Zika : le premier trimestre de grossesse est le plus critique face au risque de microcéphalie

Bébé microcéphale
Les chercheurs de l’Institut Pasteur et leurs collaborateurs en Polynésie ont mis en évidence que le virus Zika est plus dangereux lors du premier trimestre de grossesse. Ils se sont appuyés sur les données de l’épidémie de Zika sur le Fenua en 2013-2014 et sont parvenus à quantifier le risque. 
Une femme enceinte sur cent ayant contracté le virus Zika (1 %) risque d’avoir un bébé microcéphale, c’est-à-dire un nourrisson ayant une taille anormalement petite du crâne. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs de l’Institut Pasteur associés à des scientifiques en Polynésie se sont appuyés sur les chiffres de l’épidémie de Zika en Polynésie de 2013 à 2014 . En temps normal, hors épidémie de Zika, le risque n’est que 0,02 %.
 

Une épidémie sans précédent

Ces données présentent un intérêt particulier alors qu’une épidémie de Zika sans précédent sévit en Amérique latine et dans la Caraïbe. L’Organisation mondiale de la santé s’attend à une propagation du virus sans précédent. Selon l’OMS, le Zika devrait toucher trois à quatre millions de personnes. Or ce virus qui provoque des symptômes bénins peut aussi entraîner de sérieux risques de complication. Il s’agit du syndrome de Guilain-Barré observé à plusieurs reprises en Polynésie lors de l’épidémie de Zika, mais aussi de nombreux cas de microcéphalie chez les fœtus.
 

Lien entre Zika et microcéphalie

Les chercheurs de l’Institut Pasteur (Unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses) en collaboration avec le bureau de Veille Sanitaire de Polynésie et les centres hospitaliers du Fenua ont établi que sur les 8 cas de microcéphalie mis en évidence lors de l’épidémie de Zika, 7 sont apparus durant les 4 mois qui ont suivi l’épidémie de Zika, ce qui confirme encore une fois le lien entre le virus et l’atteinte du crâne du fœtus. Regardez à ce propos ce reportage de France Ô réalisé à l'Institut Pasteur de Paris :


Un risque non négligeable 

A titre de comparaison, l’Institut Pasteur précise que lorsqu’une femme est infectée par la rubéole durant les trois premiers mois de la grossesse, le risque de complication grave est évalué entre 38 % et 100 %. Face à ces chiffres, le résultat de l’étude (1 %, des femmes enceintes ayant contracté le Zika risque d’avoir un nourrisson microcéphale) paraît bien mince. Toutefois, ce résultat est inquiétant selon l’Institut Pasteur, car la proportion de personnes pouvant être infectées en cas d’épidémie de Zika peut dépasser 50 %.

Conseils de prudence 

L’Institut Pasteur conseille donc aux femmes enceintes de se protéger contre le virus, et tout particulièrement pendant le premier trimestre de grossesse. Toutefois, les scientifiques ne peuvent pas exclure un risque encore présent après la période des quatre mois. L'ensemble de ces travaux a été publié dans la revue The Lancet.  
Une étude réalisée entre Paris et la Polynésie
Cette étude a été réalisée grâce au travail de chercheurs de l’Institut Pasteur - unités Modélisation mathématique des maladies infectieuses, dirigée par le Dr Simon Cauchemez, et Epidémiologie des maladies émergentes, dirigée par le Prof Arnaud Fontanet, en collaboration avec le Bureau de Veille Sanitaire de Polynésie française et les centres hospitaliers de Polynésie Française, Necker et Trousseau.