Proverbes créoles « an tan lontan »

Vue de la commune de Grand-Rivière en Martinique
Après un premier ouvrage sur les proverbes martiniquais, Martin Mauriol publie un petit livre qui fait le parallèle entre ces derniers et les proverbes guadeloupéens. 
Nou ni on ti pawol pou di ! « Nous avons quelque chose à dire ! »
Aux Antilles, les proverbes, aphorismes et dictons créoles d’autrefois, d’an tan lontan, s’effacent progressivement de la mémoire collective.
 
Dans un premier ouvrage, « Proverbes créoles an tan lontan » (éditions l’Harmattan, 2009), inspiré par sa grand-mère, le Martiniquais Martin Mauriol avait souhaité sauvegarder la richesse de la mémoire et de la culture populaire véhiculées par les proverbes.
 
Son deuxième livre « Pwovèb kréyol an tan lontan », a pour objectif de réaliser un parallèle entre proverbes créoles guadeloupéens et quelques proverbes martiniquais. Avec la même ambition de restituer la saveur et les messages implicites contenus dans la langue créole.

 

Sur le caractère éphémère des choses : « Tété doubout sé pou on tan » (Guadeloupe, « les seins fermes ne durent qu’un temps »)









L’auteur rappelle justement que le proverbe, dans toutes les cultures, possède de multiples fonctions. Il exprime des vérités « pas toujours bonnes à dire », de façon allusive ou métaphorique. Grâce à l’humour ou l’ironie, il est bien souvent le révélateur de phénomènes sociaux que l’on ne souhaite pas toujours aborder en face. Bref son utilité sociale est incontestable.
 
« Si Molière et La Fontaine avaient connu nos proverbes (créoles, ndlr), c’est sûr qu’ils les auraient appréciés, eux qui étaient, à leur façon, des éducateurs des peuples et des rois », souligne Martin Mauriol.
 
Dans son livre, l’auteur a regroupé les proverbes par thème, en présentant d’abord le proverbe guadeloupéen, comparé ensuite à son équivalent en créole martiniquais. On trouve ainsi quelques petites perles :
 
Sur le caractère éphémère des choses : « Tété doubout sé pou on tan » (Guadeloupe, « les seins fermes ne durent qu’un temps »).
La générosité mal récompensée : « Sé bon tchiè krab ki fè si krab pa ni tèt » (Martinique, « c’est le bon cœur du crabe qui fait qu’il n’a pas de tête »).
L’hôpital qui se moque de la charité : « Kannari ka di chodyè bonda a-y nouè » (Guadeloupe, « le canari (en terre cuite) dit au chaudron que son cul est noir »).
Rapports de force : « Ravèt pa janmen ni rézon donvan poul » (Martinique, « les cafards n’ont jamais raison devant la poule »).
 
Et bien d’autres proverbes encore, à découvrir dans le livre.
 
Martin Mauriol – « Pwovèb kréyol an tan lontan : parallèle entre proverbes créoles guadeloupéens et quelques proverbes martiniquais » - éditions Orphie – mai 2013 – 96 pages, 13 euros.