Commémoration de l'abolition de l'esclavage à Villers-Cotterêts, sans maire

Cérémonie en mémoire de l'abolition de l'esclavage à Villers-Cotterêts le 10 mai 2014
Près de trois cents personnes sont venus à Villers-Cotterêts participer à la commémoration de l'abolition de l'esclavage, devant une plaque en l'honneur du général Dumas, né esclave. Le maire Front national récemment élu avait fait savoir qu'il boycotterait cette cérémonie.
Claude Ribbe
Jamais l'abolition de l'esclavage n'avait autant été célébrée à Villers-Cotterêts. Près de trois-cents personnes dont beaucoup de jeunes se sont retrouvées sous une pluie diluvienne devant une plaque en l'honneur du général Dumas, pour écouter les nombreux discours de cette cérémonie. De là à croire que l'annonce du maire Front national de ne pas participer à cette commémoration a réveillé les consciences, il n'y a qu'un pas que beaucoup, dans cette petite commune de l'Aisne ont franchi. Claude Ribbe (en photo), le président de l'Association des amis du général Dumas se plaît à dire que "le maire Franck Briffaut se sent coupable, alors qu'ici personne ne se sent coupable. Dans cette affaire, le Front national a montré son vrai visage". Ecoutez ici son interview au micro d'Outremer 1ère

Claude Ribbe

"Il a libéré la parole raciste"

Dans la foule, on compte de nombreux Cotterésiens originaires des Antilles comme Christine, une Guadeloupéenne. "Nous n'avons que cette cérémonie, dit-elle peinée, et on veut nous l'enlever ici !". Pour Antony Christophe, également Guadeloupéen, installé récemment à Villers-Cotterêts, "l'abolition de l'esclavage, cette histoire est très importante pour tous les Antillais, mais pas seulement. En boycottant cette cérémonie, le maire a donné un mauvais signal, poursuit-il. Nous sommes très heureux ici à Villers-Cotterêts, mais depuis que Franck Briffaut a été élu, il a libéré la parole raciste. On le ressent dans le regard de certains. C'est pourquoi il faut mettre la pression sur ce maire". Ecoutez ici l'interview d'Antony Christophe (photo).

Antony Christophe

Numéro de matricule d'esclave

Patrick Karam
Devant la plaque posée en 2006 en l'honneur du général Dumas "mort de chagrin, dans le plus grand dénuement, humilié et victime du racisme", selon Claude Ribbe, élus et présidents d'association se sont succédés. Sur la toute petite tribune mise en place avec les moyens du bord, Serge Romana, président du Comité Marche 98, a rappelé que "l'esclavage est une histoire pas si ancienne que ça". Ce généticien d'origine antillaise a fait des recherches sur ses ancêtres, il connaît même leurs numéros de matricule d'esclave qu'il cite par cœur. Quant à Patrick Karam (en photo), le président du Conseil Représentatif des Français d'Outre-mer dénonce : "si le Front national ne désavoue pas son élu, il se met en marge de la République". Ecoutez ici l'interview de Patrick Karam sur l'attitude du maire de Villers-Cotterêts

Interview de Patrick Karam

Marche dans Villers-Cotterêts

Et toujours sous une pluie battante, trois-cents personnes environ ont défilé dans les rues de Villers-Cotterêts, jusqu'à la place de la mairie où trône la belle statue de l'écrivain des "Trois mousquetaires", fils d'un ancien esclave, le général Dumas.  La CGT a donné de la voix en scandant, "A bas le Front national ! " ou encore "nous sommes tous des enfants d'immigrés". Le cortège comptait plusieurs représentants de diverses associations, syndicats et partis politiques tels que la FSU, la Ligue des droits de l'homme, SOS Racisme et la CGT. Le député PRG de l'Aisne, Jacques Krabal ainsi que le député européen PS Gilles Pargneux avaient fait le déplacement. Enfin, une heure après cette marche, après que la foule se soit dispersée bien tranquillement, la ministre de l'Outre-mer, George-Pau Langevin est venue se recueillir devant la plaque du général Dumas.