"12 Years a Slave", une vision clinique de l’esclavage

Chiwetel Ejiofor (au centre) dans le rôle de l'esclave Solomon Northup
Le film très attendu du réalisateur Steve McQueen est sorti dans les salles hexagonales. Efficacité hollywoodienne au rendez-vous, mais le style et le message restent convenus. 
Déjà sacré meilleur film dramatique aux Golden Globes de Los Angeles, et en attente d’autres récompenses aux Oscars, "12 Years A Slave" fait figure d’événement cinématographique de l’année outre-Atlantique.
 
Il faut dire que la grosse machine hollywoodienne s’est mise en branle avec son efficacité coutumière, réunissant tous les ingrédients d’un plébiscite public. Une histoire inspirée de faits réels (biopic), une problématique consensuelle, de bons acteurs dont une apparition « bankable » (Brad Pitt, également coproducteur), et un timing bien orchestré. Résultats, professionnalisme et succès commercial au rendez-vous.
 

A la limite de l'insoutenable 

L’histoire de Solomon Northup, homme noir libre du Nord kidnappé et envoyé en esclavage en Louisiane, est particulièrement cruelle. Le réalisateur afro-britannique Steve McQeen opère une description clinique de l’esclavage, sans rien nous épargner de son caractère sordide, à la limite de l’insoutenable pour les âmes sensibles. L’un des intérêts du film est de montrer l’aspect psychopathologique du système, qui est présenté non seulement comme une organisation économique, mais relève aussi d’une perversion sadique dans sa volonté de déshumanisation permanente.
 
Portées par une musique oppressante ou au contraire figées dans le silence de longs plans fixes, les images sont précises et signifiantes, les acteurs Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, et la jeune Lupita Nyong'o sont excellents. Bref, le spectacle est garanti, la magie du grand écran opère incontestablement. La déconstruction, quasi chirurgicale, de l’enfer de la plantation, est impitoyable.
 
Seulement, de notre point de vue, le film reste convenu. On demeure malheureusement dans les cordes : les méchants sont les méchants, les bons font preuve de bonté, rien de vraiment inattendu dans tout cela… Certes, pas facile de réaliser un film sur un sujet aussi délicat que l’esclavage. Mais on aurait espéré de Steve McQueen plus de profondeur, de densité et de complexité, comme il l’avait montré dans ses précédents films, « Hunger » et « Shame ».
 

VIDEO : le réalisateur Steve McQueen parle de son film 

 

VIDEO : La bande annonce du film