Au moins 216 000 mineurs ont été victimes d'abus sexuels dans l'Eglise depuis 1950. Un rapport de plus de 2.000 pages, en préparation depuis deux ans et demi, détaille pour la première fois l'ampleur des abus sexuels dans l'Eglise catholique en France. La Commission Sauvé estime que le nombre de victimes pourrait atteindre "330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs". Un véritable coup de massue. Derrière les chiffres, des victimes notamment en Outre-mer. Mais dans des territoires ou l’emprise de l’église reste forte, la parole peine à se libérer estime Jean-Marc Sauvé. Le président de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) est interrogé par Jean-Michel Mazerolle d'Outre-mer la 1ère.
"Nous avons eu peu de témoignages des Outre-mer. Nous avons fait dans le rapport une page pour expliquer pourquoi il y a eu aussi peu de témoignages Outre-mer. C'est une question à laquelle nous n'avons pas de réponses. Ce que l'on peut dire c'est que ces territoires sont christianisés. L'empreinte de l'église catholique y est forte. Alors ou bien il y eu moins d'abus sexuels, ou bien notre appel à témoignages n'a pas été entendu; On est peut-être dans un contexte dans lequel la parole ne s'est pas sufisamment libérée Outre-mer", a déclaré Jean-Marc Sauvé.
►Jean-Marc Sauvé
🔴Le président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise catholique (#CIASE ) Jean-Marc Sauvé appelle l'institution à apporter une "réparation" financière à toutes les victimes de violences sexuelles en son sein depuis 1950 en France.
— La1ere.fr (@la1ere) October 5, 2021
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Depuis 2018, la Ciase composée de 22 membres mène une enquête sur tous les abus sexuels perpétrés au sein de l’Eglise ou qui la concerne. Près de 4 800 victimes ont été identifiées, 3 500 contactées et 250 auditions longues ont été menées. Dans le cadre de l’appel à témoignage de la Ciase : "seules 6 réponses à l’enquête de victimologie, soit 0,4 %, sont venues de personnes agressées par un clerc ou un religieux dans des départements et collectivités d’Outre-mer".
Selon la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, Véronique Margron, les victimes n’ont pas parlé dans les Outre-mer car "c’est encore plus difficile dans ces territoires de prendre la parole". Une version que semble corroborer les deux pages du rapport qui s’intéressent aux Outre-mer. Seulement deux pages, car seulement 6 victimes ont été identifiées.
Dans le cadre du "tour de France" entrepris par la Ciase, deux membres de la commission, Mme Laëtitia Atlani-Duault et M. Stéphane de Navacelle, se sont rendus en Guadeloupe et en Martinique, du 18 au 24 février 2020, pour tenir des réunions publiques de présentation de la Ciase et d’échanges sur les violences sexuelles dans l’Église catholique en France, en partenariat avec les représentants locaux de France Victimes.
Les réunions publiques se sont déroulées le 18 février 2020 à Pointe-à-Pitre et le 21 février 2020 à Fort-de-France. Comme l’a relaté la presse locale, un homme a saisi cette occasion pour faire le voyage depuis la Guyane et participer à cette seconde réunion afin d’y évoquer un cas guyanais et la situation du diocèse de Cayenne.