Les proches de Claudy Elisor face aux accusés

Fabienne Elisor, la veuve de Claudy Elisor devant la Cour d'Assises de Bobigny
Le procès du meurtre de Claudy Elisor, tué le 1er janvier 2011 au Blanc-Mesnil s'est ouvert ce vendredi devant la cour d'Assises de Bobigny. Amadou Fall, principal accusé qui comparaissait libre s'est présenté au tribunal. Il nie toute implication dans le meurtre du DJ Guadeloupéen.
 
 
"J'écoute, j'observe, et je les regarde dans les yeux". Fabienne Elisor, la veuve de la victime fait part de sa frustration de ne voir que deux accusés dans le box, quand les témoignages parlent de 4 à 10 agresseurs. "Il y a beaucoup de divergences entre les faits et leurs propos. De toute façon,  ils nient en bloc", déplore-t-elle.
 
Les deux accusés, ce sont eux,  Amadou Fall, et Alassane Diop. Le premier, principal accusé, comparaissait libre, sa détention provisoire ayant pris fin à la faveur d'une erreur de fax en février 2010. Les parties civiles craignaient qu'ils ne prennent la fuite avant le procès, à tort. Dès le début de la matinée, accompagné de son avocat, le jeune homme de 24 ans est apparu dans l'enceinte de la cour d'Assises de Bobigny.
 
 

Fall nie avoir mené les opérations

Est-ce lui  l'homme éconduit par Claudy Elisor dans la nuit du 31 décembre 2010? Oui, Amadou Fall le confirme. Vers 4 heures du matin, il tente de rentrer dans une salle de fête de Blanc-Mesnil où se tient une soirée privée,  et se voit refuser l'accès. Après les versions divergent. L'enquête établit qu'il a ensuite ameuté ses amis par SMS.
Une fois ces derniers sur les lieux, il aurait mené une véritable opération commando, rouant de coups Claudy Elisor. Le DJ amateur, 33 ans et père de deux enfants décède quatre jours plus tard. Fall  maintient n'avoir tenu aucun rôle dans cette expédition punitive.
 
 

Des témoignages peu précis

Dans le box des accusés, il  est  accompagné d'Alassane Diop, 30 ans, suspecté dans un premier lieu d'être le jeune homme éconduit, désormais accusé d'avoir participé activement au passage à tabac.
Les témoins - près de 80 personnes, majoritairement d'origine antillaise, étaient présentes à la soirée -  assurent que le meneur était "d'origine africaine, beaucoup plus grand que les autres, longiligne". Une description à laquelle ils correspondent tous les deux : Alassane Diop mesure 1 m 94, contre 1 m 97 pour Amadou Fall.
 
 

Enquête de personnalité

Devant la cour, Alassane Diop, "un garçon qui aurait pu être bien, mais qui était mal entouré", selon son employeur, décrit un parcours relativement serein malgré un père autoritaire. Amadou Fall parle, lui,  avec détachement, de son enfance ballottée son Sénégal natal, et la France où ses parents émigrent.
 
Le président lit la déclaration de sa mère sénégalaise, venue étudier en France où elle décroche un emploi, puis forcée par son père à retourner au Sénégal pour épouser un homme dont elle ne veut pas. A l'âge de cinq ans, ses parents installés en région parisienne  renvoient l'enfant au Sénégal. "J'étais assez agité,  justifie Amadou Fall. Et puis une fois, je suis parti de la maison, et mes parents ne m'ont retrouvé que le lendemain. Ils ont eu peur."
 
Le manque d'affection, l'éloignement de ses parents, la grande pauvreté, le divorce, le ballotage incessant entre ses grands-parents paternels, maternels,  son père et  sa mère qui se le refilent à tour de bras: rien ne semble l'atteindre.
Seul regret affiché: sa carrière de footballeur avortée. Repéré par le centre de formation de Dijon, Fall passe les tests avec succès. Lors d'une visite au Blanc-Mesnil, il est agressé dans la rue, "gratuitement". Bilan: une mâchoire en miettes, 6 semaines d'hôpital et un rêve brisé.
Sa mère, toujours par écrit, reconnaît chez son fils un problème d'alcool.
 
 

Enquête "bâclée"

Les avocats de la défense comme de la partie civile se sont attachés à démontrer les manquements de l'enquête, principalement basée sur des témoignages et des échanges téléphoniques.  "Une enquête catastrophique et bâclée", selon Me Amèle Bentahar, avocate de d'Alassane Diop, qui assure que son client, parce qu'il a quitté le territoire français en se sachant recherché  est devenu le coupable idéal. "Il doit être acquitté" ajoute-t-elle.
Le procès se poursuit lundi, avec l'audition de nouveaux témoins. Verdict, le 23 mai.