Une demande de longue date. Après la publication d'un rapport mené par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) le 15 novembre, le ministère de la Santé a annoncé l'augmentation des coefficients géographiques des établissements de santé pour certains territoires des Outre-mer. En l'occurrence, ce coefficient va passer de 31 à 33.6 % pour Mayotte, de 29 à 33.1% pour la Guyane et de 31 à 34% pour La Réunion. La Guadeloupe et la Martinique, quant à elles, n'auront pas d'évolution et vont être maintenues à 27%.
Ce coefficient géographique est un outil administratif qui permet aux établissements de santé de faire face aux surcoûts liés à leur environnement spécifique. La Corse, l'Île-de-France et les départements et régions d'Outre-mer sont concernés. Par exemple, les territoires ultramarins font face à un coût salarial plus élevé, à un prix des matières premières plus important que dans l'Hexagone ou encore à des risques naturels qui peuvent endommager les équipements. Des dépenses supplémentaires auxquels ces établissements doivent être capables de répondre, afin d'offrir des prestations de soin de qualité.
Depuis sa mise en place, ce coefficient évolue régulièrement pour s'adapter au contexte économique. Pas assez, aux yeux de la Fédération Hospitalière de France qui réclamait de longue date une réévaluation, les derniers chiffres datant de 2017. Dans ce nouveau rapport, la DREES propose d'augmenter les coefficients de Mayotte, la Guyane et La Réunion. Une préconisation suivie par le ministère de la Santé.
Cette mesure a notamment été saluée par le Réunionnais Stéphane Fouassin, sénateur de la majorité (RPDI) et médecin généraliste de profession, qui souligne une "bouffée d'oxygène" pour les établissements de l'île.
On ne peut pas soigner les gens correctement, si on n'a pas les moyens de le faire. Si vous avez des restrictions budgétaires, vous avez moins de personnel soignant. C'est donc important d'avoir un confort de travail pour assurer une efficacité des traitements pour les patients.
Stéphane Fouassin, sénateur RPDI de La Réunion
Cette réévaluation est censée apporter "20 millions d'euros aux hôpitaux de La Réunion", précise le sénateur. Un apport financier qui pourrait combler le déficit du Centre Hospitalier Universitaire de l'île, qui s'élève à 5% selon l'Agence Régionale de Santé de la Réunion.
Un outil qui ne règle pas tout
Pour la première fois, Mayotte possède son propre indice. Il était auparavant calqué sur celui de La Réunion. La Guadeloupe et la Martinique vont conserver leur coefficient qui s'élève à 27%. Une conclusion qui mérite une expertise externe selon la Fédération Hospitalière de France. "On ne comprend pas que dans des territoires où il y a un surcoût de personnel de l'ordre de 30 à 40%, on puisse arriver à ces résultats-là", s'étonne Denis Valzer, conseiller "Territoires d'Outre-mer" au sein de l'association qui regroupe les établissements publics de santé de France.
Tout en soulignant cette avancée "satisfaisante" pour certains territoires, l'association souhaite aller plus loin. En commençant par "actualiser ces données" puisque la DREES s'est basée sur des chiffres de 2019, la dernière année avec une activité non perturbée par la Covid. Des conclusions qui ne prennent donc pas en compte l'inflation, ainsi que l'augmentation de rémunération du personnel hospitalier suite au Ségur de la Santé qui a revalorisé les métiers de la santé. "Dans l'idéal, il faudrait actualiser ces données tous les ans", indique Stéphane Fouassin.
Ces nouveaux coefficients devraient être effectifs en 2025, affirme la Fédération Hospitalière de France qui souhaite "poursuivre les discussions" avec le ministère de la Santé pour évoquer d'autres difficultés rencontrées par les établissements de santé ultramarins. " On demande à ce qu'il y ait des subventions d'équilibre pour financer les activités de pointe qui ne sont pas toujours rentables", précise Denis Valzer. Cancérologie, réanimation ou radiologie, ces prestations de santé nécessitent des équipements lourds qui n'ont pas des recettes suffisantes, en raison du nombre plus restreint d'habitants, pour les rentabiliser. Des prestations pourtant indispensables.