1943-1945 : Roger Sauvage, aviateur antillais, héros de la France Libre

Roger Sauvage (à droite), Parisien d'origine martiniquaise et as de l'escadrille Normandie-Niemen
Huit mai 1945. Un aviateur, d’origine martiniquaise par son père, patrouille dans le ciel au-dessus de Berlin. Il est l'un des pilotes de chasse de la France Libre et de la célèbre escadrille Normandie-Niemen. Roger Sauvage est né et a grandi dans le quartier de Ménilmontant à Paris.
Roger Sauvage a rejoint la France Libre du Général de Gaulle, avant d’être envoyé combattre au sein de la prestigieuse escadrille Normandie-Niemen, dans le ciel de Russie. Il n’a pas connu son père, un jeune soldat martiniquais tué quelques semaines après son arrivée au front, en 1917 pendant la première guerre mondiale.


La Russie se souvient

Le 8 mai 2010, une cérémonie commémorative solennelle avait eu lieu devant le monument aux aviateurs du 16e régiment "Normandie-Niemen" à Moscou. Parmi les anciens combattants russes présents, il y avait Ioury Fedorine : "J’assurais la maintenance de l’avion de chasse piloté par un aviateur français d’origine antillaise. C’était un ami, notre lien était fort. Je suis fier de cette amitié, née pendant les dures années de la guerre contre l’Allemagne hitlérienne. Il était courageux, car français, gaulliste, combattant l’élite de la chasse allemande et il était noir. Si les nazis l’avaient capturé, ils l’auraient fusillé."

Aujourd’hui, sur une base aérienne de la défense russe à proximité de Moscou, c’est un grand portrait de Roger Sauvage qui accueille les visiteurs. La Russie ne l’a pas oublié. Souvenirs de guerre d’un pilote de chasse, enrichi de dizaines de photographies, le livre "Un du Normandie-Niemen" a été réédité. Son auteur, le capitaine Roger Sauvage, décédé en 1977, est né le 26 mars 1917 rue de la Chine, sur les hauteurs de Ménilmontant à Paris. Sa mère, qui l'élève seule, est fleuriste dans ce quartier populaire de l’Est parisien. Roger Sauvage n’a pas connu son père, un jeune soldat martiniquais qui sera tué lors de l’offensive sanglante du Chemin des Dames en octobre 1917.
 

Un p'tit gars de Ménilmontant

Au cours de sa jeunesse solitaire, coupée de ses racines antillaises, Roger Sauvage a néanmoins découvert le scoutisme, puis le vol à voile. Il entre à l’école Boulle pour des études de mathématiques et de mécanique. En parallèle, il s’inscrit au groupe aéronautique universitaire. En 1935, il s'engage dans l’armée de l’air et prendra part aux combats aériens dans le ciel de France en 1940, avant de rejoindre la France Libre à Alger.
  
Roger Sauvage en Russie pendant la seconde guerre mondiale


La guerre jusqu'à la victoire

En1943, Roger Sauvage rejoint l’escadrille Normandie-Niemen en Russie. Durant plus de deux années de guerre, Il abattra 16 avions de chasse allemands et participera notamment aux durs combats aériens dans le ciel de Biélorussie puis de Prusse orientale contre l’escadrille de chasse de l’as allemand Werner Mölders. Le général de Gaulle, invité à Moscou en décembre 1944, rencontrera le régiment Normandie-Niemen, retiré spécialement du front. Roger Sauvage participera à la grande parade aérienne de la victoire, en 1945, au Bourget devant près d’un million de personnes. Il est titulaire de nombreuses décorations militaires françaises et russes.
 
©INA

 
Un livre pour ne pas oublier

En 1950, Roger Sauvage publie le récit de son expérience au sein de la célèbre unité de chasse franco-russe. Racontant la vie du "Neu-Neu" au plus près des combats aériens et du quotidien des pilotes comme des mécaniciens, "Un du Normandie-Niemen" rencontre un vif succès dès sa sortie en 1950. L'ouvrage a été réédité plusieurs fois. Les éditions Heimdal ont répondu à l’attente des passionnés en proposant une version grand-format comprenant l’intégralité du texte original, enrichie d’éclairages historiques. Cette nouvelle édition comporte aussi, grâce à la famille de Roger Sauvage, un très grand nombre de photos dont une bonne partie prises par l’aviateur lui-même sur le front de l’Est.