L'accident chez Vale-Calédonie affole la spéculation sur le nickel

Dans une usine de nickel en Nouvelle-Calédonie
Le cours du nickel a atteint son plus haut niveau depuis plus de deux ans. Suite à une nouvelle pollution, l'activité de l'usine hydro-métallurgique de nickel du brésilien Vale en Nouvelle-Calédonie est paralysée. 
Vale International est une multinationale minière majoritairement brésilienne, installée dans le canton de Vaud en Suisse. Elle exploite des mines dans plus de trente pays, sur les cinq continents, et emploie plus de 195.000 personnes. Elle fait partie d'un cartel qui se partage la production de matières premières à l'échelle planétaire.
 

Pire entreprise de la planète selon Greenpeace

Vale a changé de nom. Appelée auparavant Companhia Vale do Rio Docen, elle est la deuxième compagnie minière en importance au monde pour la capitalisation boursière. Créée en 1942 comme entreprise publique au Brésil, elle a été privatisée en 1997. En 2012, des ONG, notamment Greenpeace, lui ont attribué en marge du sommet de Davos, le Public Eye Award qui « récompense » la pire entreprise de la planète.
 
Au Canada, Vale est confronté à des questions récurrentes de sécurité dans les mines de Sudbury avec le décès de plusieurs mineurs depuis 2012. En Afrique et en Amazonie, des écologistes et des paysans dénoncent les dégâts sociaux et environnementaux de son activité minière.
 

Le marché du nickel s'affole

Cynthya Ligeard, la présidente de la province Sud de Nouvelle-Calédonie, a annoncé mercredi qu'elle avait décidé « de suspendre immédiatement l'activité » de l'usine hydro-métallurgique de nickel du brésilien Vale, suite à une nouvelle fuite d'acide dans cette unité où les problèmes sont récurrents. La première conséquence de la réduction de 80 % de la production de l'usine Vale en Nouvelle-Calédonie ne s'est pas fait attendre.
 
Dans un contexte de demande spéculative, les Traders ont interprété la paralysie de la production comme un signe supplémentaire de tension sur les livraisons de nickel. La tonne de métal est montée cette semaine à 20.041 dollars US sur le London Metal Exchange, soit son niveau le plus élevé depuis le 2 mars 2012. En deux jours, le gain s'élève à 8 %. « Le nickel a bondi dans d'énormes volumes d'échanges », a signalé à l'AFP Vicky Sanders, analyste chez Marex Spectron : « Même si la production de Nouvelle-Calédonie est relativement petite, la fermeture de l'usine calédonienne de Vale semble avoir dopé le sentiment des opérateurs ». Stephen Briggs, le "grand gourou" du nickel chez BNP Paribas à Londres, précise à la 1ère.fr : « l'accident chez Vale intervient dans un contexte général de flambée brutale des cours du nickel. L'interruption des livraisons de nickel de Vale en Nouvelle-Calédonie a relancé la bulle spéculative sur le métal du diable. »
 

Spéculation sur Eramet

Le cours du métal est en très forte hausse depuis le début de l'année (plus de 40 %), à cause de la mise en place le 12 janvier d'un embargo sur les exportations de minerai brut de nickel en Indonésie (premier exportateur de minerai de nickel en 2013). Ces dernières semaines, le nickel a également été soutenu par la crainte de perturbations des approvisionnements du géant russe Norilsk (12 % de l'offre mondiale de nickel) en raison de la crise en Ukraine. Depuis mercredi et l'annonce par les agences Reuters et Boomberg de la pollution chez Vale-Calédonie, les investisseurs achètent massivement de l'acier inoxydable et du nickel, craignant des ruptures d'approvisionnement.
 
À son corps défendant, Vale contribue aussi à la progression d'Eramet. L'action du groupe métallurgique et minier français s'inscrit en vive hausse à la bourse de Paris. Le producteur historique de nickel en Nouvelle-Calédonie signait en fin de matinée la plus forte progression de la place parisienne, dans le sillage des cours du nickel et de l'arrêt de la production chez son partenaire Vale en Nouvelle-Calédonie. Le malheur des uns fait presque le bonheur des autres. It's a wild world.
 
alain.jeannin@francetv.fr