Embargo indonésien sur le nickel : Philippins et canadiens prêts pour la curée ?

Comme les Chiliens en 1973 après la nationalisation du cuivre, les Indonésiens sont attaqués de toutes parts. On leur reproche un " patriotisme minier ".  Les cours mondiaux du nickel dépendent en partie de cette question : l'Indonésie va-t-elle tenir ou céder en 2014 ? 

Mauvais signe. Le producteur de minerai de nickel philippin Nickel Asia Corporation aurait décidé de répondre favorablement aux demandes chinoises et japonaises en minerais de nickel. Les Philippines annuleraient ainsi en partie les conséquences de l'embargo indonésien. L'Indonésie a décidé d'arrêter ses exportations massives de minerai de nickel, une interdiction en vigueur depuis le 12 janvier. 
Avant l'annonce des Philippines, les cours du nickel à la bourse des matières premières de Londres ( L.M.E) étaient remontés ainsi que ceux des principales entreprises minières et industrielles du secteur.

Chili 1973 - Venezuela 2007 - Indonésie 2014 ?


L'Indonésie souhaite toujours mettre en place une industrie métallurgique locale de transformation des minerais bien plus rentables que l'exportation de minerai brut. Elle souhaite en cela suivre d'autres producteurs mondiaux, calédoniens, russes, canadiens, cubains pour n'en citer que quelques-uns. Cette politique qui vise à préserver les intérêts nationaux indonésiens n'est pas sans rappeler celle mise en place par le Chili en 1973 pour le cuivre. Ou encore celle du gouvernement d'Hugo Chávez qui décréta en 2007 la requalification de toutes les concessions pétrolières du Venezuela en entreprise mixte, où l'État devenait l'actionnaire majoritaire. C'est cette politique que veut suivre le gouvernement indonésien avec le nickel. Elle relève du patriotisme économique et pas du nationalisme comme l'a écrit un grand journal du soir.

Cet arrêt des exportations de minerai de nickel indonésien est bien évidemment combattu par les multinationales minières et les spéculateurs internationaux mais mais aussi par les principaux pays transformateurs et producteurs de fonte de nickel ( pig iron nickel), la Chine et le Japon. Ils ont désormais le soutien des Philippines qui semble vouloir se substituer à l'Indonésie… Le producteur philippin Nickel Asia Corporation annonce qu'il va produire 15% de minerais supplémentaires cette année. Il s'agit bien de contourner l'embargo indonésien et de répondre aux inquiétudes de la Chine et du Japon qui veulent continuer à produire moins cher et avec moins de nickel une sorte d'ersatz, de substitut à l'acier inoxydable.


Nickel confidentiel… Après les Philippines, le Canada veut aussi profiter de l'embargo indonésien !

La compagnie minière canadienne Royal nickel annonce à son tour son intention de se substituer à l'Indonésie. Après les Philippines, les canadiens de Royal nickel annoncent qu'ils vont fournir la Chine en accélérant l'entrée en production du gisement de nickel de Dumont au Québec. Royal nickel estime que ce gisement, une fois en exploitation, occupera le cinquième rang parmi les plus grandes mines de nickel du monde.

Comme rien n'est simple et que tout relève d'hypothèses, autrement dit de "spéculations" les analystes londoniens de Goldman Sachs cités par Reuters sont-ils dans le vrai quand ils envisagent malgré tout un "effet indonésien" ?
Dans une note d'analyse récente, ces analystes envisagent une reprise des cours en 2014 avec des chiffres autour 18 000 $ - 20 000 $ la tonne de nickel en fin d'année contre 14 700 $ aujourd'hui ! Autre indicateur, l'excédent constitué par les stocks du LME pourrait descendre de façon spectaculaire malgré la montée en puissance de la grande usine de nickel du nord en Nouvelle-Calédonie. Cette semaine sur les marchés boursiers, les attaques contre les producteurs mondiaux de nickel se sont intensifiées. Les spéculateurs se sont vengés de l'Indonésie, le pays qui a su dire non à la spéculation…