Cérémonie du 23 mai: les noms d'esclaves gravés dans le marbre

La stèle réalisée par Jean-Claude Nassot inaugurée à Sarcelles
Deux stèles seront inaugurées à Sarcelles (95) et Saint-Denis (93) à l'occasion de la journée de commémoration des victimes de l'esclavage colonial. Sur chacune d'entre elles, 213 noms d'esclaves sont inscrits.
Jusqu'en 1848, ces hommes, ces femmes et ces enfants  n'avaient pas de noms. Une simple matricule leur servait d'identité.

A l'abolition de 1848 commença donc un long travail d'attribution de patronymes. Attribués par l'administration française, et selon son bon vouloir. Le système de nomination finalement retenu , rapporte le Comité de la marche du 23 mai (CM98) sur son site recensant les noms de familles guadeloupéennes et martiniquaises anchoukaj.org  est un "système de noms variés à l’infini, par interversion des lettres de mots pris au hasard ". Au total ce sont pas moins de 87 500 Guadeloupéens et 70 000 Martiniquais qui se verront ainsi décerner un patronyme.
Serge Romana est le président du Comité Marche du 23 mai 98. Il est interrogé par Toufaili Andjilani, Outre-mer 1ère radio.

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Des noms consignés dans des registres et méticuleusement recensés par le CM98. Le comité en a sélectionné 213 qui figurent sur les deux stèles inaugurées ce jeudi 23 mai à Sarcelles et Saint-Denis. Ces 213 noms symbolisent les 213 ans de l'esclavage, de 1635 à 1848.

Deux stèles inaugurées ce jeudi

Originaire d'Anse Bertrand en Guadeloupe, Jean-Claude Nasso est sculpteur. C'est vers lui que s'est tourné le CM98 pour concevoir la stèle de Sarcelles. Un monument à la sobritété assumée, représentant un globe terrestre surplombant la longue liste de noms, gravés sur du marbre. "Je ne souhaitais partir dans une démarche artistique autour d'un sujet aussi grave, exlique-t-il. J'ai choisi de faire quelque chose de simple et compréhensible pour tous, mais qui peut suciter des interrogations". La discussion, espère l'artiste, pourrait s'ouvrir autour du triangle doré inscrit dans l'Océan Atlantique, représentant le commerce triangulaire. "J'ai pensé aux enfants en réalisant la stèle", poursuit Jean-Claude Nasso. Ils ont des globes terrestres dans toutes leurs classes et les connaissent, mais ils devraient être interpellés par ce triangle et poser des questions."

Une seconde stèle, à Saint-Denis en Seine-Saint Denis sera inaugurée ce jeudi soir. Elle est l'oeuvre d'une second artiste, Nicolas Cesbron, sculpteur et ébeniste,  et sera inaugurée en présence des ministres des Outre-mer Victorin Lurel et de la réussite éducative George Pau-Langevin, du président de l'Assemblée nationale Jean-Paul Huchon et des amabassadeurs du Congo et du Bénin.