Plus de 200 salariés du transport aérien ont manifesté jeudi 14 novembre 2024 sur l’esplanade des Invalides à Paris. Ils réclament l’annulation de la hausse de la TSBA , la Taxe de Solidarité sur les billets d’avions. Cette hausse, décidée par le gouvernement, doit entrer en vigueur le 1er janvier 2025. Elle doit rapporter environ un milliard d’euros.
Organisée initialement par le SNPL, le Syndicat national des pilotes de ligne, la manifestation a été rejointe par d’autres organisations syndicales représentant l’ensemble des personnels du transport aérien. "C’est une taxe incompréhensible, explique Christophe Malloggi, délégué syndical des personnels au sol FO chez Air France. Étant due uniquement au départ de France, ce sont les compagnies françaises qui en paieront le plus lourd tribut, à commencer par Air France qui en assumera une large part. C’est un coup de poignard de l’État pour les compagnies aériennes après qu’elles ont été soutenues lors de la crise covid. C’est aussi une distorsion de concurrence de plus avec les compagnies étrangères, car beaucoup de ces compagnies étrangères fonctionnent aujourd’hui grâce à des financements de leurs États et avec des conditions sociales de travail moins-disantes qu’en France. Il leur sera donc plus facile d’absorber la hausse de cette taxe dans leur budget et ainsi de ne pas ou peu la répercuter auprès de leurs passagers. Conséquence : les voyageurs privilégieront des compagnies étrangères pour payer moins cher."
Concurrence étrangère
"C’est d’autant plus dur pour les compagnies françaises que le secteur aérien est un secteur hyper concurrentiel, renchérit Patrick Mace, président de la fédération de l’aérien à la CFE-CGC. Face à des compagnies turques, chinoises ou du Golfe, on joue sur le même échiquier, mais pas avec les mêmes règles du jeu. Au final, c’est encore le pavillon français qui va trinquer alors qu’il ne cesse de perdre des parts de marché face à la concurrence étrangère : moins 2 % environ chaque année. Or, ce secteur industriel est vital, par exemple pour les populations des territoires d’Outre-mer !"
Les petites compagnies ultramarines ont des difficultés financières : cette hausse de taxe va les clouer un peu plus au sol !
Patrick Mace, président de la fédération de l’aérien à la CFE-CGC.
Interrogé sur l’exonération de cette hausse de taxe pour les passagers à destination des Outre-mer et de la Corse adoptée par les députés à l’Assemblée nationale le 8 novembre dernier, le secrétaire fédéral UNSA-transports, Yves Joulin, a répondu que "toute la partie recette du PLF 2025 (Plan de loi finances) n’ayant pas été adoptée par la suite, l’exonération de hausse pour les Ultramarins et les Corses, qui était incluse dans cette partie recette, tombe". Et d’ajouter : "C’est une catastrophe économique de plus pour les populations des territoires d’Outre-mer !"
Pas d'impact de la grève sur les vols vers et depuis les Outre-mer
Plusieurs participants interrogés n’ont pas caché craindre que le PLF 2025 soit adopté par une décision unilatérale du gouvernement, qui déclencherait alors l’article 49.3. "Les Ultramarins et les Corses n’ont plus qu’à croiser les doigts que le Premier ministre inclue l’amendement d’exonération lors de l’adoption du PLF 2025 via ce 49.3. Et c’est loin d’être gagné", estime Yves Joulin pour l’UNSA
"Si d’aventure cette exonération est adoptée par le gouvernement, pas sûr que la Commission européenne l’accepte au final, comme lors de la mise en place de la Taxe de Solidarité sur les billets d’avion (TSBA) en 2019, où l’Europe avait retoqué le projet du gouvernement français", conclut Antoine Godier, pilote chez Air France et l’un des porte-parole du SNPL, un important syndicat de pilotes.
La grève de ce jeudi 14 novembre n’a pas entrainé d’annulation de vols de et à destination des Outre-mer. Air France, Air Caraïbes et French bee ont déjà annoncé qu'elles allaient augmenter le prix de leurs billets dès le 1er janvier 2025.