L'Assemblée nationale rend un hommage appuyé à Aimé Césaire

Qui siégera demain pour représenter l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon ?
Les députés ont adopté lundi soir une proposition de résolution en hommage à Aimé Césaire, à la fois "homme de lettres" et "homme d'action", à l'occasion de la célébration de son centenaire. 
Deux ans après son entrée symbolique au Panthéon, l'Assemblée nationale a adopté à la quasi-unanimité une résolution présentée par le Groupe socialiste, républicain, citoyen et apparentés en hommage à Aimé Césaire qui fut député de la Martinique de 1945 à 1993.

Ce texte demande "que dans le prolongement de la pensée d'Aimé Césaire, le pluralisme culturel, condition universelle de l'émancipation de l'homme, soit valorisé de toutes les manières possibles afin que les responsabilités individuelles et collectives soient bien mieux assurés". Mais aussi que la capacité pour les départements et régions d'Outre mer d'exercer notamment des responsabilités soit renforcée.

"Ce père visionnaire"

Victorin Lurel, ministre des Outre-mer, a célébré le "penseur multidimensionnel", dispensant des idées qui "s'adressaient à tous". Le député de la Martinique, Serge Letchimy (apparenté PS), co-initiateur de cette résolution signée de son groupe, a entamé les discours à la tribune et rendu hommage à "ce père visionnaire".

"Comment ne pas aimer Césaire?", a lancé Jean-Christophe Lagarde (Union des démocrates et indépendants), "incarnation d'une sorte d'excellence qui allie le poétique au politique". Cet hommage prend une "dimension particulière au moment où nous apprenons que Nelson Mandela arrive au crépuscule de sa vie", a relevé l'écologiste Noël Mamère. "Cent ans après la naissance d'Aimé Césaire, nous devons tous nous considérer comme des nègres", a-t-il dit. "La gauche s'honorerait de décréter une fondation pour la mémoire du colonialisme et de l'esclavage", a-t-il ajouté.

Bémol

La députée radicale de gauche Jeanine Dubié a célébré "un message toujours d'actualité" délivré par Aimé Césaire. Fredéric Reiss (UMP) a relu des extraits du discours de 1959 "sur l'homme de culture et de responsabilité".

Seul bémol dans cette unanimité, Jean-Philippe Nilor, député de la Martinique (membre du groupe Front de gauche) a vu une "hypocrisie de la démarche" de cette résolution. "Ceux qui n'ont que le mot de Césaire à la bouche, piétinent par leur pratique sa pensée", a-t-il lancé. Il a voté contre, estimant que se cachait derrière ce texte une volonté de récupérer la pensée du poète.