s'achève le 1er novembre, veut porter "une voix unifiée pour influencer les décisions mondiales".
La première exigence de cette nouvelle alliance "est que les gouvernements du monde entier reconnaissent que les peuples traditionnels sont les principales autorités morales pour la conservation des écosystèmes, la protection de la biodiversité et la régulation du climat", résume l'ONG 350.org.
"Coalition régionale" pour protéger la biodiversité
Il s'agit d'une "coalition régionale" qui entend préparer un "programme commun" de mesures pour la nature et le climat à présenter à la COP30 sur le climat qui se déroulera au Brésil fin 2025, ont-ils expliqué dans un communiqué. Les peuples d'Amazonie demandent la "conservation de la biodiversité", le respect de leurs droits territoriaux et un "financement direct" en reconnaissance de leur rôle de gardiens de la nature.
Ces peuples dénoncent régulièrement le fait que la majorité des aides internationales passent par les États ou les collectivités locales sans leur parvenir assez. Très représentés dans les COP biodiversité, ils sont souvent les plus déçus par les décisions finales. Mais ce lancement à Cali intervient alors qu'est né un espoir de voir aboutir à la COP16 les négociations sur la création d'un nouvel organe permanent mondial chargé de reconnaître les droits des peuples autochtones.
D'une forêt tropicale à une savane
"En grande partie grâce aux peuples autochtones, environ 80% de la forêt amazonienne, l'un des plus grands puits de carbone à l'échelle mondiale et l'une des zones les plus riches en biodiversité, reste préservée", souligne 350.org. Toutefois, "les peuples amazoniens continuent de subir des persécutions et des tentatives d'effacement" et sont "parmi les plus vulnérables" aux crises climatiques et de la biodiversité qui menacent leur mode de vie traditionnel fondé sur la chasse, la pêche et la cueillette, dénonce l'ONG.
Frappée par une sécheresse exceptionnelle, l'Amazonie a connu ces derniers mois "ses pires incendies en deux décennies", selon l'observatoire européen Copernicus. Ces catastrophes, sur fond de changement climatique, s'ajoutent à la déforestation massive de l'Amazonie, dans des proportions qui s'approchent d'un "point de non-retour" qui transformerait la plus grande forêt tropicale du monde en savane.