Il se prépare depuis...18 ans!
Talent précoce, détection rapide et appui d'un gros sponsor (Crédit Mutuel): le parcours de Corentin Horeau rappelle celui d'un certain François Gabart, dernier vainqueur du Vendée Globe."Je sais qu'à 23 ans je suis privilégié: première transat avec un sponsor fidèle. Je m'entraine à Port la Foret et j'ai un préparateur à l'année. "
Souriant, volontiers blagueur, détendu malgré l'enjeu, Corentin Horeau affirme dans un sourire qu'il se prépare à cette première transatlantique depuis l'age de ...5 ans!
"Je suis né à la Trinité -sur-mer. Mes parents faisaient de la voile, j'ai baigné dans le milieu. Et en grandissant je me voyais mal faire du foot ou de l'athlétisme!"
Objectif: prendre du plaisir
A quelques heures du départ, Corentin Horeau affirme ne pas ressentir d'appréhension: " je suis content d'etre là et de faire la traversée. Je ne veux pas me prendre la tête. Je me suis entraîné avec des gars qui ont des dizaines de transat à leur actif et ne sont pas avares de bons conseils. Je pars dans l'inconnu mais avec des éléments de réponse à mes questions. Si je pouvais avoir un petit résultat à l'arrivée, ce serait la cerise sur le gâteau."
Points communs et grosses différences
Le parcours d'Eric Baray a quelques similitudes avec celui de son jeune concurrent. Comme lui, l'eau de mer a commencé très tôt à couler dans ses veines. Eric Baray a débuté la voile lorsqu'il avait 7 ans, mais il est plus compliqué d'en faire un métier en Martinique: " En Europe, c'est plus facile de faire de la voile. Maintenant j'ai enclenché une bagarre pour que la voile démarre en Martinique dés l'age de l'école. La voile, c'est aussi le respect, la solidarité, c'est une belle école de vie qui donne des valeurs saines.Mon objectif c'est aussi que des jeunes martiniquais soient au départ de la prochaine transat Bretagne-Martinique dans deux ans. "
Sponsor de dernière minute
En attendant, Eric Baray doit se contenter d'un statut de compétiteur éclairé, mais amateur. Il lui est difficile de trouver des sponsors. Son budget pour cette transat Bretagne-Martinique, le Martiniquais l'a décroché quelques semaines seulement avant le départ, et il n'a pris en main son bateau (de location) que cette semaine à Brest. Une préparation de dernière minute qui complique la tache mais ne diminue pas, bien au contraire, l'envie de bien figurer du marin.
La "guerre" sur l'eau!
Sur les pontons brestois, qu'ils soient amateurs ou professionnels, les quinze skippers se croisent souvent, discutent, s'apprécient. Tous se connaissent de longue date et se donnent régulièrement conseils et coups de mains. Mais dimanche, à 13H, l'heure du départ, "ça va changer, confie Corentin Horeau dans un sourire, avec les autres marins, on s'entend super bien à terre, mais sur l'eau, c'est la guerre. Pas de quartiers! Même si en cas de coups durs, la solidarité des marins n'est pas un vain mot. "Cette "guerre" sans pitié, Eric Baray la confirme et y adhère pleinement. Malgré ses 49 ans et son statut -non revendiqué- de doyen de l'épreuve, le Martiniquais espère bien en faire baver les jeunes loups de mer aux safrans affûtés: "Je ne me sens pas le doyen de cette course! j'ai l'impression d'avoir l'age de Corentin. Je n'ai qu'une envie, c'est d'etre sur l'eau face aux jeunes pour leur mettre la pilée "(rires).