D’une production de 30 millions de tonnes de plastique en 1970, nous sommes passés à 367 millions de tonnes en 2020. Or ce matériau, dérivé du pétrole, est très mal recyclé. Il s'accumule ainsi dangereusement dans l'environnement.
Chaque année, on estime qu’entre 9 et 14 millions de tonnes de plastique sont déversées dans l'océan. Or, 80 à 85 % des déchets retrouvés dans le milieu marin sont en plastique, la moitié est à usage unique. Avec la houle et le vent, ces plastiques s'échouent en partie sur les plages - comme on peut le constater Outre-mer, mais on sait désormais qu'ils sont également consommés par les poissons que nous retrouvons ensuite dans notre assiette.
Afin de lutter contre cette pollution, l'Europe a interdit depuis le 3 juillet 2021 la mise sur le marché de certains produits en plastique à usage unique. Coton-tige, couverts, assiettes, pailles, touillettes, gobelets et emballages de fast-food sont interdits. Tous les pays de l'Union européenne ne se mobilisent pas uniformément contre le plastique. La France fait partie des bons élèves. D’ici 2025, elle souhaite réduire de 20 % les emballages plastiques à usage unique et de 100 % les emballages plastiques inutiles (stratégie 3R). Chaque année, la France consomme plus de 4,5 millions de tonnes de plastiques, dont près de la moitié pour les emballages. La plupart des emballages ménagers et alimentaires sont en plastique, moins d'un tiers est recyclable.
La pollution plastique a contaminé toute la planète jusque dans notre assiette
Avec l'usure, les déchets plastiques de grande taille vont se fragmenter en minuscules particules de plastique, ce qui suscite une forte inquiétude. Les scientifiques ont en effet retrouvé dans bon nombre d'aliments des particules de plastiques d'à peine quelques millimètres. Pour l’instant, ils ne disposent pas de moyens techniques fiables pour retrouver dans des aliments (ou les fluides humains) des particules de taille minuscules comme celles des nano-plastiques.
Les micro-plastiques sont grands comme des miettes de pain, les petits micros-plastiques sont aussi petits que le diamètre d'un cheveux et les nano-plastiques sont mille fois plus petits
Muriel Mercier-Bonin, directrice de recherche à l’Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, au laboratoire Toxalim
Quelque soit leur taille, ces particules de plastiques sont dangereuses pour l'environnement et probablement la santé, d'autant que l'on y retrouve des métaux lourds et toutes sortes de polluants. Les premiers aliments où les scientifiques ont pu isoler des fragments de plastiques sont issus des produits de la mer, en raison de la pollution massive du milieu marin. Mais comme les sols sont également contaminés, ils en ont également retrouvé dans les fruits, les légumes, la viande, le lait, etc. Mais aussi dans tous les produits vendus emballés dans des barquettes ou des films plastiques.
Les chercheurs ont également retrouvé du plastique dans le miel, les produits laitiers, le sucre, le sel, le thé glacé. L'eau en bouteille est plus contaminée aux micro-plastiques que l’eau du robinet même si celle-ci en contient. Et quand ils sont secoués, les biberons en plastique libèrent des millions de microparticules qui contaminent les préparations pour bébés, comme l’a révélé en 2020 une étude anglaise.
Du plastique dans notre corps
Un être humain ingère en moyenne 5 grammes de plastique chaque semaine, soit l’équivalent du poids d’une carte de crédit. Voilà la conclusion d’une étude choc publiée en 2019. Deux ans plus tard, une nouvelle étude vient affiner ces résultats. La quantité de plastique ingéré par semaine varierait entre 0,1 et 5 grammes de plastiques.
Notre santé impactée par le plastique ?
Depuis quelques années à peine, des recherches sont menées pour retrouver où se logent précisément ces particules de plastiques dans notre corps. Les scientifiques ont retrouvé des micro-plastiques dans les selles des adultes et encore plus dans celles des enfants, dans le sang et dans les poumons. Comment le plastique réussit-il à pénétrer notre corps ?
"Respirer un air contaminé ou consommer des aliments ou des boissons pollués permet aux particules de plastiques de pénétrer notre corps. L'ingestion et l'inhalation sont donc les deux voies principales qui permettent aux micro-plastiques d'entrer dans le corps."
Muriel Mercier-Bonin, directrice de recherche à l’Inrae au laboratoire Toxalim
La peau serait potentiellement une troisième voie de pénétration du plastique dans notre corps. Il se pourrait sous certaines conditions qu’elle laisse passer des microparticules de plastique. Or, les scientifiques ont retrouvé du plastique dans de nombreuses crèmes de beauté et dans les fibres de nos vêtements.
Après avoir constaté la présence de plastiques dans notre corps, des scientifiques travaillent à présent sur les impacts potentiels de ces plastiques sur notre santé. En janvier 2022, des scientifiques ont publié une étude sur les effets de cette pollution sur notre intestin.
Une étude récente a révélée que les malades atteints d'inflammation chronique de l'intestin comme la maladie de crohn ou la rectocolite hémorragique ont plus de micro-plastiques dans leurs selles que dans celles de volontaires sains
Muriel Mercier-Bonin, directrice de recherche à l’Inrae au laboratoire Toxalim
Y aurait-il une corrélation entre plastiques et maladies inflammatoires intestinales ? Ces personnes dont les selles sont chargées en plastiques ont-elles des habitudes de vie et alimentaires qui les exposent à une plus grande proximité avec cette pollution ? Des études à l'échelle européenne sont en cours. Elles devraient être publiées d'ici trois ou quatre ans. Il est important de soutenir les chercheurs et la science pour notre santé et notre environnement.