Laurence Chane-Sha-Lin vient de finir sa pré-rentrée au lycée professionnel Hélène Boucher, à Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis. C'est dans cet établissement qu'elle a été mutée pour enseigner le transport et la logistique, lors de son année de stage. Elle se retrouve à plus de 9 000 km de sa famille. Bien loin de son conjoint et ses enfants de 4 ans et 18 mois, restés à La Réunion.
"C'est déchirant et déracinant", raconte la jeune mère de famille. Tous les matins, elle téléphone à ses enfants pour prendre des nouvelles : "Avec le décalage horaire, c'est souvent quand les enfants sont sur le chemin de la crèche ou de l'école".
De l'académie de La Réunion à l'académie de Créteil
Depuis qu'elle a décroché le concours puis son affectation d'établissement, Laurence vit un véritable "marathon". Elle a d'abord fait une demande de recours, refusée. Puis, une lettre au ministère de l'Education nationale, restée sans réponse. Elle n'était pas seule dans cette situation. Une cinquante d'autres Réunionnais se sont retrouvés affectés dans l'Hexagone. Jusqu'alors, l'année de stage se faisait généralement dans l'académie d'origine.
On a tous fait un recours. 600 au total. La plupart ont été refusé comme pour moi.
Laurence Chane-Sha-Lin
Une question s'est alors posée : doit-elle rester contractuelle et exercer dans l'île ou partir faire son année de stage et décrocher sa titularisation ? Quand la décision est prise, Laurence dispose d'à peine 1 mois pour organiser son grand départ : "J'ai de la chance d'avoir une amie qui m'héberge. Financièrement, me prendre un logement et une voiture ce n'est pas possible".
La Réunionnaise passe 1h30 dans les transports en commun pour rejoindre son travail. Elle doit faire attention à ses dépenses pour vivre en région parisienne tout en gardant sa location à Sainte-Marie, où le reste de sa famille vit.
Revenir dès que possible
Laurence vit maintenant loin de son conjoint mais bénéficie de "points d'éloignement". Cela lui permet d'avoir un avantage lors du prochain mouvement de mutation de l'Education nationale.
Avec ces points, elle aura plus de chance, qu'un autre jeune prof, d'être mutée à La Réunion puisque son conjoint y habite. "On demandera un rapprochement de conjoint. Le sacrifice de partir seule me permet, avec ces points, d'espérer pouvoir revenir très rapidement", explique-t-elle. La jeune femme croise les doigts pour un retour à La Réunion dès la rentrée scolaire 2023.