"Ma mère n'avait pas les moyens de s'occuper de moi en Haïti avec la dureté de la vie. La situation de mon père étant plus favorable, je suis venue le rejoindre en France. C'était dans les années 85/86". La fillette de cinq ans découvre une nouvelle cellule familiale. Elle doit aussi briser la barrière de la langue, elle qui ne maitrise que le créole. L'adaptation est difficile, Marguerite constate que personne ne lui a demandé son avis.
"La personne que je suis aujourd'hui a certainement dû être impactée par cette période car j'ai toujours eu ce besoin de liberté. Même dans mon travail je ne prends pas de CDI. Je ne fais que de l'intérim. C'est vraiment un choix de vie". Son autre choix de vie lui est dicté par sa foi. Marguerite ne se limite pas à ses prières à l'église. Elle est très active au sein de sa paroisse pour aider les autres jusqu'au jour où, "Le premier pas qui a fait que je suis allée dans la rue c'est vraiment un appel de Dieu pour me dire qu'il se passe des choses en dehors de l'église".
Marguerite découvre le monde de ceux qui dorment dans la rue. Elle se rend compte également de l'image négative qu'elle se fait d'eux. Ils lui montrent qu'ils sont des êtres humains eux aussi. Elle commence par organiser des maraudes pour leur venir en aide de manière ponctuelle. Mais elle se sent mal lorsqu'elle rentre au chaud chez elle, "C'est là que m'est venue l'idée du centre social le Refuge où on les héberge dans un lieu où ils ont leur propre chambre. Ils ont juste la cuisine et la salle de bain en commun".
Proposer ce type d'hébergemment permanent permet à Marguerite de se sentir mieux. Selon elle aucun être humain ne devrait dormir dans la rue.