Des yeux qui brillent. Une émotion XXL. Que ce soit pour les huit rameurs venus de si loin. Ou pour les encadrants en tribunes. Comme Guilhem Randé-Dol, professeur au collège de Taiohae dans les îles Marquises : "C'est très émouvant de se retrouver ici, au stade Charléty à Paris. Nous avons traversé la moitié de la planète pour venir jusque-là, et l'ambiance est incroyable. Un vrai show. Les rameurs font leur entrée sous des jets de flammes ! Sans oublier tous les Marquisiens présents dans les gradins pour les encourager."
Les Marquisiennes ont tout donné
Ranihei, Kevai, Ohotunui et Anikua n'ont pas cherché à mettre en place la moindre tactique. Dès la première épreuve de la journée – le 1 000 mètres à quatre – elles sont parties à fond. "Nous étions tellement motivées, a reconnu Ranihei Chu. C'est vrai que notre départ a été bien trop rapide. Lorsque nous avons réalisé que le rythme était trop élevé, nous étions mortes. Nos muscles tremblaient de partout ! Premières en début de course, nous avons fini dixièmes."
Sur l'épreuve du relais (4 fois 500 mètres), les filles vont prendre une belle seizième place. Une sacrée performance aux yeux de Guilhem Randé-Dol : "Elles sont très puissantes. Elles rament toujours très vite. Elles donnent vraiment tout. Il est très difficile de les freiner." Car les filles forment bien plus qu'un collectif. "Tant qu'on est ensemble, c'est tout ce qui compte, confirme Anikua Nekrouf. On est avant tout, une équipe d'amies, soudées. Et c'est vraiment énorme d'être là pour représenter la Polynésie !"
Petit aperçu de l'ambiance du 1 000 mètres à quatre des Marquisiennes ⇓
Les Marquisiens également à l'honneur
Hivaaki, Remine, Maitaiki et Alain ont fait mieux que les filles sur le 1 000 mètres à quatre. Cinquième place. Chapeau. Il faut dire que les quatre Marquisiens avaient l'avantage de passer après les filles. "Il n'était pas question de faire comme elles, sourit Remine Tchang. Elles sont parties à fond et étaient épuisées à la fin. Alors que nous avons su gérer notre rythme. D'où notre cinquième place. Et ce n'est qu'un début. Nous allons persévérer."
La performance des Polynésiens est d'autant plus remarquable qu'ils n'arrivaient pas dans ces championnats de France UNSS avec les mêmes atouts que les autres. "Nous n'avons qu'un seul rameur dans le collège, rappelle Guilhem Randé-Dol. À Paris, on se retrouve face à des jeunes qui s'entraînent cinq ou six fois par jour. Ils sont dans un circuit fédéral. Alors que les Marquisiens ont peut-être ramé une quinzaine de fois dans leur vie ! Ceci étant, notre place, nous l'avons gagnée. Et les deux équipes ont magnifiquement défendu leurs couleurs."
L'essor de l'aviron indoor en Polynésie
Les initiés parlent d'ergomètre. Le grand public préfère le terme de rameur. Dans les deux cas, c'est la même chose. Et le succès va grandissant. La Polynésie française en compte aujourd'hui une centaine. Sur tout le territoire. Une vraie réussite pour Kevin Scott, le directeur technique fédéral. "L'aviron indoor permet de lutter contre l'enclavement. Avec un seul rameur dans une école, plus besoin de prendre un bus pour aller faire du sport. Et puis il y a les challenges à distance qui offrent l'opportunité de se retrouver en compétition en temps réel avec la planète entière."
Kevin voit déjà plus loin. Multiplie les contacts. Et les idées. "On commence à bosser avec le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Samoa américaines. Ça va créer des synergies." Des échanges aussi. Et un grand projet de compétition au niveau de l'Océanie. "La personne qui coordonne le développement de l'indoor en Océanie, est basée en Australie. Elle veut nous dégager des fonds pour réunir les 8 meilleurs (4 filles et 4 garçons) de chaque pays de la région. Ça devrait se tenir en Australie pour une sorte d'Oceania Youth Championship." Les jeunes Marquisiens n'ont donc pas fini de prendre l'avion…