Depuis de nombreuses années, les artistes urbains des Antilles et de la Guyane commencent à se faire un nom sur la scène musicale française. Admiral T était l’un des précurseurs dans les années 2000, avec son rap engagé, mais mélodieux. Aujourd’hui, Kalash, Meryl, Mathieu White, Bamby, Mata et consort s’évertuent à perpétuer cet héritage et à le faire progresser. Shorty, bien connu dans le milieu de l'underground aux Antilles, aide à sa manière les artistes en les mettant en lumière dans son média "Loxymore"
Vendredi 12 mai, la 1ère était à sa rencontre, à quelques heures de la deuxième édition de "Centrale Place". Ce festival musical organisé à Châtelet, en plein cœur de Paris, réunissait un plateau d'artistes Caribéens : Kima, Larose Kiddyskur, Implaccable, Mirai Rengy et DJ Greg. Originaire de Morne-à-l' eau en Guadeloupe, Shorty est diplômé d'une licence informatique et d'un bachelor chef de projet culturel événementiel artistique. A 37 ans, il a des idées plein la tête pour le monde urbain antillais.
La 1ère : Bonjour Shorty, tout d’abord pourquoi ce surnom ?
Shorty : (Rires) oh la, ça remonte... c’est un surnom qui me vient du lycée. J’ai quasiment eu tous les surnoms qu’on donne aux gens petits de taille. Aux Antilles, quand on te donne un petit nom, tu le gardes à vie. Après, j’ai dû attendre d’avoir 22 ans avant de pousser. Mais voilà, Shorty ça vient de ma taille quand j’étais plus jeune.
Vous organisez une série de concerts "Loxymore on stage" qu'est-ce que c'est ? expliquez nous le concept
Alors en fait, il y a le centre culturel La Place qui est situé aux Halles (Chatelet à Paris) qui organisait un festival du 9 au 13 mai. Et dans le cadre de ce festival, ils nous ont proposé d'organiser un plateau 100% caribéen. Cet évènement met en général la lumière sur la nouvelle génération d'artistes qui émergent, mais aussi sur des talents déjà confirmés. On a retrouvé Kima, Larose, Kiddyskur, qui sont connus de la scène musicale aux Antilles ainsi que deux talents : Implaccable et Mirai Rengy. DJ Greg à l'animation. [...] C'est une belle opportunité qui m'a été offerte, nous avions déjà collaboré avec eux par le passé pour des interviews d'artiste sur Paris. Je suis très content de la sollicitation, et j'espère qu'il y en aura d'autres.
Récemment, vous avez participé à la cérémonie "Les Flammes", en tant que juré. Comment cela s'est-il passé ? Et est-ce que votre présence récompense votre implication dans le monde de la musique urbaine ?
J'ai été honoré d'être sélectionné pour faire partie du jury. J'ai été contacté par des membres de l'organisation, Booska P et Yard. Ils m'ont présenté le projet et m'ont fait la proposition de faire partie du jury. Je crois que c'est quelqu'un qui leur a soufflé mon nom, ils ont regardé ce que je faisais et ils ont validé. Dès que j'ai reçu leur proposition, j'ai accepté dans les minutes qui ont suivi. [...] ça concrétise mon travail et c'est un signe de validation. En plus, quand je regarde la cérémonie il y a plein de média que je regarde et qui m'inspire qui étaient présents.[...] Je n'ai pas encore regardé la cérémonie (au moment de l'interview, nous sommes moins de 24h après la soirée de remise des prix des Flammes), mais de ce que j'ai vu en live, c'était incroyable. La scénographie et les artistes présents, c'était vraiment quelques choses d'incroyable.
"Les flammes" ça ouvre le champ des possibles pour d'autres artistes ?
Moi, je trouve déjà que depuis un ou deux ans, il y a une mise en avant des cultures urbaines caribéennes. Les médias hexagonaux font l’effort de parler correctement de ces musiques, c'est déjà bien. Et puis récemment, la victoire de Kalash et Maureen lors de la cérémonie des Flammes, plus moi dans le jury, je pense que ça valide la nouvelle vision, qu'ils portent sur nous. Maintenant, il faut continuer le travail, et continuer aussi à valoriser nos genres musicaux.
Aux Antilles, le grand public vous connaît à travers votre média "Loxymore". Comment est-il né ?
Alors, ça remonte. Dès le début des années 2000 avec NDX (chanteur bien connu du milieu urbain antillais) on avait créé un skyblog (rire) où on faisait déjà la même chose. Puis je consommais beaucoup de média de rap français, Booska P, le Code, etc… Alors tout naturellement, Loxymore est né. À la base, c’est un skyblog personnel à l’écrit et puis avec l’avènement de la vidéo, j’ai eu envie de passer à l’étape supérieure et me développer en passant au format qu’on connaît aujourd’hui. Après, il faut aussi préciser qu’au moment où je lance mon projet, les médias traditionnels ne recevaient pas les artistes de la scène urbaine. Donc c’est aussi pour ça que j’ai voulu proposer Loxymore. Je pense que l’essence de la culture urbaine, c’est de lancer, ne pas avoir peur, de faire débouya "être débrouillard" comme on dit. J’ai toujours vu des rappeurs mener des projets, des personnes réussir dans l’entrepreneuriat et moi ça m’a motivé.
Quel regard portez-vous sur les artistes de la scène musicale antillaise ? Doivent-ils toujours chanter en français pour percer dans l'Hexagone ou les mentalités ont changé ?
Je suis persuadé qu’on a tout le talent nécessaire pour exporter notre talent à l’international. J’encourage tous nos artistes à travailler et normalement ça payera. Notre industrie musicale est forte et d'ailleurs big UP à tous les artistes, c'est grâce à eux qu'on progresse. [...] Les mentalités ont changé, on a des artistes qui ont su s'imposer en ne changeant pas leur manière de faire. Lors de la cérémonie des Flammes, Kalash a fait sa prestation en créole et il a été récompensé avec Maureen pour un titre en créole. Donc je n'ai pas d'inquiétude, il faut juste valoriser nos spécificités et tout se fera.