Le soleil se lève à peine que les militaires sont déjà tous prêts à parader. Tous attendent du bout de la piste le "go" pour pouvoir s’entraîner à défiler vers la tribune présidentielle.
Et même lors des répétitions, il n’y a pas d’exception à la rigueur miliaire. L’allure à respecter est de 14,4 km/h. C’est une fois que les caméras seront parfaitement axées et le drone élancé que les premiers essais pourront débuter.
C’est finalement entre deux parades que La 1ère a rencontré l’adjudant Ulupano. Du haut de son VBCI (Véhicule Blindé de combat de l’infanterie), le Futunien s’est livré sur sa vie, son parcours et ses origines.
"On est entrainé à gérer l’éloignement"
Engagé dans l’Armée de Terre depuis plus de dix-huit ans, le père de famille futunien a du quitter son "caillou" en 2004. Adjudant de la section d’appui de la 16ème BCP (6ème Bataillon de Chasseur à Pied), c’est la deuxième fois qu’il défile sur les Champs Élysées, une fierté pour lui, comme pour ses proches.
Je pense que ma famille est fière. Je suis déjà parti loin de mon "caillou". Pour eux, le fait de voir encore leur enfant au défilé ou en mission, c’est une fierté. Pour moi ? Évidemment que oui.
Adjudant Ulupano - 16è Régiment de Chasseurs à pied de Bitche
Pour ses enfants, c’est d’autant plus fort. Malgré la distance et les missions allant de quatre à six mois, ils continuent de voir leur père comme un modèle. Pour l’adjudant, "comme beaucoup d’enfants, ils ont comme guide leurs parents. C’est normal qu’ils s’intéressent à notre métier".
Originaire de Futuna, l’adjudant profite de Concession de Passage Gratuit (CPG), un cumul de permissions prévues par l’Armée pour retourner chez lui. Il se considère "chanceux" d'y être retourné avec sa famille quatre fois depuis son engagement, mais espère le refaire "dès que possible". Il ajoute que l'éloignement fait partie intégrante de son quotidien, un engagement en connaissance de cause : "On est aussi préparé à cela. On est entrainé à gérer l’éloignement".
Son second défilé sur les Champs Élysées
Un "honneur", une "fierté", sont des termes que l'adjudant utilise à nombreuses reprises durant l'entretien. Il a participé à de nombreuses missions, notamment en Afghanistan en 2012, missions pour lesquelles il a été reçu par le Président de la République pour ses services exceptionnels.
Rencontrant à deux reprises le Président Macron, il a également participé à la sécurisation et l’évacuation de ressortissants occidentaux lors de l’opération Apagan en 2021, suite à la prise de Kaboul par les Talibans. En 2024, son bataillon se rendra sur le sol roumain pour une mission d'une durée de quatre mois.
Le chef d'engin se revoit étant jeune. Toujours perché du haut de son VBCI, un véhicule blindé de 30 tonnes, spécialement repeint comme tous les autres engins de combat, il ne cache pas sa fierté de se présenter une nouvelle fois face au Président de la République, chef des Armées.
En étant jeune soldat, on est amené à se présenter devant nos chefs. Là, on se présente, en représentant notre bataillon, au chef de l’État. Nous représentons les bataillons d’acier, c’est une fierté personnelle, ma famille est très contente.
Adjudant Ulupano - 16è Régiment de Chasseurs à pied de Bitche
Aucune de ses missions n'est comparable, mais le militaire, qui reconnait l'"importance de chaque mission", ajoute préférer les "OPEX" (opérations extérieures, ndlr), celles-ci étant plus "dynamiques" que les autres.
Pour l'heure, l'adjudant Ulupano s'entraîne pour son défilé sur les Champs-Élysées, avant d'embarquer pour la Roumanie en 2024. Entre-temps, il se prépare également à passer le concours d'officier de l'armée de terre.