Droits des femmes : mieux vaut casser le plafond de verre que d'imposer des quotas, selon Christiane Taubira

La ministre de la Justice Christiane Taubira, le 20 février 2013 à l'Assemblée nationale
Imposer des quotas pour faire avancer l'égalité des sexes n'est pas la panacée, a affirmé vendredi la ministre française de la Justice, Christiane Taubira en faisant remarquer que "tout ce qui est automatique est gênant" et pourrait s'avérer contre-productif pour les femmes. 
"La question des quotas est une question délicate parce que tout ce qui est automatique est gênant", a affirmé Mme Taubira à Bruxelles où elle participait à une réunion des ministres européens de la Justice.

La Commission européenne a proposé d'imposer des quotas de 40% femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises européennes mais le projet, défendu par la commissaire en charge de la Justice, Viviane Reding, a du plomb dans l'aile. L'Allemagne, le Royaume-Uni et plusieurs autres Etats membres sont hostiles à cette proposition.

"Plutôt que de travailler seulement sur les quotas nous considérons qu'il faut surtout casser les 'plafonds de verre' (qui empêchent les femmes d'accéder aux échelons supérieurs, ndlr)", a dit Mme Taubira. Elle a plaidé en faveur de mesures législatives qui sanctionnent les entreprises et "d'abord les administrations" qui ne respectent pas la parité. "Il faut également faire en sorte que les femmes soient en situation de postuler (au poste qui les intéresse) et de poursuivre leur carrière", après un congé maternité ou parental notamment.

"Suspicion de non-légitimité"

"Il y a des situations où les quotas sont indispensables mais il est mieux de créer une dynamique et de casser les obstacles, de détruire les mécanismes qui empêchent l'accession des femmes" aux postes de responsabilité, a-t-elle poursuivi. "Les quotas sont un constat d'échec", a estimé la Garde des Sceaux qui a également souligné que leur instauration "entraîne une suspicion de non-légitimité". "Et nous ne voulons pas que les femmes subissent cela", a-t-elle insisté.

"Si le seul moyen de progresser c'est le quota, alors nous adopterons le quota mais nous pensons que pour la vitalité de nos sociétés démocratiques il vaut mieux casser le plafond de verre, supprimer les mécanismes automatiques, sanctionner sévèrement et faire en sorte que la démocratie respire", a-t-elle dit.

Dans une réaction à l'AFP, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a tenu ensuite à souligner que "le gouvernement soutient la directive Reding et le principe de quotas de femmes dans les conseils d'administration".