A Paris, les familles des victimes de la Yemenia attendent la vérité

Dans l'attente d'indemnisations, les familles de victimes, avaient déjà manifesté à Paris en 2013.
Les familles de victimes ont manifesté dans le calme devant le ministère des transports à Paris. Alors que le rapport des Comores sur l'accident vient d'être rendu public quatre ans après le crash, elles recherchent encore la vérité et déplorent la lenteur de l'enquête. 
"Plus jamais ça".  Ils sont une centaine à s'être donnés rendez-vous dans la grisaille ce jeudi devant le ministère des Transports, à Paris. Tous ont perdu un frère, une mère, un neveu, parfois tout ça à la fois, dans l'accident  du 29 juin 2009. Ce jour là, un Airbus A 310 de la compagnie Yemenia Airlines  s'abîmait en mer faisant 152 victimes, et une rescapée.
 
Quatre ans après, les familles de victimes recherchent encore la vérité. Le rapport d'enquête final des Comores et du BEA (Bureau d'enquête et d'analyse) vient seulement d'être rendu public. Celui-ci dénonce des fautes de l'équipage, mettant en doute les qualifications des pilotes recrutés par la compagnie. Autres anomalie relevée par les avocats des familles: la piste empruntée par l'avion lorsqu'il a tenté d'atterrir était normalement impraticable étant donné les conditions de vol et de météo.
 

Suspendre les autorisations de vol de la Yemenia

Ce mardi, le ministre des Transport a apporté son soutien aux familles. Trois jours plus tard, ces dernières sont retournées voir une de ses collaboratrices, afin de s'assurer que le dossier serait effectivement étudié de près. "Il faut que ces promesses soient suivies d'actes, explique Me Gérard Montigny, avocat d'une partie des familles de victimes. Les actes, c'est qu'une compagnie aérienne, telle que la Yemenia Airways, dont ont sait aujourd'hui qu'elle a violé des règles de base de sécurité aérienne, ne dispose plus des autorisations de vol. Il faut que l'Etat français protège ses citoyens."
 
Le vol emprunté par les victimes a décollé de Marseille, direction Moroni. Entre temps, une escale à Sanaa, au Yémen avec un changement d'avion… et de compagnie. C'est là qu'ils se sont retrouvés à bord d'un vol de la Yemenia Airlines. "Ce que les familles ne veulent plus entendre c'est: Attention, tout ce qui concerne les vols à partir de Sanaa n'est plus du ressort de la France, ni de l'Europe. Cela veut dire qu'on peut tuer des passagers après Sanaa?", s'indigne Me Montigny.
 

Procédures judiciaires toujours en cours

Si les familles de victimes demandent à la France d'agir, elles reprochent également aux Comores leur attitude. "La Yemenia m'a tué, les Comores m'ont trahi, la France m'a sacrifié", est-il inscrit sur les T-shirts et banderoles. Saïd Assoumani, président de l'AFVCA (Association des familles de victimes de la catastrophe aérienne de la Yemenia Airways) ne décolère pas.  "C'est un Etat corrompu et incompétent! Nous avons attendu quatre ans pour avoir ce rapport, ce qui paralyse la procédure judiciaire en France", déplore-t-il, assurant que le pays a vendu les victimes pour l'argent du Yémen.
 
Le président François Hollande a rencontré son homologue comorien le 21 juin. Le président français a affirmé que les deux pays avaient signé une déclaration d'amitié. Une information suivie avec attention par les familles. Sur le plan judiciaire, une procédure civile doit être plaidée en janvier 2014 à Marseille. D'ici là, le procureur et le juge d'instruction de Bobigny doivent décider de mettre ou non la Yemenia en examen.