Départ de l'expédition Sargasses de Cayenne en Guyane

L'Antea, le navire de l'IRD
Du 19 juin au 13 juillet, des chercheurs vont partir en expédition pour tenter de découvrir l'origine des algues sargasses qui s'échouent régulièrement en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane. A bord de l'Antea, le navire océanographique de l'IRD, ils vont emmaganiser le plus de données possibles.
Départ de Cayenne ce lundi 19 juin. Le navire océanographique Antea de l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement) voguera à la rencontre des algues sargasses. Cette expédition menée par Thierry Thibaut, professeur à l’université d’Aix-Marseille et spécialiste des algues brunes vise à comprendre l’origine des ces sargasses qui empoissonnent régulièrement la vie des habitants de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane.
 
 

Consortium de recherche

Depuis deux ans, ce chercheur travaille au montage de cette mission Sargasses. "La France a les moyens d’étudier ce phénomène, explique Thierry Thibaut à La1ère. Nous avons créé un consortium de recherche dans ce but. Il ne faut pas tout attendre des Américains. Nous avons obtenu le feu vert de Nicolas Hulot, le ministre de l’Environnement qui nous a soutenu dans ce projet".
 

Retour des sargasses

Cette expédition est d'autant plus intéressante que les sargasses sont déjà revenues sur les côtes de la Guadeloupe comme en témoignent ces images filmées à Petit-Bourg : 


Hydrogène sulfuré

Les chercheurs français ne savent toujours pas expliquer pourquoi et comment des algues sargasses viennent régulièrement s’échouer depuis 2011 sur les plages de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane. Or quand elles ne sont pas ramassées ces algues pourrissent et libèrent de l’hydrogène sulfuré. Non seulement ces gaz sentent particulièrement mauvais, mais en plus ils sont dangereux pour les populations qui vivent à proximité. Regardez le reportage tourné en Martinique par France Ô en 2015 :
 


Nouvelle mer des sargasses

Première étape de l’expédition : aller à la source en explorant la petite mer des sargasses, ainsi surnommée par les scientifiques. L’équipe de chercheurs menée par Thierry Thibaut souhaite identifier cette nouvelle mer située à environ 500 kilomètres au large des côtes de la Guyane. Les chercheurs ne connaissent pas son origine "A-t-elle été créée grâce à des bouts de sargasses qui se sont détachées de la mer des sargasses dans l’Atlantique nord ? se demande Thierry Thibaut. Grâce à des prélèvements et de la recherche génétique, les scientifiques de l’expédition Sargasses espèrent répondre à cette question.
 

Escale à Pointe-à-Pitre

L’expédition fera ensuite route vers Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. L’équipage est attendu le 30 juin et doit rester sur place jusqu’au 2 juillet. Curieusement, l’expédition Sargasses ne fera pas escale en Martinique. Elle ira enfin étudier la mer des Sargasses dans l’Atlantique nord jusqu’au 13 juillet. Les scientifiques espèrent ainsi comprendre pourquoi les sargasses ont déferlé sur les côtes des Antilles tous les ans depuis 2011 sauf en 2014 et en 2016.  Comment, notamment, expliquer le manque de régularité du phénomène ?
 
Les algues Sargasses reviennent sur le littoral guadeloupéen

L'influence des grands fleuves

Autre question : l’influence des grands fleuves du Brésil. "Pour se développer, les algues ont besoin de soleil, de chaleur et d’engrais, précise le chef de l’expédition Sargasses". Les fleuves Orénoque et Amazone qui charrient des engrais favorisent-ils la prolifération des algues sargasses au large du Brésil ? En prélevant des échantillons de sargasses dans l'Atlantique sud, et en analysant leur teneur en azote et en carbone, les chercheurs pourront peut-être apporter une réponse à cette question.

Influence des brumes de sable

L’expédition Sargasses devrait aussi permettre d’en savoir plus sur l’influence des brumes de sable sur les sargasses. "Les sables du Sahara apportent du fer nécessaire aux plantes pour faire leur photosynthèse", explique Thierry Thibaut à La1ère. Avec nos analyses, nous allons creuser cette question", conclut-il.
 
Brume de sable au dessus de la Martinique

Sargasses et température de l'eau

Les chercheurs vont aussi s’intéresser à la température de l’eau et à son influence sur les algues sargasses. Mathilde Guéné de l’Université des Antilles travaillera sur  la pollution des radeaux de sargasses par les micro plastiques. Amandine Bordin du GEPOG (Groupe d’étude et de protection des oiseaux en Guyane), spécialiste des cétacés s’intéressera en particulier au suivi de deux espèces emblématiques : le mérou et le dauphin géant de Guyane. 

Emmagasiner des données

La dizaine de chercheurs embarqués à bord de l’Antea va donc emmagasiner le plus d’échantillons et de données possibles afin de répondre aux multiples questions que posent les sargasses. Ces scientifiques viennent à la fois de l’IRD, de l’Université d’Aix-Marseille, de l’université des Antilles, de l’université de Bretagne et du GEPOG.