Le Bèlè, danses, musique et chants traditionnels de Martinique, bénéficie d’un nouvel engouement dans l’hexagone et son île natale. Rencontre avec Mamou Orsinet-Florimond, l’une des principales animatrices du mouvement Bèlè en région parisienne.
Le coup de foudre. Mamou Orsinet-Florimond, d’origine martiniquaise ayant grandi en métropole, a découvert le Bèlè en 2005 et ne l’a plus quitté. Cette professeur des écoles anime dorénavant sur la radio Tropiques FM une chronique intitulée An Paj Bèlè, le dernier dimanche du mois, dans l’émission Bouillon Kiltirel.
Elle a également créé un site Internet éponyme, qui détaille les origines et l’historique du Bèlè et fédère les actions des associations autour de « lafanmi Bèlè » (la famille Bèlè).
Selon Mamou Orsinet-Florimond, l’origine africaine du Bèlè, issu des affres de l’esclavage, se trouverait au Bénin (ex-Dahomey) en Afrique de l’Ouest. Son appellation initiale serait « Djouba », une dénomination que l’on retrouve d’ailleurs en Haïti. Le Bèlè tel qu’on le connaît aujourd’hui, intégrant d’autres apports culturels (le quadrille d’Europe par exemple), serait né en Martinique au cours du XVIIe siècle.
« Le Bèlè, c’est une musique, des danses et des chants, qui se déclinent en plusieurs répertoires correspondant à toutes sortes d’activités : travail, divertissement, et lutte », précise Mamou Mamou Orsinet-Florimond.
Parmi les Bèlè de travail, on compte ainsi « fouyé tè, rédi bwa, teraj kay, coupé kan-n, mazon-n et gran son » qui correspondent à autant de pratiques et de techniques diverses. De même, pour les Bèlè de divertissements et de lutte on trouve « gran bèlè, bélia, kalennda, bénézuel, karésé yo, danmyé, ladja »… et ceux des danses « lalin klè, mabèlo, woulé mango, etc ».
Les principaux foyers du Bèlè en Martinique sont Bèlè Baspwent (Basse-Pointe), Bèlè Linò (Sainte-Marie), et Bèlè Lisid (Anses d’Arlet), avec leurs figures emblématiques comme Ti Emile (Emile Casérus), Ti Raoul (Raoul Grivalliers), les familles Marolany et Cébarec, Sully Villageois, Sully Cally, Siméline Rangon et Espélisane Sainte-Rose (deux femmes), etc.
« Le Bèlè était une manière de rythmer la vie rurale, et c’est pour cela que c’était considéré comme une musique "vié nèg" », souligne Mamou Orsinet-Florimond. « Cependant chaque danse avait sa signification : rapport à la terre Afrique pour le gran Bèlè, danse de fertilité pour la kalennda, danses de marronnage, de résistance, ou de divertissement. Il y avait aussi des Bèlè dans un créole codifié que les maîtres esclavagistes ne comprenaient pas du tout ».
Au fondement de la culture et de la manière d’être martiniquaises, le Bèlè a pourtant été complètement occulté et marginalisé, même par les grandes figures littéraires et musicales de ce pays. Ce n’est que dans les années quatre-vingt que la culture Bèlè refait son apparition, avec la constitution de nombreuses associations, en Martinique mais aussi dans l’hexagone.
« Le Bèlè s’est démocratisé, et il est beaucoup plus facile d’y avoir accès. De nombreuses associations se sont organisées en Île de France. Les Martiniquais souhaitent se réapproprier leur savoir-être, leur savoir-vivre et leur savoir-faire. Dans l’hexagone, nous avons besoin de cette identité-là, et beaucoup puisent de cette énergie dans le Bèlè » explique Mamou Orsinet-Florimond.
« Le Bèlè est une revendication. Et beaucoup de jeunes rejoignent cette démarche. A juste titre. Car le Bèlè est beau, le Bèlè est sain. Dans le Bèlè il y a un esprit de partage, d’échange et de solidarité. On essaie de reproduire cela à l’extérieur. C’est aussi une manière de vivre, une démarche spirituelle » conclut-elle.
En savoir plus sur le Web
An Paj Bèlè
La Maison du Bèlè
Kannigwé
Assossiation AM4 (Mi Mès Manmay Matinik)
Elle a également créé un site Internet éponyme, qui détaille les origines et l’historique du Bèlè et fédère les actions des associations autour de « lafanmi Bèlè » (la famille Bèlè).
Selon Mamou Orsinet-Florimond, l’origine africaine du Bèlè, issu des affres de l’esclavage, se trouverait au Bénin (ex-Dahomey) en Afrique de l’Ouest. Son appellation initiale serait « Djouba », une dénomination que l’on retrouve d’ailleurs en Haïti. Le Bèlè tel qu’on le connaît aujourd’hui, intégrant d’autres apports culturels (le quadrille d’Europe par exemple), serait né en Martinique au cours du XVIIe siècle.
« Le Bèlè, c’est une musique, des danses et des chants, qui se déclinent en plusieurs répertoires correspondant à toutes sortes d’activités : travail, divertissement, et lutte », précise Mamou Mamou Orsinet-Florimond.
Parmi les Bèlè de travail, on compte ainsi « fouyé tè, rédi bwa, teraj kay, coupé kan-n, mazon-n et gran son » qui correspondent à autant de pratiques et de techniques diverses. De même, pour les Bèlè de divertissements et de lutte on trouve « gran bèlè, bélia, kalennda, bénézuel, karésé yo, danmyé, ladja »… et ceux des danses « lalin klè, mabèlo, woulé mango, etc ».
Les principaux foyers du Bèlè en Martinique sont Bèlè Baspwent (Basse-Pointe), Bèlè Linò (Sainte-Marie), et Bèlè Lisid (Anses d’Arlet), avec leurs figures emblématiques comme Ti Emile (Emile Casérus), Ti Raoul (Raoul Grivalliers), les familles Marolany et Cébarec, Sully Villageois, Sully Cally, Siméline Rangon et Espélisane Sainte-Rose (deux femmes), etc.
« Le Bèlè était une manière de rythmer la vie rurale, et c’est pour cela que c’était considéré comme une musique "vié nèg" », souligne Mamou Orsinet-Florimond. « Cependant chaque danse avait sa signification : rapport à la terre Afrique pour le gran Bèlè, danse de fertilité pour la kalennda, danses de marronnage, de résistance, ou de divertissement. Il y avait aussi des Bèlè dans un créole codifié que les maîtres esclavagistes ne comprenaient pas du tout ».
Au fondement de la culture et de la manière d’être martiniquaises, le Bèlè a pourtant été complètement occulté et marginalisé, même par les grandes figures littéraires et musicales de ce pays. Ce n’est que dans les années quatre-vingt que la culture Bèlè refait son apparition, avec la constitution de nombreuses associations, en Martinique mais aussi dans l’hexagone.
Soirée des Amis du Bèlè (avril 2012) : un bèlè dous, un gran bèlè, un bélya suivi d'un bèlè pitjé
« Le Bèlè s’est démocratisé, et il est beaucoup plus facile d’y avoir accès. De nombreuses associations se sont organisées en Île de France. Les Martiniquais souhaitent se réapproprier leur savoir-être, leur savoir-vivre et leur savoir-faire. Dans l’hexagone, nous avons besoin de cette identité-là, et beaucoup puisent de cette énergie dans le Bèlè » explique Mamou Orsinet-Florimond.
« Le Bèlè est une revendication. Et beaucoup de jeunes rejoignent cette démarche. A juste titre. Car le Bèlè est beau, le Bèlè est sain. Dans le Bèlè il y a un esprit de partage, d’échange et de solidarité. On essaie de reproduire cela à l’extérieur. C’est aussi une manière de vivre, une démarche spirituelle » conclut-elle.
En savoir plus sur le Web
An Paj Bèlè
La Maison du Bèlè
Kannigwé
Assossiation AM4 (Mi Mès Manmay Matinik)