Montagne d’or figure au 177e rang des projets aurifères mondiaux sur un total de 586. Quoi qu’il en soit de la décision que prendra le gouvernement, les opposants au projet ont remporté une première victoire. Le projet sera profondément modifié.
Améliorations
Par un temps de novembre, gris et maussade à deux pas des Champs-Elysées, le président de la compagnie minière Montagne d’or (CMO) avait choisi de rencontrer des journalistes. Pierre Paris a estimé qu’il apportait des modifications d’ampleur et des améliorations significatives à son projet de mine industrielle. "Nous réduisons significativement les impacts sur l’environnement de Montagne d’or et nous maximisons les retombées économiques et sociales pour le territoire." Les nouvelles propositions de la Compagnie minière ont été adressées, jeudi 15 novembre, à Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public. Montagne d’or a respecté le délai de trois mois dont elle disposait afin de préciser ses engagements pour la poursuite du projet.
Interview de Pierre Paris
Gestion des risques
Concernant la gestion des risques, la Compagnie minière rappelle qu’elle a adhéré, comme elle s’y était engagée, au Code international (ONU) de gestion du cyanure. Ses installations feront régulièrement l’objet de contrôles de conformité par des auditeurs indépendants. Les résultats de ces études seront rendus publics.La CMO va privilégier la production d’énergie solaire de manière à éviter la construction d’une ligne électrique de 90.000 volts et réduire ainsi l’étendue des zones à défricher le long de la piste Paul-Isnard. "La construction d’une centrale solaire, pour un coût de 200 millions d’euros, contribuera à la réduction des émissions de gaz à effet de serre," a affirmé M. Paris. En concertation avec les acteurs guyanais, la CMO s’engage aussi à définir des mesures de réduction et de compensation d’impact dont le maintien d’une continuité écologique entre les deux massifs de la réserve biologique intégrale. Attaché au respect des traditions et à la préservation du patrimoine, Pierre Paris se déclare "déterminé à travailler avec les autorités coutumières afin de prendre en compte les traditions et lieux de mémoire de ce territoire."
La compagnie minière s’engage également à mettre en place "une politique de recrutement et de formation permettant de dépasser l’objectif de 90% d’emplois locaux." Et le PDG de Montagne d’or d’ajouter : "Nous favoriserons l’emploi des populations autochtones de l'Ouest guyanais et garantirons à tous les employés des conditions de travail exemplaires en accord avec nos futurs partenaires sociaux". Concernant la pérennité des emplois, la CMO s’engage à identifier et valoriser les ressources minières susceptibles de conduire à envisager une prolongation de la durée de vie au-delà des douze années prévues à ce stade.
La CMO réaffirme enfin son engagement de contribuer à la création d’un Fonds de développement et de diversification de l’économie de la Guyane. Elle approfondira la réflexion sur l’ouverture du capital de la Société Minière Montagne d’Or aux Collectivités du territoire et acteurs économiques français. L’usine du Sud en Nouvelle-Calédonie pourrait servir d’exemple. La Province Sud du Territoire détient 5 % du capital du grand complexe industriel et minier du nickel. Une usine et une mine dont Pierre Paris a été l’un des dirigeants, avant de conduire le projet Montagne d’or…
Le WWF et ses propositions
Dans la guerre de communiqués que se livrent la Compagnie Montagne d’or et son principal contradicteur, l'ONG WWF, cette dernière et le cabinet Deloitte Développement Durable ont publié le 9 novembre, avant donc les dernières modifications de CMO, une étude sur le "potentiel de développement économique durable de la Guyane", sur la base de données fournies par le WWF. Dans ce document de 526 pages, les retombées économiques de "Montagne d'Or" sont critiquées.Le cabinet d’audit doute de l’intérêt du grand projet d’extraction aurifère. “Le secteur extractif est le secteur marchand qui dispose des plus faibles effets d’entraînement sur le reste de l’économie locale, notamment parce que ce secteur importe à hauteur d’environ 75 % les biens et services dont il a besoin pour produire, au lieu de les acheter à l’économie locale”, écrit le WWF dans un communiqué.
L’étude met en valeur dix autres secteurs où l’investissement aurait plus d’impact pour l’emploi : l’agriculture et l’élevage, la pêche, l’agroalimentaire, le bois, un secteur déjà identifié par le gouvernement et la Collectivité Territoriale de Guyane, le tourisme vert, les énergies renouvelables, la gestion des déchets, la construction, l’audiovisuel et enfin, l’économie de la connaissance.
La Compagnie minière française Montagne d'or et ses deux actionnaires, la société canadienne Columbus Gold et la compagnie russe Nordgold promettent la création de plus de 750 emplois directs et 2.500 emplois indirects. Ils assurent apporter 300 millions d’euros d’impôts et taxes à la Guyane sur douze ans d’exploitation, pour un investissement de près d’un milliard d’euros, contre sept milliards pour les deux grands projets miniers calédoniens du nickel. En septembre 2017, le WWF avait déjà publié une analyse pour dénoncer le manque supposé d’impact social du projet minier.