Une association ultra-marine tend la main aux sans-abris

Murielle Gossec, présidente de l'association RUDN à la rencontre du sans-abri dans les rues de Paris
L'association RUDN (rapatriements des Ultramarins dans leurs départements natals) avait donné rendez-vous à ses membres à Paris, ce dimanche après-midi, afin de faire une maraude mobile et aller à la rencontre des sans-domicile fixes ultramarins de la capitale. Dans une ambiance conviviale, la dizaine de personnes qui avaient répondu présentes à l'invitation se sont mis en route dans un bel élan de solidarité. Nous les avons accompagnés.

Le rendez-vous était fixé à 15h à Gare du Nord. Dans le froid parisien, par un ciel dégagé pour la circonstance, les membres de l’association RUDN (Rapatriements des UltraMarins dans leurs Départements Natals) après un petit chek-up des forces en présence, se sont mis en route sous les coups de 16h. Trois voitures sont mobilisées pleines de vivres (77 barquettes de repas, confiseries, eaux, café) vêtements chauds et quarante kits d’hygiène. Le trajet de la bande doit les conduire de Gare du Nord à Porte de la Villette. " Il faut regarder partout, dès qu’on voit quelqu’un, on s’arrête et on va à sa rencontre ", averti Bertrand Cologer, vice-président de l’association.  

Les membres de l'association RUDN (rapatriements des ultramarins dans leur département natals) se préparent avant d'entamer leur maraude mobile.

Les équipes en route et à l’affût, l’élan de solidarité débute. Premier arrêt, boulevard de Magenta. Là-bas, l’équipe va à la rencontre d’un premier SDF. Murielle Gossec, la présidente de l’association, lui donne sa barquette composée d’un repas, des bouteilles d’eaux, un verre de café et un kit d’hygiène. L’homme, d’environ une quarantaine d’années, semble touché par cet acte de solidarité. " Merci à vous, c’est important ce que vous faites ", glisse-t-il à Murielle.

L'une des voitures des membres de l'association RUDN, pleines de vêtements chauds à distribuer.

"J’aime aider les autres, ça ne s’explique pas " nous confie Murielle une fois remontée à bord de la voiture. Pour cette maraude, l’association a décidé d’innover un peu dans sa démarche. "On a fait le choix d'une maraude mobile, dans un but bien précis : toucher le plus de personne. Quand on reste fixe, on rate des personnes, alors que là, on peut voir tout ce qu’il se passe et c’est plus facile ", explique Bertrand Cologer

Sur la route, les équipes restent vigilantes et scrutent chaque recoin et trottoir où pourrait se réfugier un sans-abri en quête de chaleur. Mais la tâche s’annonce ardue, notamment à cause de l’horaire selon Bertrand. "On est en pleine journée (16 h 30), donc ils ne sortent pas [les sans-abri, NDLR]. C’est dommage, le soir, ils sont plus accessibles et visibles ", indique-t-il au volant de son véhicule noir.

"Ça fait plaisir "

Après plusieurs minutes dans le dense trafic de la région parisienne, Murielle aperçoit un homme assis seul, avec comme seul bien, un caddie. Elle s’empresse d’aller à sa rencontre, " bonjour monsieur, nous sommes une association, nous distribuons des repas et vêtements chauds. Pouvons-nous vous aider ? ", lui dit-elle. L’homme accepte directement l’aide de la Guadeloupéenne. Natasha, une autre membre de l’association, vient à son niveau et essaye d’en savoir un peu plus sur sa situation. "Vous êtes à la rue depuis combien de temps ? ", demande-t-elle. Le SDF prénommé Souti, originaire du Sénégal, ne sait plus trop exactement depuis quand il est dans cette situation.

Après l’avoir informé sur ses droits, comme le fait de disposer d’une boîte aux lettres à la mairie, elle essaie d’en savoir un peu plus sur sa vie personnelle et l’invite à se rendre vers les assistantes sociales de la ville. "Ça fait plaisir, c’est un bon encourageant tout ce que m’a dit la dame " témoigne-t-il. Avant d’être à la rue, Souti âgé d’une quarantaine d’années, vivait avec une femme et sa fille. "J’étais avec elle, mais je n’avais pas de papier, donc c’est allé vite après ", malgré les coups de la vie, Souti garde le sourire.

Souti, un SDF originaire du Sénégal en compagnie de Natasha, une membre de l'association RUDN qui lui explique ses droits.

 La rue, Bertrand Cologer le vice-président de l’association, sait ce que c’est. Dans sa jeunesse, celui qui occupe le rôle d’agent administratif dans un hôpital en région parisienne, a, lui aussi, connu la galère.

Je me suis retrouvé à la rue à l’âge de 18 ans, j’ai dû faire un choix, soit je me laissais aller ou alors, je me battais. J’étais à la rue avec ma mère et ma grande sœur. On est passé dans plusieurs foyers d’accueil, et on a réussi à s’en sortir.  Donc c’est ce message d’espoir que je veux véhiculer aux gens, avec de la bonne volonté, on peut s’en sortir.

Bertrand Cologer

Une association qui veut tendre la main aux autres ultramarins

Créée il y a une dizaine d’années, dans le but de donner un appui dans leur démarche administratif aux plus démunis originaires des territoires d’Outre-mer et aussi une aide pour leur retour au « péyi », cette organisation est née d’un constat. "La plupart des personnes qui composent l’association, on a tous fait des maraudes auparavant. Et dans ces dernières, nous avions constaté qu’il y avait énormément d’ultramarins dans une situation de grande précarité. Donc, nous avons monté l’association RUDN pour leur venir en aide ", déclare Murielle, président de l’association et assistante maternelle dans le civil.

Les membres de l'association RUDN voulaient aider les ultramarins en organisant cette maraude mobile.

Après plusieurs heures à tourner et distribuer des repas et autres, aucun ultramarin ne s’est présenté sur la route de l’équipe." C'est normal, lâche Murielle. Nos compatriotes sont pudiques, très discret. C’est pour ça qu’on a fait le choix d’être mobile. Là, on s’est dit qu’on va aller les chercher, mais pour le moment ce n’est pas encore ça ".

Il est 19 h 25 quand les membres de l’association reviennent au point de départ à Gare du Nord. Sur place, ils vont s’installer et distribuer ce qui leur reste de nourriture et boissons. "Ce n’est pas grave, ce n’est que le début de nos missions ", glisse l’une des bénévoles.