VIDÉO. À la 1ère page, avec "Allons enfants de la Guyane", Hélène Ferrarini livre une enquête inédite sur les Homes indiens

La journaliste Hélène Ferrarini a enquêté sur les pensionnats pour autochtones créés dans les années 1930, afin d’écrire "Allons enfants de la Guyane" (Éditions Anacharsis) qui mêle archives et témoignages. Dans "À la 1ère Page", elle nous relate l'histoire méconnue de ces enfants amérindiens et noirs-marrons, victimes d'une politique d’assimilation forcée menée par le clergé catholique.

En Guyane, pendant des décennies – et aujourd’hui encore à Saint-Georges-de-l’Oyapock – des enfants de différentes communautés autochtones ont grandi dans des "homes indiens", pensionnats tenus par des congrégations catholiques. La politique d’assimilation forcée ainsi menée par l’État français avec l’appui du clergé atteste des persistances coloniales dans ce département d’Outre-mer. 

Dans une enquête approfondie mêlant archives et témoignages, Hélène Ferrarini lève le voile sur une histoire jusqu’alors ignorée dans laquelle la parole des anciens pensionnaires trouve enfin une place. 

L'auteure 

Journaliste indépendante, Hélène Ferrarini pratique le reportage sur le temps long, appréciant adopter une couverture presque documentaire de sujets variés, qu’elle traite par l’écrit, en photographie, en son et même en bande dessinée accompagné par le dessinateur Damien Cuvillier. En 2017, elle publie avec le juriste amérindien Alexis Tiouka un livre d’entretien sur l’histoire du mouvement autochtone guyanais (Petit guerrier pour la paix, les luttes amérindiennes racontées à la jeunesse et à tous les curieux, Editions Ibis rouge.

Attirée depuis l’adolescence par le voyage, Hélène a développé un tropisme pour l’Himalaya et notamment le royaume du Bhoutan, et plus récemment pour l’Amazonie et la Caraïbe. En 2007, elle est lauréate de la bourse Zellidja pour un voyage au Guatemala où elle suit la candidature de Rigoberta Menchu à l’élection présidentielle.

Certains de ses écrits de voyage ont été primés dans le cadre du concours Libé-Apaj et ont été publiés dans le recueil Visages d’ailleurs – Carnet de 22 jeunes voyageurs aux éditions Riveneuve. Elle collabore régulièrement à la rubrique "Voyages" de Libération. 

Lecture d'À la 1ère Page, extrait de "Allons enfants de la Guyane"

De n'avoir pas bien écouté ce que Paul avait alors à me dire a dû faire mûrir en moi une lancinante rengaine, tant et si bien que j'en suis venue à vouloir raconter la vie du home indien de Saint-Georges-de-l’Oyapock. Pour en parler, il fallait savoir d'où venait cette institution dont l'étrangeté prenait de plus en plus de consistance à mes yeux. À lui seul, le home de Saint-Georges ne pouvait répondre à la question que je me posais : pourquoi et comment aujourd'hui en Guyane française des enfants amérindiens grandissaient-ils chez les religieuses, à deux jours de pirogue de leurs parents ? J'ai alors cherché un récit historique expliquant ce système dans lequel des enfants issus de cultures très éloignées du catholicisme étaient confiés à des religieux durant les années cruciales de leur vie, dans une région françaises, ultramarine certes, mais censée être pleinement intégrée à la République. Où, quand, comment, pourquoi cela avait-il commencé ? Quel était le statut de ces enfants ? Quel rôle l'État avait-il joué dans cette histoire ? Comment vivait-on dans ces internats. 

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Réalisation : Jean-Luc Benzimra 
Graphisme et Animation : Joël Cimarron
Copyright : France Télévisions 2022