Portraits de soldats de l’Outre-mer

Ils ont entre 19 et 45 ans, ils sont nés en Outre-mer et ont été sélectionnés par leurs supérieurs pour avoir l’honneur de défiler le jour de la fête nationale sur les Champs Elysées. Tous sont émus de pouvoir descendre la plus belle avenue du monde et venir saluer le chef de l’Etat.

Le maître de guerre

Capitaine Weiss, officier supérieur-adjoint du régiment au 1er régiment de chasseurs parachutistes


Originaire de Nouvelle Calédonie, le capitaine Weiss est le parfait exemple d’une carrière réussie au sein de l’armée. Entré comme simple soldat à 18 ans, il est aujourd’hui officier supérieur après 27 ans de service. Présent sur tous les théâtres d’opérations extérieures de ces 20 dernières années, il a été décoré à de nombreuses reprises.

"Je suis rentré dans l’armée à 18 ans en décembre 1985. C’est la foi et l’envie de servir mon pays qui m’ont motivé. J’ai servi sur de nombreux théâtres d’opération en Afrique, dans les Balkans et en Asie. Mon premier objectif était d’intégrer l’institution militaire, mais l’idéal était de servir comme parachutiste. C’est ainsi que j’ai rejoint ce beau régiment qu’est le 1er RCP.
J’ai commencé comme soldat, puis je suis passé par la voie indirecte pour devenir sous-officier en 1989. En 2005, j’ai réussi le concours des majors et officier en 2006 en accédant au grade de lieutenant. L’armée m’a tout apporté car j’ai pu atteindre tous les objectifs que je me suis fixés et que je continue à apprendre tous les jours
J’ai été cité quatre fois pour des décorations. J’ai la médaille militaire, qui est la troisième distinction après la légion d’honneur et la croix de la Libération. J’ai aussi la Croix de la valeur militaire avec trois citations, la croix du combattant, la commémoration française, le titre de la reconnaissance de la nation, la médaille de l’Outre-mer et toutes les commémorations des missions OTAN que j’ai pu réaliser, notamment au Cambodge, en ex-Yougoslavie et en Afghanistan.
C’est la troisième fois que je défile sur les Champs. Mon dernier défilé, c’était en 2009. J’ai eu l’honneur de porter le drapeau de notre glorieux régiment. J’ai aussi eu l’honneur de le porter lorsqu’il a été décoré de la fourragère aux couleurs de la légion d’honneur. Cette année, je coordonne un défilé un peu spécial puisque c’est le premier depuis notre retour d’Afghanistan en novembre 2011.
En 27 ans, je ne suis retourné que trois fois en Nouvelle-Calédonie pour passer des vacances et voir mes parents et ma famille. Je ne sais pas encore si j’y passerai ma retraite, car l’institution nous offre beaucoup de possibilités. J’aimerais y finir mes jours, mais ce n’est pas encore d’actualité".

Le mécano des étoiles

Sergent Nahei Heiuraiterai, élève sous-officier de l’armée de l’air

Nahei est un modèle d’intégration par l’armée. Entrée dans l’armée de l’air à 16 ans en tant qu’ « arpète », elle y a passé un bac technique, avant d’intégrer l’école de formation des sous-officiers de Rochefort où elle est parmi les meilleurs élèves dans une spécialité peu féminisée : le traitement des informations et les systèmes de détection, les radars.
Ce sont les valeurs de rigueur, de respect et de cohésion qui m’ont menée vers l’armée. J’ai quitté Tahiti à 16 ans pour intégrer l’école d’enseignement technique de l’armée de l’air en août 2009 en tant qu’arpète. Après l’obtention de mon bac, j’ai intégré l’école des sous-officiers de l’armée de l’air de Rochefort.
Actuellement, je suis mécanicien sur radar. Mon ambition était de m’imposer dans un métier pas féminin. Je suis encore en formation, mais je suis impatiente d’obtenir une affectation en base aérienne pour pouvoir mettre en pratique mes connaissances, idéalement, j’aimerais être affectée à une base opérationnelle, mais on verra. Pour l’instant, j’essaye de maintenir un bon niveau scolaire, et de développer mes qualités en pratique. A ce jour et sur la totalité de mes périodes, j’ai une moyenne de 16/20.
Par la suite, je souhaiterai poursuivre dans le corps des officiers en passant le concours de l’école militaire de l’air.
C’est mon premier défilé sur les Champs Elysées. Je suis fière de marcher dans les pas de mes camarades d’Outre-mer qui ont été mis à l’honneur l’année dernière, et je sais qu’à Tahiti, tout le monde sera devant la télévision et en particulier ma famille.

Piloter un sous-marin nucléaire…

Second Maître Freddy, artilleur et barreur de sous-marin nucléaire.

Originaire de l’île de La Réunion, Freddy ne donne que son prénom, comme c’est l’usage pour les équipages de sous-marins nucléaires. Il est à la fois artilleur, chargé des munitions, torpilles et missiles embarqués à bord, et barreur, c’est-à-dire pilote de sous-marin.

Depuis tout petit, j’ai toujours voulu être dans la marine. J’aime être en équipage et voyager. J’ai commencé en tant que volontaire marine en 2007 à La Réunion et j’ai passé le concours pour m’engager en 2009 et je suis arrivé en métropole en 2011 pour faire sous-marin à Toulon.
Je viens de quitter l’école sous-marine et je commence à apprendre mon métier qui consiste à gérer les munitions, les armes, les torpilles et les missiles, et bien sûr à faire barreur. Piloter un sous marin, c’est un peu comme l’aviation, c’est un pilotage en 3D.
J’ai été décoré quand j’étais en surface, mais pas encore depuis que je suis en sous-marin, mais j’ai le temps. Je compte faire une belle carrière dans la marine, passer tous les concours que je pourrai et aller le plus loin possible. Peut-être pas jusqu’à amiral, mais le plus loin possible.
Pour l’instant, mon meilleur souvenir de l’armée ça a été le défilé du 14 juillet de l’année dernière. Le thème était l’Outre-mer. J’étais dans le bloc avec tous les Martiniquais, Guadeloupéens. C’était mon premier 14 juillet à Paris donc c’était vraiment exceptionnel.
Aujourd’hui, c’est mon deuxième défilé. Je suis extrêmement fier de représenter l’escadrille des sous-marins nucléaire d’attaque de Toulon.
Je retourne à La Réunion au moins une fois par an, et à chaque fois que j’ai des vacances assez longues.

L’école de la vie

Elève sous-officier Andy Laviolette

Originaire de la Martinique, Andy a 21 ans et il étudie à l’ENSOA de Saint-Maixent.

Je voulais un métier qui bouge pour l’avenir, et comme j’ai de la famille dans l’armée, le choix a été rapide. Je pense que c’est l’école de la vie, et que j’ai tout à apprendre.
En fin de terminale, j’ai décidé de m’engager en tant qu’EVAT [engagé volontaire de l’armée de terre, ndlr]. Je me suis vu proposé tout de suite une carrière de sous-officier, mais j’ai voulu aller d’abord à l’université. Après deux ans de géographie en Martinique, je suis venu à Saint-Maixent. J’ai eu un peu de mal à m’adapter au froid, mais ça va mieux maintenant.
A la fin de l’école, je compte m’engager dans le régiment du train parceque j’ai toujours été intéressé par la logistique et tout ce qui va avec. En tant que sous-officier, on a plusieurs taches, on ne reste pas toujours dans sa spécialité. C’est cette diversité qui m’intéresse… Et l’action aussi ! Je suis très intéressé par les opex [opération extérieures, ndlr], je compte vraiment y aller.
Actuellement, je suis en train de vivre la plus belle expérience de ma vie. Ca ne se voit pas, mais je suis très ému : je suis sur les Champs Elysées et je m’apprête à défiler devant tout le monde et devant mes parents qui vont me regarder à la télévision.

Cuistot de guerre

Quartier maître Filoména, de la frégate Chevalier Paul

Originaire de Futuna, le quartier maître Filoména ne peut pas donner son nom car elle a participé aux récentes opérations en Lybie en tant que maître d’hôtel sur le Chevalier Paul, le navire de protection anti-aérienne le plus moderne de la flotte française. A 25 ans, elle a déjà fait son baptême du feu.

Je travaillais en tant qu’agent technique de magasin, et je sentais que quelque chose n’allait pas. Je suis donc rentrée dans la marine en 2010 à l’âge de 23 ans. En 2011, j’ai été affectée au Chevalier Paul, qui partait en Lybie. J’étais très motivée pour partir à la guerre, protéger les civils et lutter contre les pro-Kadhafi. Je suis maître d’hôtel du carré officiers supérieurs. C’est important d’avoir un maître d’hôtel à bord. Avec ma collègue, on faisait des petites améliorations pour que les officiers puissent goûter après les combats.
J’ai été décorée pour les deux harmattans [nom de code de l’opération en Lybie, ndlr] auxquels j’ai participé.
J’ai choisi la Marine car c’est un corps d’arme qui bouge beaucoup, qui fait plein de choses intéressantes que je n’aurais pas eu l’occasion de faire en travaillant dans le civil. Je ne sais pas à quel grade je finirai, mais je veux faire une belle et longue carrière dans la marine.
Aujourd’hui c’est mon premier défilé. Je suis très fière d’avoir été choisie pour défiler sur une belle avenue, devant le Gouverneur, le public, et surtout ma famille. J’espère retourner à Futuna l’année prochaine car je n’y suis pas allé depuis quatre ans.

Marin de père en fils

Quartier-maître - maistrancier Maxence Ascension

Né à Nouméa, ce jeune fils de major de la Marine a intégré Maistrance dès le bac en poche. A 19 ans, il se passionne pour l’électronique, au cœur de la stratégie militaire moderne.

Mon père était mécanicien naval, et j’ai toujours aimé ce milieu où il y a beaucoup de cohésion. J’ai choisi la Marine parceque j’ai l’esprit d’équipe et que j’aime la vie de groupe, mais aussi grâce à mon père et à la préparation militaire que j’ai faite à Nouméa et qui m’a permis de découvrir le milieu de la Marine beaucoup plus en profondeur.
J’ai décidé de m’arrêter ma scolarité au bac parceque la Marine c’était vraiment ça que je voulais faire. Mais la formation militaire, c’est un peu comme des études supérieures, et j’ai très vite intégré Maistrance. C’est une école d’excellence qui forme les officier mariniers. Nous sommes environ 800 par an à passer par là dans une trentaine de spécialités.
Personnellement, je viens de terminer ma spécialité d’électronicien de bord la semaine dernière. Je pense que c’est un métier d’avenir parceque la guerre électronique, la détection anti-sous-marine, c’est vraiment fondamental pour protéger nos sous-marin qui sont la force stratégique de la Marine.
Pour l’instant, je veux finir mon brevet d’aptitude technique à Lorient. Après, j’aimerais faire une belle carrière d’officier marinier.
C’est la première fois que je défile. Je suis fier que mes parents me voient ici, surtout pour représenter la Marine et l’école de Maistrance en particulier, devant le président de la République.