Les élèves du lycée parisien Henri IV ont rédigé liste de noms de femmes qu'ils souhaitent voir entrer au Panthéon. Parmi elles, Paulette Nardal et Gerty Archimède. Une cérémonie de présentation était organisée jeudi au Panthéon, avant un vote et envoi de la proposition finale à François Hollande.
Des femmes antillaises feront-elles un jour partie des "grands hommes" du Panthéon? En attendant ce jour historique, si tant est qu'il devait arriver- une cérémonie était organisée ce jeudi dans le cadre d'une journée de présentation sur le thème "les femmes au Panthéon, ça commence aujourd'hui". Les élèves ont retenu 21 noms de femmes remarquables, d'Olympe de Gouges à Simone Weil, en passant par Simone de Beauvoir. D'autres noms sont beaucoup moins connus, et parmi eux deux antillaises: Paulette Nardal et Gerty Archimède. Retour sur leurs parcours.
La première, est née en 1896 en Martinique. Issue de la petite bourgeoisie noire locale, noire, lettrée, féministe et politisée Paulette Nardal avait de quoi détonner dans le Paris des années 30.
Fille d'un ingénieur elle débute une carrière d'institutrice en Martinique avant d'opter pour des études à la Sorbonne. Elle quitte alors son île natale pour découvrir la capitale française qui se remet tout juste de la première guerre mondiale. La découverte l'enchante. Assoiffée de culture, elle apprécie les expositions, les concerts, le théâtre mais aussi les soirées dansantes au fameux bal nègre de Montparnasse. N'ayant pas parcouru tous ces kilomètres uniquement pour passer du bon temps, elle obtient un diplôme d'anglais et s'oriente vers une carrière de journaliste. Avant même que Senghor et Césaire ne se rencontrent et ne mettent au point le concept de négritude, elle s'intéresse au mouvement "Harlem renaissance", né Outre-atlantique, qui défend la culture et la littérature noire.
Faute de financement, l'opération tourne court. Césaire et Senghor reprennent les idées dans un nouveau journal "L'Etudiant noir" et, du propre aveu de Paulette Nardal, "les ont exprimées avec beaucoup plus d'étincelles".
Avant de s'éteindre à l'âge de 89 ans, célibataire et sans enfants, Paulette Nardal s'est occupée à revaloriser les musiques traditionnelles antillaises, telles que le Bélé et le Ladja. Son nom restera comme un des tous premiers à avoir fédéré les revendications des Noirs du monde entier.
Le sort de la dépouille de Paulette Nardal, ni de Gerty Archimède (voir encadré) ne sera pas fixé lors de cette cérémonie. A l'issue de la présentation des panneaux présentant les différentes candidates, un vote devrait être organisé dans la salle afin de déterminer un ou plusieurs noms. Celui-ci, ou ceux-ci sera ensuite envoyé dans une proposition au président de la République François Hollande, seul à pouvoir décider d'une panthéonisation.
Elle impressionne Angela Davis
Parmi les nombreux hommages qui lui ont été consacré, citons un musée à Basse Terre, ville dont elle fut maire, une rue dans le 12e arrondissement de Paris , et une pièce de théâtre "Pas de prison pour le vent", inspirée de sa rencontre avec Angela Davis, la militante afro-américaine. Cette même Angela Davis qui dira d'elle dans son autobiographie a l'occasion d'un séjour en Guadeloupe où son passeport lui fut confisqué. " J’étais tellement impressionnée par sa personnalité, le respect qu’elle attirait que, pendant un certain temps, notre problème parut secondaire. Si je n’avais écouté que mes désirs, je serais restée sur l’île pour tout apprendre de cette femme".
La première, est née en 1896 en Martinique. Issue de la petite bourgeoisie noire locale, noire, lettrée, féministe et politisée Paulette Nardal avait de quoi détonner dans le Paris des années 30.
Fille d'un ingénieur elle débute une carrière d'institutrice en Martinique avant d'opter pour des études à la Sorbonne. Elle quitte alors son île natale pour découvrir la capitale française qui se remet tout juste de la première guerre mondiale. La découverte l'enchante. Assoiffée de culture, elle apprécie les expositions, les concerts, le théâtre mais aussi les soirées dansantes au fameux bal nègre de Montparnasse. N'ayant pas parcouru tous ces kilomètres uniquement pour passer du bon temps, elle obtient un diplôme d'anglais et s'oriente vers une carrière de journaliste. Avant même que Senghor et Césaire ne se rencontrent et ne mettent au point le concept de négritude, elle s'intéresse au mouvement "Harlem renaissance", né Outre-atlantique, qui défend la culture et la littérature noire.
"Internationalisme nègre"
Dans son appartement de Clamart, dans les Hauts-de-Seine, elle organise avec ses sœurs Andrée et Jeanne des après-midi littéraires et des rencontres bilingues avec des hôtes comme le Martiniquais René Maran ou l'écrivain haïtien Jean Price Mars. Et c'est de ces discussions sur l'image de l'homme noir en occident, le refus des complexes et de l'assimilation que les sœurs Nardal théorisent en premier un "internationalisme nègre". S'en suivra une "Revue du monde nègre", un journal bilingue français anglais, le premier à accorder une tribune aux Noirs de tous horizons. L'Américain Langhston Hughes ou encore Léopold Sédar Senghor y signèrent de leur plume.Faute de financement, l'opération tourne court. Césaire et Senghor reprennent les idées dans un nouveau journal "L'Etudiant noir" et, du propre aveu de Paulette Nardal, "les ont exprimées avec beaucoup plus d'étincelles".
Engagement féministe
De retour en Martinique en 1939, handicapée suite à une blessure, Paulette Nardal donne tout d'abord des cours d'anglais clandestins aux dissidents désireux de rejoindre le général De Gaulle. A la libération, elle crée le Rassemblement féminin, un parti politique qui appelle les femmes à se servir de leur toute nouvelle arme: le droit de vote. Actions pour aider les nombreuses filles mères, construction de crèches en Martinique… elle est sur tous les fronts.Avant de s'éteindre à l'âge de 89 ans, célibataire et sans enfants, Paulette Nardal s'est occupée à revaloriser les musiques traditionnelles antillaises, telles que le Bélé et le Ladja. Son nom restera comme un des tous premiers à avoir fédéré les revendications des Noirs du monde entier.
Le sort de la dépouille de Paulette Nardal, ni de Gerty Archimède (voir encadré) ne sera pas fixé lors de cette cérémonie. A l'issue de la présentation des panneaux présentant les différentes candidates, un vote devrait être organisé dans la salle afin de déterminer un ou plusieurs noms. Celui-ci, ou ceux-ci sera ensuite envoyé dans une proposition au président de la République François Hollande, seul à pouvoir décider d'une panthéonisation.
Gerty Archimède, communiste et anticolonialiste
L'engagement politique et féministe de paulette Nardal a sans doute inspiré celui de la Guadeloupéenne Gerty Archimède. Première femme inscrite au barreau de Guadeloupe (en 1939), elle s'engage pour le Parti communiste et devient conseillère générale, puis première femme députée de la Guadeloupe. Infatigable combattante anticolonialiste, pour plus de justice sociale et l'égalité des droits hommes femmes, elle décède en 1951.Elle impressionne Angela Davis
Parmi les nombreux hommages qui lui ont été consacré, citons un musée à Basse Terre, ville dont elle fut maire, une rue dans le 12e arrondissement de Paris , et une pièce de théâtre "Pas de prison pour le vent", inspirée de sa rencontre avec Angela Davis, la militante afro-américaine. Cette même Angela Davis qui dira d'elle dans son autobiographie a l'occasion d'un séjour en Guadeloupe où son passeport lui fut confisqué. " J’étais tellement impressionnée par sa personnalité, le respect qu’elle attirait que, pendant un certain temps, notre problème parut secondaire. Si je n’avais écouté que mes désirs, je serais restée sur l’île pour tout apprendre de cette femme".