Trois ans après le séisme qui a frappé son pays, l’écrivaine haïtienne publie un roman dérangeant, largement inspiré de la situation sociale actuelle.
L’ouvrage prend forme sur le drame humanitaire qui ravage une île déjà éreintée par de douloureuses convulsions économiques, politiques et sociales à répétition. Fito Belmar, architecte-urbaniste qui a connu un succès international avec son premier roman, est l’un des acteurs et témoins de ce drame. Chargé de projets de rénovation dans l’immense camp de réfugié de Canaan, près de la capitale Port-au-Prince, il côtoie quotidiennement les formes extrêmes de la misère humaine, qu’elle soit physique et morale.
Celle-ci sera la cause de sa déchéance, une plongée assumée dans l’abjection qui le conduira difficilement à une nouvelle conscience de lui-même, et, paradoxalement, à une forme de rédemption. L’intervention d’une mystérieuse et salvatrice étrangère y sera pour beaucoup.
"A travers cette histoire, qui se déroule environ un an après le séisme, j’ai voulu porter un regard sur la situation haïtienne en parlant de ce camp de réfugiés" explique Kettly Mars. "Je rends compte des contradictions de notre société, de l’angoisse devant l’avenir, car on fait du sur place. Il y a une force du statu quo en Haïti, alimentée par un déficit de confiance entre le peuple et le gouvernement. Cela se traduit par l’impuissance que je décris dans mon livre. Toutefois je ne voulais pas écrire un roman post-séisme. Le séisme n’a pas eu d’importance sur ma qualité d’écriture et mon esthétique personnelle".
La narratrice raconte également la vie des camps, de manière précise, parfois clinique. La déshumanisation, la pauvreté chronique, la soif et la faim, les combines pour s’en sortir, la drogue et la prostitution, dans ses formes les plus viles, où va sombrer le personnage principal. "Je ne veux pas tirer pas de lignes de moralité", précise Kettly Mars. "Un roman doit aller jusqu’au bout des personnages de façon à trouver leur vérité. Je ne veux pas édulcorer un vécu pour plaire à un lectorat".
Face au dénuement et à l’impasse dans lesquelles se trouve Haïti, que peuvent encore l’art, la littérature, et la culture en général ? "Nous pouvons accompagner une renaissance, un mouvement. Mais je ne suis pas politique, ce n’est pas dans ma nature. La politique c’est un métier, ça ne s’improvise pas", confie la romancière.
"Toutefois nous avons une voix qui porte, nous pouvons être un groupe de pression, un garde-fou. Nous voulons aussi partager nos oeuvres avec notre peuple, même si, malheureusement, ceux qui ont besoin de nous en Haïti ne nous entendent pas toujours. Et nous souhaitons avant tout continuer et grandir avec notre créativité."
Kettly Mars - « Aux frontières de la soif » - éditions Mercure de France, janvier 2013 - 166 pages - 16,50 euros.
Celle-ci sera la cause de sa déchéance, une plongée assumée dans l’abjection qui le conduira difficilement à une nouvelle conscience de lui-même, et, paradoxalement, à une forme de rédemption. L’intervention d’une mystérieuse et salvatrice étrangère y sera pour beaucoup.
"A travers cette histoire, qui se déroule environ un an après le séisme, j’ai voulu porter un regard sur la situation haïtienne en parlant de ce camp de réfugiés" explique Kettly Mars. "Je rends compte des contradictions de notre société, de l’angoisse devant l’avenir, car on fait du sur place. Il y a une force du statu quo en Haïti, alimentée par un déficit de confiance entre le peuple et le gouvernement. Cela se traduit par l’impuissance que je décris dans mon livre. Toutefois je ne voulais pas écrire un roman post-séisme. Le séisme n’a pas eu d’importance sur ma qualité d’écriture et mon esthétique personnelle".
Déshumanisation
La narratrice raconte également la vie des camps, de manière précise, parfois clinique. La déshumanisation, la pauvreté chronique, la soif et la faim, les combines pour s’en sortir, la drogue et la prostitution, dans ses formes les plus viles, où va sombrer le personnage principal. "Je ne veux pas tirer pas de lignes de moralité", précise Kettly Mars. "Un roman doit aller jusqu’au bout des personnages de façon à trouver leur vérité. Je ne veux pas édulcorer un vécu pour plaire à un lectorat".Face au dénuement et à l’impasse dans lesquelles se trouve Haïti, que peuvent encore l’art, la littérature, et la culture en général ? "Nous pouvons accompagner une renaissance, un mouvement. Mais je ne suis pas politique, ce n’est pas dans ma nature. La politique c’est un métier, ça ne s’improvise pas", confie la romancière.
"Toutefois nous avons une voix qui porte, nous pouvons être un groupe de pression, un garde-fou. Nous voulons aussi partager nos oeuvres avec notre peuple, même si, malheureusement, ceux qui ont besoin de nous en Haïti ne nous entendent pas toujours. Et nous souhaitons avant tout continuer et grandir avec notre créativité."
Kettly Mars - « Aux frontières de la soif » - éditions Mercure de France, janvier 2013 - 166 pages - 16,50 euros.