Deux petites billes blanchâtres accompagnées d'une rose fluo : dans sa main, le rasta "One sting", néo-chirurgien à ses heures, tient trois "bouglous" qu'il implantera bientôt dans des verges, une pratique carcérale censée multiplier le plaisir féminin, qui se propage en Guyane.
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"Des bouglous, j'en ai mis des centaines", sourit cet homme portant de longs dreadlocks, assis sur la terrasse en bois d'un salon de tatouage bon marché, dans un quartier pauvre de Saint-Laurent du Maroni, deuxième ville du département, située dans l'ouest. Et de montrer un manche de brosse à dents, dont les additifs péniens sont issus. "Je les fabrique à la main. Je les lime", raconte-t-il. Jusqu'à parvenir à des sphères ou cylindres parfaits, mesurant de quelques millimètres à un centimètre.
Le bouglou a, de fait, une forte connotation carcérale. Dans le centre pénitentiaire de Guyane, près de Cayenne, près de 47% des détenus interrogés en portent au moins un, dont 63% en ont moins de six et 2% plus de vingt, observe le médecin pénitentiaire Vincent About, qui a compilé des données sur plusieurs années. Là, les bouglous sont aussi appelés "dominos", car ils sont fabriqués à partir de pièces de ce jeu chinois. La pose s'y fait dans des conditions spartiates. Si certains "docteurs dominos" utilisent des lames de rasoirs, d'autres se servent de "couvercles de boîtes de sardines", chauffés à blanc ou enduits de désinfectant, observe le médecin.
Ils causent en outre la "dyspareunie", soit des douleurs durant les rapports, qui font qu'"un grand nombre de détenus, une fois libérés, soient sommés par leur partenaire de les enlever", note le médecin, qui a fait agrandir "des photos de complications", montrant des sexes déformés, pour dissuader les candidats. "Ma meilleure copine m'a dit : 'ça fait mal' et 'ça ne fait pas autant d'effet qu'ils le disent'", ironise Huguette, une serveuse. Alors que 29% des détenus qui portent des bouglous se les sont fait poser avant la prison, la jeune femme confie que ses frères, bien insérés, en ont "pour le style".
"One sting" est convaincu de leur efficacité. Et raconte l'histoire d'un homme au "long pénis" qui en avait "75" et pour qui "les femmes se battaient". "Moi, quand j'avais mes billes, mes conquêtes tremblaient", se souvient-il. Il les a pourtant retirées sur injonction de sa compagne.
Une pratique née dans les prisons
Pour 20 euros, "One sting", ainsi surnommé car il ne "pique" qu'une fois chaque client, évitant les douleurs inutiles, selon ses dires, fournit, outre le bouglou, un petit scalpel - qu'il affirme à usage unique -, un baume visant à engourdir le membre, ainsi qu'un antibiotique, acheté au Suriname voisin. Il insère l'implant sous la peau. L'opération, rapide, se fait de nuit et "à la lumière de (son) téléphone portable", pour ne pas trancher les veines, rendues "bien rouges", qui irriguent le pénis, explique-t-il. "Ce sont des gens qui sortent de prison qui m'ont appris, narre le rasta. J'ai pratiqué sur eux en premier."Le bouglou a, de fait, une forte connotation carcérale. Dans le centre pénitentiaire de Guyane, près de Cayenne, près de 47% des détenus interrogés en portent au moins un, dont 63% en ont moins de six et 2% plus de vingt, observe le médecin pénitentiaire Vincent About, qui a compilé des données sur plusieurs années. Là, les bouglous sont aussi appelés "dominos", car ils sont fabriqués à partir de pièces de ce jeu chinois. La pose s'y fait dans des conditions spartiates. Si certains "docteurs dominos" utilisent des lames de rasoirs, d'autres se servent de "couvercles de boîtes de sardines", chauffés à blanc ou enduits de désinfectant, observe le médecin.
Douleureux et dangereux
"En prison, il faut faire ça pour montrer que tu es un homme", affirme un ancien détenu, interrogé par l'AFP. "J'ai aussi mis des bouglous car ça fait tourner la tête des femmes", poursuit-il, confiant avoir toutefois enlevé les siens car sa concubine "n'aimait pas". "Ça lui faisait mal". Les dominos, dont la pose génère "hémorragies et infections", selon le Dr About, favorisent la transmission de maladies vénériennes ou du VIH, extrêmement présent dans les prisons guyanaises avec une prévalence de 2,9%, contre environ 1% dans le département et 0,35% pour la population française.Ils causent en outre la "dyspareunie", soit des douleurs durant les rapports, qui font qu'"un grand nombre de détenus, une fois libérés, soient sommés par leur partenaire de les enlever", note le médecin, qui a fait agrandir "des photos de complications", montrant des sexes déformés, pour dissuader les candidats. "Ma meilleure copine m'a dit : 'ça fait mal' et 'ça ne fait pas autant d'effet qu'ils le disent'", ironise Huguette, une serveuse. Alors que 29% des détenus qui portent des bouglous se les sont fait poser avant la prison, la jeune femme confie que ses frères, bien insérés, en ont "pour le style".
"One sting" est convaincu de leur efficacité. Et raconte l'histoire d'un homme au "long pénis" qui en avait "75" et pour qui "les femmes se battaient". "Moi, quand j'avais mes billes, mes conquêtes tremblaient", se souvient-il. Il les a pourtant retirées sur injonction de sa compagne.