Surf JO de Paris 2024 : "Je me suis senti choisi" par la nature, se réjouit le Tahitien Kauli Vaast après sa médaille d'or en surf

Kauli Vaast
Le Tahitien Kauli Vaast a obtenu lundi à Teahupo'o le premier titre olympique tricolore et la première médaille d'or du sport tahitien, en battant avec panache en finale l'Australien Jack Robinson. Ses impressions après une victoire historique.

"C'est la connexion à la nature, elle fait bien les choses, je me suis senti choisi, c'est pour ça que [la vague] Teahupo'o est si spéciale", se réjouit ce mercredi sur France Inter Kauli Vaast, médaillé d'or en surf, chez lui, sur le site de Teahupo'o ("Téa Ou Poho") à Tahiti. "Teahupo'o, ça a toujours été comme ça, elle [la vague] choisit les personnes qu'elle veut, je pense que j'ai été choisi", dit-il.  
 
Il estime que "plusieurs fois ça m'a sauvé, j'ai eu les vagues qu'il fallait", avant que ce soit le "calme plat" sur l'océan, ne laissant pas à son adversaire la possibilité de prendre une vague, permettant ainsi au Tahitien de l'emporter. Il évoque le "mana", concept spirituel polynésien ancestral, d'une "énergie hyper forte, et tu le ressens tout de suite", et "Teahupo'o rejette beaucoup ce mana", dit-il. "C'est vraiment propre à nous, Polynésiens, de ressentir les choses", estime-t-il, et cette énergie exige d'arriver "avec humilité" sur le site. 
 
Comme ingrédient de la victoire, le surfer français évoque aussi le fait de bien connaitre le spot, situé "littéralement à trois minutes en jet ski" de chez lui, qui est l'endroit où il a appris "à surfer des grosses vagues". "Je me suis entraîné à surfer sur toutes les conditions, pour ne pas être surpris", explique le champion. Il estime également que le "fait d'avoir toute la communauté là-derrière et un public incroyable" a "rajouté du pep's et de la motivation" et lui a permis de l'emporter. Enfin, Kauli Vaast précise que la veille de l'épreuve, il a regardé les exploits de Léon Marchand et de Teddy Riner, "je me suis dit : 'je peux le faire'".  

Ferveur de la Polynésie

Habitant tout près du spot et porté par la ferveur de toute la Polynésie, le surfeur de 22 ans a pris les deux plus belles vagues d'une finale très relevée pour s'imposer quelques dizaines de minutes seulement après le bronze remporté par la Réunionnaise Johanne Defay. Prodige tahitien du surf, Kauli Vaast a pris l'ascendant sur la série dès sa première vague, notée 9.50, pour finalement obtenir un total de 17.67, contre les 7.83 de Jack Robinson, résigné lors des derniers instants faute de trouver des vagues.


"J'ai mis un beau score sur ma première vague et ensuite c'étaient les 15 minutes les plus longues de ma vie. Mais il n'y a eu plus de vague pendant 15 minutes... le mana était avec moi", a dit Vaast, en référence à la force surnaturelle de la culture polynésienne. Dès que la cloche de fin de série a sonné, le héros de Teahupo'o a filé dans les bras de l'entraîneur de l'équipe de France Jérémy Florès, seul Français à s'être jamais imposé lors d'une étape du tour pro à Tahiti en 2015.


Florès, l'un des grands architectes de cette victoire et du bronze obtenu par la Française Johanne Defay quelques dizaines de minutes plus tôt, était fier de ses troupes. "On a essayé de faire le maximum pour qu'ils se sentent bien (...) sans trop se mettre de pression, et c'est là où ils ont réussi à vraiment gérer", a-t-il estimé.

Objectif Championship Tour 

Pensionnaire depuis plusieurs années de la 2e divison du surf mondial, les Challenger Series, Kauli Vaast a souvent été capable de battre les meilleurs surfeurs du circuit élite sur ce spot, comme en 2022 quand il a atteint la finale du Tahiti Pro sur invitation. "Mon but désormais, c'est de me qualifier sur le Championship Tour (le circuit élite du surf, ndlr) et c'est ce que je vais continuer à faire mais c'est un boost énorme pour la confiance", a dit Vaast peu après sa victoire.

"Il a ses objectifs. Il veut se qualifier dans l'élite mondiale, il veut gagner une étape ici à Teahupo'o sur le CT", a précisé son entraîneur. "La médaille d'or c'est fait, il va profiter de ce moment et ensuite il va repartir au travail", a-t-il ajouté. Kauli Vaast a grandi à Mahina, dans le nord de Tahiti, avant de s'installer avec ses deux parents véliplanchistes face à la vague de la presqu'île, rendue célèbre dans le monde entier au début des années 2000.


Sa victoire a suscité rapidement des démonstrations de joie un peu partout à Tahiti. Sa mère, en revanche, n'a pas voulu voir son fils surfer : "Quand il fait les compétitions à Tahiti, je fais le jardin", a déclaré Natou Vaast, se fiant aux cris des voisins pour connaître les résultats. Kauli Vaast avait éliminé son ami et coéquipier Joan Duru en quart de finale, puis le Péruvien Alonso Correa en demie. Il succède comme champion olympique de surf au Brésilien Italo Ferreira, titré en 2021 à Tokyo pour la première apparition du sport.