"Mandela est une icône mondiale, comme Jean-Paul II et Gandhi", selon l'évêque de Guyane

Cape Town, lundi 9 décembre
Emmanuel Lafont, aujourd'hui évêque de Guyane, fut curé de Soweto de 1983 à 1994. Il fait partie de la délégation française qui assistera ce mardi à la cérémonie-hommage à Nelson Mandela, au stade soccer city de Johannesburg. Interview
La1ere.fr: Quelle est la signification de cette longue semaine de deuil en Afrique du sud, qui débute ce mardi avec la cérémnie au soccer city de Soweto et s'achèvera par les obsèques qui auront lieu dimanche prochain?
Emmanuel Lafont: En Afrique, quand quelqu'un meurt, tout le monde se rassemble. Ils font parfois des centaines de kilomètres pour aller à l'enterrement de quelqu'un qu'ils connaissent. ça fait partie de la tradition. On se rassemble pour les obsèques de telle sorte que cela guérisse la famille et ça permet que le deuil soit porté, et non subi.

Quel a été votre sentiment lorsque vous avez appris le décès de Nelson Mandela?
Je me suis mis en prière. J'ai rendu grâce au seigneur. On savait tous que Nelson Mandela devait partir. On demandait tous au seigneur de le reprendre car il a vécu bien longtemps et il n'avait plus de vie ici. Pour Mandela, c'est une libération et une paix. 

Qu'attendez vous de ce voyage en Afrique du sud avec la délégation française?
Un moment de communion avec ce peuple et avec le monde qui reconnaît le caractère exceptionnel de l'oeuvre de Mandela. ça ne peut que nous aider les uns, les autres à vivre mieux sur cette terre. Il nous a montré le chemin. 

Vous l'aviez rencontré plusieurs fois?
Oui, en 1990, la semaine où il a été libéré. La première fois, c'était au stade Soccer City de Soweto, où va se dérouler la cérémonie-hommage et où je serai. Puis la semaine qui a suivi, je lui ai rendu visite dans sa maison. Je ne compte plus les occasions où je l'ai rencontré. 

Vous connaissez bien l'Afrique du sud, quelle est l'atmosphère qui règne là bas, en ce moment?
Une atmosphère de reconnaissance, d'immense gratitude envers cet homme. Je crois que le peuple sud-africain a déjà fait son deuil de Mandela au mois de juin dernier. D'une certaine manière aujourd'hui c'est la gratitude et la fierté qui l'emportent. La fierté d'avoir été conduit par cet homme et le sentiment que c'est en suivant ses traces qu'ils parviendront à relever les défis qui sont énormes.

Quelle image gardez-vous de Nelson Mandela?
Un homme qui savait ce qu'il voulait mais qui avait un sens politique et stratégique énorme. Il gardait toujours le respect nécessaire à toute personne. Il a écrit quelque part que personne n'est si mauvais qu'il n'y ait pas quelque chose de bon en lui. Et c'est en retrouvant et en mettant en valeur ce qu'il y a de bon dans une personne, que l'on peut parvenir avec lui à trouver une solution à tous les problèmes.

C'est une icône mondiale?
C'est la plus grande depuis Jean-Paul II. Et avant lui, je remonterais au Mahatma Gandhi. Il y a des personnes qui ont eu des destins exceptionnels comme le général de Gaulle et d'autres. Mais des personnes qui ont su coller ainsi à leurs convictions, c'est rare. Je citerai ces trois là: Jean-Paul II, Mandela, Gandhi. 

Vous faites partie de la délégation officielle, avec François Hollande et également Nicolas Sarkozy, c'est la politique de réconciliation pronée par Mandela? 
(sourire) ou il y a quelque chose de cela. Et je trouve ça très beau. 

Ecoutez l'intégralité de l'interview d'Emmanuel Lafont

L'évêque de Guyane est interviewé par Sébastien Letard, de Radio Outre-mer 1ère

MGR Lafont / Obsèques Mandela

 

La cérémonie de Soweto en direct sur la1ere.fr
a partir de 9H30 ce mardi, la cérémonie-hommage du stade de Soweto sera retransmise en direct sur notre site.