Trappes : la version des faits de la jeune femme d'origine martiniquaise contredit celle de la police

Des forces de police à Trappes le 20 juillet 2013.
Cassandra est martiniquaise. De confession musulmane, elle porte un voile intégral. Jeudi 18 juillet, son interpellation musclée déclenche plusieurs nuits d'émeutes à Trappes dans les Yvelines. Sa version de l'incident contredit celle de la police. 
Elle est au centre de l'événement qui a déclenché l'étincelle à Trappes jeudi 18 juillet. Alors qu'elle se promène avec sa mère, son mari et sa fille, Cassandra B., jeune femme d'origine martiniquaise qui porte le voile intégral, fait l'objet d'un contrôle de police vers 21 h 50. Vivianne, la mère de Cassandra,  est, selon les dires de la jeune fille, bousculée par un policier . En réponse, Mickaël, le mari de Cassandra s'adresse aux policiers. "Ne la touchez pas", aurait-il crié selon Marwan Muhammed, porte-parole du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), organisation à laquelle la jeune Martiniquaise a transmis sa version des faits sous le pseudonyme de Hajar. 

De là, tout dégénère, selon la famille de Cassandra. "Le policier a alors dit à son mari, de manière très agressive : "tu vas faire quoi?", explique Marwan Muhammed. "La jeune femme a tenté ensuite de s'interposer entre son mari et les policiers avant d'être plaquée contre le capot de la voiture des forces de l'ordre. Toute la famille a ensuite été conduite au poste de police", poursuit-il.  

La version de la police

La version policière est quelque peu différente. Le couple, accompagné de la mère de la fille et d'un bébé, aurait, selon cette version, commencé par ignorer les injonctions avant de percuter avec leur poussette le fonctionnaire qui s'interposait. Ils auraient catégoriquement refusé tout contrôle. "Allah est grand, il va te réduire en poussière, fils de pute. Touche pas à ma mère !", aurait dit la jeune femme au fonctionnaire qui s'occupait de sa mère venue s'interposer.

Puis son compagnon s'en serait mêlé lorsqu'un policier a saisi la jeune femme par le bras : "Toi, tu touches pas à ma femme, fils de pute." Selon le rapport de police, "l'individu saute au cou du fonctionnaire et lui porte un coup de poing à la pommette droite", avant de "l'étrangler par l'arrière". Une version reprise par le procureur de la République. "Plusieurs jeunes du quartier entourent les policiers sans leur être hostiles", stipule encore le télégramme signé du contrôleur général Jean-Marie Salanova, directeur départemental de la sécurité publique des Yvelines. Mickael assure quant à lui que sa femme "a toujours accepté les nombreux contrôles d'identité qu'elle a subi". 

La jeune femme est "marquée psychologiquement"

"Elle est très marquée. Elle ne pensait pas que le contrôle de police allait dégénérer comme cela", note Marwan Muhammed, le porte-parole du CCIF. "Voir son mari traité de la sorte l'a évidemment choquée."

La famille de Cassandra B. réfléchit aujourd'hui à mener une action en justice. "Pour le moment on recoupe les témoignages pour avoir l'idée la plus précise possible des évènements", ajoute Marwan Muhammed.


Un jeune homme condamné à 6 mois ferme mais libre, 2 autres relaxés à Trappes
Un jeune homme de 19 ans a été condamné lundi à une peine de six mois de prison ferme mais est ressorti libre du tribunal correctionnel de Versailles, où il était poursuivi pour rébellion et jets de projectiles sur des policiers vendredi soir à Trappes (Yvelines). Le tribunal avait requis à son encontre neuf mois de prison ferme avec mandat de dépôt.

Par ailleurs, deux hommes de 20 et 24 ans, contre lesquels le tribunal avait requis six mois de prison ferme avec mandat de dépôt dans le cadre de ces
violences à Trappes, ont été relaxés. Le jeune homme condamné devrait être convoqué devant un juge dans le cadre d'un aménagement de peine, a précisé la présidente à l'audience. Dans le passé, il avait fait l'objet d'un rappel à la loi pour escroquerie et été condamné à 400 euros d'amende pour une simple infraction routière. Les deux autres personnes, qui ont été relaxées, avaient un casier judiciaire vierge. 

Vendredi soir, des centaines de personnes avaient jeté des pierres, brûlé des poubelles et détruit des abribus aux alentours du commissariat de Trappes. La police avait répliqué avec des grenades de dispersion et des gaz lacrymogènes. 
(Source AFP)