Tony Tixier en solo, au 360 Music Factory. C’est le confinement qui a dicté cette configuration. Face à l’impossibilité de se rencontrer pendant la pandémie, Tony Tixier s’est résolu à jouer tout seul, chez lui. "En fait t’es le chef d’orchestre" explique le pianiste. "Au début, ça m’intimidait. Mais j’ai quand même sorti un album". Puis, certains festivals lui ont demandé de jouer en solo. Il s’est rendu compte que cela lui plaisait. Il se livre à plus d’improvisation, travaille chez lui et sort même des albums de musique électronique, et en mai dernier, un E.P intitulé Moon shine qui ouvre là encore sur le hip-hop et l’électro. "Car, je suis contacté par un public différent" développe-t-il.
Tout comme son frère jumeau, le violoniste Scott Tixier, Tony était connu comme musicien de jazz. Très tôt, après leurs études classiques, les deux artistes se rendent aux États-Unis pour s’imprégner au plus près de la source de la musique improvisée, le jazz. "On avait 19 ans. J’avais du mal à définir ce qu’était le jazz." Dans les clubs, ils vont à la rencontre des vieux musiciens qui ont joué avec Miles Davis, et cela décomplexe Tony. "On idéalise beaucoup cette musique. En face d’eux, je me suis rendu compte qu’ils sont humains, et surtout passionnés. Ils sont à 100%. C’est difficile de les suivre. Il faut être comme eux à 100%. C’est un état d’esprit. Ca rend humble. J’essaie."
Il est devenu aussi plus rétif aux catégories. Quand on lui demande de se ranger dans une case, il a cette réponse en forme de pirouette : "plus je vieillis (ndlr, il a 35 ans), plus j’ai du mal à me définir. Je suis juste musicien." Un musicien qui s’est épanouit à New York. "J’ai joué en septet. Puis, à partir de 2018 en trio. En tant que pianiste, c’est le format de la liberté. Sauf qu’à un moment, il a été plus difficile de trouver les bonnes personnes sur New York. Le bassiste venait de Los Angeles et le batteur de Montréal. On finissait une tournée à l’Apollo Theater à Harlem, quand le covid a stoppé net nos concerts." Fin d'une époque et début de sa trajectoire en solo.
Le 28 octobre, Tony Tixier sera donc seul en scène, mais face à plusieurs claviers. Et rajoute-t-il, "il y aura de la vidéo pour laisser vagabonder l’imaginaire." On pense tout de suite à son ainé Chassol et ses Ultrascores (savant mélange de musique et de vidéos). Mais le cadet prend tout de suite la peine de préciser que le principe est différent. Il ne prétend pas à la sophistication des procédés de Chassol. Il veut juste agrémenter sa musique et distraire son public.